Abuja-Nigeria — Le gouvernement nigérien a décidé de décerner des décorations aux membres de l'équipe de médiation dépêchée en 2009 au Niger par la CEDEAO afin de dénouer la grave crise politique survenue dans ce pays à la suite des tripatouillages effectués alors sur la Constitution. La décision sera concrétisée lors d'une cérémonie prévue le 3 août 2012 à Niamey et au cours de laquelle le président Mahamadou Issoufou remettra des distinctions honorifiques à l'ancien chef d'Etat nigérian, le général à la retraite Abdulsalami Abubakar, et aux neuf autres membres de son équipe de médiation.
Le général Abubakar recevra sa décoration en même temps que le sénateur Lawan Gana Guba, ancien ministre de la Coopération du Nigeria, ainsi que le général Seth Obeng, ancien chef d'état-major de l'armée ghanéenne et ex-commandant du contingent du Ghana au sein des forces de maintien de la paix des Nations unies au Liberia.
Seront également décorés l'ambassadeur Wisdom Baiye, diplomate nigérian ayant servi comme interprète auprès du président Olusegun Obasanjo ainsi que le général Ishola Williams du Nigeria, actuellement à la retraite, M. Babacar Guèye du Sénégal, professeur à l'université Cheikh-Anta-Diop à Dakar, le Dr Abdel-Fatau Musah du Ghana, directeur des Affaires politiques de la Commission de la CEDEAO, M. Mohamed Diagne du Sénégal, ancien chef de bureau de zone de la CEDEAO basé à Ouagadougou, Mme Pierrette Kpegba, du Togo, assistante du président de la Commission de la CEDEAO, et le Dr Kwaku Asante-Darko, ressortissant ghanéen travaillant à l'Union africaine.
La CEDEAO avait suspendu le Niger à la suite de l'adoption d'une nouvelle Constitution par une voie non consensuelle, lui reprochant d'avoir ainsi violé les textes communautaires sur la démocratie et la bonne gouvernance. Le président nigérien de l'époque, M. Mamadou Tandja, avait obtenu une rallonge de trois ans au pouvoir après dix années à la tête du pays, cela grâce à un référendum constitutionnel non consensuel et sur mesure organisé le 4 août 2009. Ce scrutin avait été boycotté par l'opposition nigérienne, qui dénonça un coup d'État.
Pour pouvoir organiser cette consultation populaire, M. Tandja avait dissous le Parlement et la Cour constitutionnelle. L'organisation régionale avait appelé au retour à l'ancienne Constitution. Le président Mamadou Tandja avait refusé et avait procédé à l'organisation d'un scrutin législatif basé sur la 'nouvelle' Constitution, scrutin également boycotté par l'opposition, ce qui avait plongé le pays dans une longue crise politique. Grâce notamment à l'équipe de médiation dépêchée alors par la CEDAO, la situation avait fini par se décanter, L'armée est intervenue pour faciliter le retour à l'ordre constitutionnel, amenant le Niger à renouer avec une vie politique normale.