La fédération des agropasteurs de la communauté rurale de Diender, une localité située à 50 kilomètres de Dakar, a mené à bien sa première tâche destinée à préserver et sauvegarder son patrimoine foncier, face aux agressions multiples de l'érosion hydrique et éolienne afin de promouvoir une agriculture biologique à coté de celle dite conventionnelle, plus saine et moins coûteuse.
Très tôt, joignant l'acte à la parole, ils ont initié, avec l'appui de Enda-Pronat un projet de reboisement précise Ibrahima Guèye, secrétaire général de la Fédération et coordonnateur local des agropasteurs. Cette stratégie a permis de stopper l'érosion et récupérer certaines terres abandonnées du fait de la salinisation. Certains producteurs arrivent même à penser à la mise en jachère de certaines terres, une autre technique encore susceptible de rendre les sols beaucoup plus fertiles.
L'implication des communautés et des partenaires au développement et la volonté manifeste des producteurs à se servir des techniques de compostage des fumées organiques mélangées avec des feuilles des nîmes afin de lutter contre l'utilisation abusive des pesticides et produits chimiques, combinées aux techniques de mise en jachère des sols permettent aujourd'hui d'avoir des produits biologiques dans le marché.
Face à l'instabilité' des politiques et programmes agricoles malgré la loi d'orientation agropastorale et pour contourner la rigidité des mécanismes de financement, la fédération des agropasteurs de la communauté rurale de Diender, forte de ses 3000 membres a initié une Mutuelle d'épargne et de crédit pour palier les problèmes d'accès au crédit.
Mais certains succès ne devraient occulter certains problèmes dont sont confrontés la plupart des producteurs, agriculteurs de cette localité, à savoir, le déficit de formation et communication, l'accès au crédit, la cherté des semences et la rareté de la ressource eau.
L'agriculture maraîchère peut contribuer à la réduction de la pauvreté et accroître l'autosuffisance alimentaire, assurer la sécurité alimentaire, nutritive et être sources de revenus des habitants des Niayes. Pour cela il faut une maîtrise des techniques agricoles et de la ressource l'eau, une bonne formation et encadrement des agropasteurs.
Avec l'absence de branchement de la SDE(société des eaux du Sénégal) et l'éloignement du fleuve du Sénégal, les agriculteurs de la localité ne comptent que sur les pluies et la générosité de leur puits pour arroser matin et soir leurs vergers . Cette rareté de la ressource eau peut être un frein au décollage de ce type d'agriculture et compromettre les rendements.
La plupart des femmes rencontrées au marché local «keur Abdou Ndoye» déplorent le manque de marché spécifique aux produits biologiques et des magasins de stockage. Elles rencontrent d'énormes problèmes d'écoulement des légumes. Certes la proximité des marchés de Dakar et Thiès 50 et 20 kilomètres sont susceptibles de faire leurs bonnes affaires. Mais là aussi «la vétusté des routes commerciales et des cars de transport reste un handicap sérieux à la commercialisation» ajoutent Khady Sow et Aminata Ba, deux commerçantes trouvées assises sous l'ombre des arbres au marché local, scrutant un éventuel client.
Laissés à eux même, les producteurs demandent une marge de 25 pour cent de plus sur les produits biologiques pour encourager cette type de culture. La défense de cette marge permettra de faire face à la cherté des semences mais aussi à l'agriculteur de pouvoir vivre du prix de son travail et de sa production.