Afrique: Croissance durable - Les mises en garde de l'Africa Progress Panel

(Photo archive) - Des villageois africains qui mènent des activités agricoles.
14 Mai 2012

Un meilleur taux de croissance en 2012 est certain pour l'Afrique. Les couleurs étaient déjà annoncées en 2011. L'Africa Progress Panel qui l'a réitéré dans son rapport 2012 sur « Les progrès de l'Afrique » qu'il vient de publier, met en garde contre les risques d'une croissance « au rabais ».

L'année 2012 va consacrer à l'Afrique la place de « meilleur élève » en terme économique avec un taux de croissance de 6 % attendu. Cette situation a été rendue évidente par l'Africa Progress Panel (App) qui, dans son rapport 2012, a retracé les progrès du continent. Ce groupe de dix personnalités éminentes issues du secteur privé et public, qui se mobilisent en faveur de problèmes importants pour l'Afrique et le monde appelle à intervenir sur des leviers essentiels pour espérer avoir une croissance durable qui profiterait aux couches les plus pauvres.

Dans son document publié au Cap à l'occasion du dernier Forum économique mondial sur l'Afrique, il souligne que la reprise économique en Afrique est forte, mais se caractérise par une croissance de « qualité médiocre ». Sous la présidence de Kofi Annan, ancien Secrétaire général des Nations unies et Prix Nobel de la paix, l'App relève que les économies africaines ont connu une reprise relativement rapide après la crise économique et financière mondiale. « On attend ainsi une croissance de 5,5% sur le continent en 2011 et 5,8% en 2012 ». Toutefois, prévient-il : « la qualité médiocre de cette croissance menace sa pérennité et retarde les perspectives de développement ».

Un état de fait que l'App impute à la croissance africaine qui dépend très largement de l'exportation de matières premières non transformées. Les secteurs non liés à l'extraction, comme les industries manufacturières, sont encore extrêmement sous-développés dans la majorité des pays d'Afrique. Sur cette même lancée, il relève que le commerce entre pays africains reste trop limité (10% du volume total des échanges) pour motiver suffisamment la diversification des économies du continent et que le type de croissance actuel n'a qu'un impact restreint sur l'emploi et les salaires, et ne participe que faiblement à la réduction de la pauvreté et à la mise en place de services publics essentiels.

La promotion des partenariats à renforcer

Malgré cette grisaille, l'Africa Progress Panel garde un bon espoir quant aux projections. Dans la section consacrée aux perspectives futures, il souligne que « les partenariats peuvent tirer le meilleur parti des différents acteurs économiques et sociaux, de leurs compétences, ressources et expertise, et renforcer ainsi le développement économique et social du continent ». Il rappelle le nombre croissant de partenariats exemplaires qui ont permis de mobiliser des ressources, de gagner en efficacité, et d'étendre l'accès des populations aux biens, services et opportunités à travers l'Afrique.

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Un sujet sur lequel le Président de l'App, Kofi Annan, déclarera : « Nous avons connaissance de nombreux partenariats en Afrique qui fonctionnent et qui changent la vie des populations, mais trop peu sont répliqués ou transposés à plus grande échelle. Ce nouveau rapport souligne l'impact déterminant des partenariats réussis et définit des mesures concrètes destinées à renforcer, reproduire et à élargir la portée de ces modèles. »

C'est ainsi que l'App appelle instamment les gouvernements africains, les bailleurs de fonds internationaux, les entreprises et les acteurs de la société civile à contribuer à élargir les modèles positifs de partenariat sur le continent. « Mettre pleinement à profit l'énergie, la créativité et les ressources des acteurs des secteurs public et privé et de la société civile, voilà qui est vital pour accélérer le développement en Afrique. »

C'est sur cette toile de fond que l'Africa Progress Panel, compte tenu du rapprochement de la date butoir pour les OMD (2015), exhorte tous les gouvernements d'Afrique à établir un plan d'action en vue d'un "coup de collier" en direction des objectifs. De l'avis de ces sommités africaines, ces plans d'action devraient inclure des dispositions visant à réduire les inégalités en matière de survie des enfants, de santé maternelle et d'éducation. « Étant donné le rôle essentiel de l'éducation dans la réduction de la pauvreté et la création d'emplois, nous exhortons les gouvernements à respecter leur promesse de garantir l'éducation pour tous d'ici 2015 – et à se recentrer sur la réussite scolaire. Nous prions aussi les gouvernements de s'efforcer d'inclure les femmes et les jeunes filles dans l'éducation, une mesure essentielle si l'on veut créer des sociétés plus justes, plus prospères et plus équitables ».

Les gouvernements renvoyés à leurs promesses sur la sécurité alimentaire, changement climatique, foncier…

Dans sa missive, l'App qui n'a pas passé sous silence la sécurité alimentaire et la nutrition estime que ces sujets constituent également des problèmes criants. « Il est capital d'augmenter la productivité des petits agriculteurs. C'est pourquoi nous appelons les gouvernements à ramener ces agriculteurs de la périphérie vers le centre des stratégies nationales en faveur de la croissance et de la réduction de la pauvreté ».

Entre autres requêtes, l'App considère que le changement climatique représente une grave menace pour l'agriculture africaine. « Pour faire front à cette menace, nous avons besoin de la coopération internationale », considère-il.

Mettant en exergue quelques-unes des tendances mondiales qui façonneront l'Afrique de demain, les rédacteurs de ce rapport sur les progrès du continent pensent qu'il est fort probable que le monde évolue en direction d'une augmentation du prix des denrées alimentaires. Ils considèrent que cette perspective a notamment entraîné un "accaparement des terres" en Afrique. « Les investissements étrangers dans l'agriculture productive peuvent s'avérer extrêmement bénéfiques, mais les gouvernements doivent rester vigilants et se prémunir contre toute activité spéculative et tout risque de déplacement des petits cultivateurs africains. Étant donné que le pôle de la croissance économique mondiale se déplace vers l'Est, l'Afrique a beaucoup à gagner du resserrement des liens commerciaux avec la Chine et d'autres marchés émergents ». Face à ce schéma, l'App pense que les gouvernements doivent absolument mettre en place des politiques commerciales et d'investissements qui servent d'incitations à participer à des domaines de production à plus haute valeur ajoutée.

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