Dakar — Pancartes, tee-shirts, musiciens, comédiens et lutteurs.....tous les moyens sont bons pour tenter de capter le regard et l'attention des parents, des enseignants, des décideurs sur les lacunes du système éducatif sénégalais.
Le lutteur, Zoss, les musiciens Xuman et Matador, le comédien Tony, ont redoublé d'imagination pour attirer l'attention des simples passants, interpeller les parents, pousser à une de prise de conscience citoyenne sur l'importance de la lecture dans le curriculum scolaire dans une campagne de communication dans les rues de Dakar.
Ces supports qui tapissent les rues de Dakar attire l'attention sur les lacunes du système éducatif national qui sont entre autres scolarisation galopante entraînant le double flux à la place de l'augmentation des capacités d'accueil, le niveau très bas et le manque criard d'enseignants, manque également de manuel scolaire et d'activités cognitives telles que l'encadrement après l'école.
Bref des lacunes, des problèmes majeurs occasionnant un niveau très bas en lecture. Le Cabinet de Conseil FocusAfrica a mené une évaluation des compétences en lecture. Les résultats de cette étude réalisée entre mai et juin 2009 dans cinquante (50) écoles réparties en onze (11) régions du Sénégal donnent «la moyenne du nombre de mot lus par minute par les élèves de niveau CE1 à 18 (mots), alors que le seuil minimum à partir duquel l'élève est capable de lire et comprendre ce qu'il lit se situe entre 45 et 60 mots lus par minutes».
«Des résultats choquants si l'on sait que l'accès à une éducation de qualité est un droit» a indiqué Mikael Maliman, le chargé des relations extérieures du mouvement Scouts et Guide, engagé dans cette vaste campagne de sensibilisation sur l'importance de la lecture à l'école primaire.
A qui la faute se demande t-on?
«S'assurer que les élèves apprennent à lire ne se situe pas uniquement au niveau de l'état. Les parents même analphabètes peuvent s'investir dans l'apprentissage de la lecture de leurs enfants», selon Madjiguène Sock, co-auteur de l'étude et directrice de FocusAfrica.
Certes, le service publique de l'enseignement revient à l'Etat mais la responsabilité reste partagée. Afin de remédier à cette situation alarmante il faut un «engagement accru des acteurs de l'éducation. Et cela passe nécessairement par une priorisation de la lecture en bas âge et de matière intense dès le CI» a t-elle ajouté.
Face à cette responsabilité collective, Valérie Traoré, directrice exécutive à Niyel, l'agence de communication responsable de la sensibilisation sur les résultats de cette étude espère que l'opinion publique, les décideurs politiques, les leaders d'opinion, tous les acteurs de l'éducation, enseignants comme parents œuvreront à redresser la situation par la primauté de la lecture d'autant plus que l'étude a révélé que «le simple fait de demander à un élève de lire pendant un quart d'heure par jour augmente considérablement son niveau de lecture».
Quant à sa structure elle compte poursuivre l'expérience au delà de Dakar et de cette campagne afin de renverser cette triste situation.