Dakar — La comparaison entre ces deux géants mouvements du monde, devenue une passe d'arme est inévitable même s'ils ont une seule et unique finalité à savoir «améliorer l'Etat du monde ». Après donc Nairobi et Bamako qui l'ont précédé, Dakar a abrité hier dimanche le coup d'envoi du Forum social mondial par une marche à laquelle des milliers d'altermondialistes ont pris part en présence du maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, et Alioune Diagne Mbor ''Ndey Ji rew'' (maire honoraire) de la collectivité lébou.
Selon M. Sall qui espère un nouveau point de départ pour le mouvement altermondialiste après Dakar pour un monde inclusif de justice et de transparence « le monde capitaliste a montré ses limites et sa gouvernance du monde a fait la preuve de ses insuffisances et de ses échecs ».
De la violence au terrorisme des groupes , l'absence de progrès tangible, d'accord sur les crises du monde, les problèmes de régulation des cours des matières premières, du système financier mondial ou de la dette qui mine les pays sous-développés, Haiti, Côte d'Ivoire, moyen Orient, le Maghreb, le néocolonialisme, l'impérialisme, les dicteurs, Françafrique, pauvreté, chômage, la condition de la femme etc ……les participants au forum mondial social ont profité de la marche d'ouverture pour véhiculer à travers des banderoles, pancartes, tee-shirt, des messages pour un monde meilleur.
A ce rendez-vous altermondialiste de Dakar, le président bolivien Evo Morales et des milliers de personnes d'Afrique d'Asie, Europe et d'Amérique Latine ont défilé dans la capitale sénégalaise avec un mot d'ordre, « un autre monde est possible ». Morales a surtout insisté sur les inégalités sociales et la nationalisation de certains secteurs tel que l'eau, l'éducation, le transport pour le bénéfice des plus démunis. Pour lui « un autre monde est toujours possible».
Cette année, aussi les marocains, les égyptiens, tunisiens ont dénoncé les manifestations de rue qui ont contraint le président Zine El Abidine Ben Ali et secoué les autres régimes tel que Mohamed Kabbas, ce marocain à la tête d'une forte délégation de l'Union générale des travailleurs marocains.
L'opposition sénégalaise n'a pas également raté le pouvoir libéral. A sa tête des ténors comme Moustapha Niasse, Amath Danskho. Elle a rappelé les difficultés sociales et économiques du pays. Partout des femmes, vieillards et jeunes sénégalais ont exprimé leur colère. Ils ont brandi des pancartes dénonçant les longues coupures et récurrentes d'électricité avec un humour typiquement local à l'image de cette dame qui se pose la question de savoir à "Jusqu'à quand dans les ténèbres?".
Désespérés, confrontés au chômage et sans avenir, les altermondialistes ont dénoncé à l'unanimité les dérives du système capitaliste pour «un monde meilleur» et ce monde est possible selon le président bolivien Morales qui faisait parti de la marche.
Le Forum social Mondial est une tribune internationale ayant pour but de faire se rencontrer des organisations citoyennes du monde entier sensibles à la cause altermondialiste (« Un autre monde est possible »). Traitant des principaux sujets de préoccupation de la société civile en rapport avec la mondialisation, cet événement se présente comme une alternative sociale au Forum économique mondial qui se déroule chaque année en janvier à Davos en Suisse.
La première édition du FSM s'est tenue en 2001 à Porto Alegre au Brésil. Depuis les réunions de 2002 et 2003, les forums sociaux à toutes les échelles sont régis par la Charte des principes du Forum social mondial, dont les principes les plus importants sont :
- l'opposition à l'ordre « néo-libéral » caractérisant la mondialisation actuelle,
- l'ouverture à tous les courants idéologiques pour les projets alernatifs,
- l'absence des partis politiques en tant que tels.
Les forums sociaux ne délivrent pas de déclaration finale, mais sont des espaces ouverts de débat d'idées et d'élaboration de projets. Un manifeste a été néanmoins élaboré en 2005, sans valeur officielle toutefois : le Manifeste de Porto Alegre, support de propositions à débattre. L'organisation du Forum se fait par le "Conseil international", qui réunissait en 2005 une quarantaine d'ONG et d'associations, et qui ne cesse de s'accroître.