Abuja - Nigeria — Les 11 et 12 juin 2012 se tiendra à Abuja, au Nigeria, un Forum régional sur la Politique de la responsabilité de protéger. La rencontre est conjointement organisée par la Commission de la CEDEAO et le Global Centre for the Responsibility to Protect. Il s'agira pour les participants à cette rencontre d'identifier et d'évaluer l'efficacité des cadres, institutions et pratiques en vigueur au sein de l'espace communautaire en matière de protection de la population contre les atrocités de masse en période de conflits.
Le Forum aura également pour mission de répertorier les lacunes ainsi que les meilleurs enseignements et pratiques en matière de prévention et de protection de la population contre ces atrocités. Les résultats de la rencontre constitueront une base de données précieuse pour la Commission et les Etats membres de la CEDEAO, les Nations unies et les autres organisations régionales et sous-régionales sur la mise en oeuvre efficace de la Responsabilité de protéger. La Responsabilité de protéger, en abrégé R2P, a été adoptée en 2005, lors du Sommet mondial des Nations unies, où les Etats s'étaient engagés à l'unanimité à protéger la population contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l'humanité. Le concept de la R2P est fondé sur trois piliers. Primo, chaque Etat a l'obligation de protéger sa population contre ces quatre crimes. Secondo, la communauté internationale a la responsabilité et le devoir d'aider les Etats à s'acquitter de cette obligation. Tertio, il incombe à la communauté internationale de mettre en oeuvre des moyens politiques, diplomatiques, juridiques, économiques ou humanitaires et autres moyens pacifiques appropriés pour protéger la population de ces crimes.
L'usage de la force armée reste l'option la moins souhaitable pour la R2P, et celle-ci ne doit être déployée en dernier recours que lorsqu'on est confronté aux situations les plus désespérées et les plus insolubles et surtout quand toutes les autres mesures ont échoué. En Afrique, la CEDEAO dispose d'un ensemble de mesures relatives à la prévention des conflits et à la protection de la population civile. Il s'agit de l'alerte précoce, du Conseil de médiation et de sécurité, du Bureau du Représentant spécial ainsi que du Conseil des sages et de médiateurs spéciaux. La CEDEAO était obligée, à des moments donnés, d'utiliser la force dans certains Etats membres, lorsque toutes les autres mesures s'étaient révélées inefficaces pour mettre fin à des atrocités de masse en période de conflits. C'était notamment le cas pour des opérations de protection de la population civile au Libéria, en Sierra Leone, en Guinée-Bissau et en Côte d'Ivoire.
La rencontre d'Abuja entend faire le point de toutes ces mesures et évaluer, de manière critique, les politiques, structures et activités existantes dans ce domaine afin d'identifier les lacunes éventuelles et les capacités pouvant ensuite être développées et renforcées pour mettre efficacement en oeuvre la R2P dans l'espace communautaire. Elle donnera l'occasion aux participants de mieux appréhender l'approche de la CEDEAO en matière de prévention des atrocités de masse et de capitaliser les meilleures pratiques et leçons tirées des efforts de l'organisation sur la prévention et la protection de la population. Elle leur permettra également d'identifier les voies et moyens susceptibles de favoriser les interconnexions entre les efforts nationaux, sous-régionaux et internationaux sur la protection et la prévention de la population contre les atrocités de masse en période de conflits.