Lome-Togo — Une trentaine de journalistes en provenance des 15 Etats membres de la CEDEAO ont réaffirmé leur volonté de s'impliquer davantage dans le traitement des questions liées à la drogue et au crime organisé en vue de mieux sensibiliser la population sur ces fléaux.
Ces experts de médias, réunis du 7 au 9 août 2012 à Lomé, au Togo, sous l'égide de l'Unité antidrogue de la Commission de la CEDEAO, ont unanimement reconnu, à la fin des travaux, avoir beaucoup appris à travers les communications présentées par d'éminents spécialistes de la question. Ils ont également apprécié les visites de terrain effectuées, notamment à l'Unité mixte pour le contrôle des conteneurs (UMCC) du port de Lomé, qui opère de fréquentes saisies de substances prohibées, ainsi qu'à l'hôpital psychiatrique de Zébé, à une cinquantaine de kilomètres de Lomé, où sont internés de nombreux malades mentaux.
La rencontre, qui s'inscrivait dans le cadre du Plan d'action régional et du Plan opérationnel de la Commission de la CEDEAO concernant la drogue, a permis d'attirer l'attention des participants sur la nécessité d'adopter une approche régionale intégrée pour la mise en oeuvre effective de mesures stratégiques. Ainsi, le principe a été retenu de créer des cadres de rencontres et d'échanges dans les différents pays, des sortes de réseaux qui seront élargis aux autres médias locaux et visant à nouer et/ou maintenir le contact avec les organismes impliqués dans ce combat, notamment l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Interpol et la CEDEAO.
Lors de la cérémonie d'ouverture de l'atelier, présidée par le ministre togolais de la Sécurité et de la Protection civile, la directrice en charge du genre, de la société civile, de la jeunesse, des sports et du contrôle des drogues à la Commission de la CEDEAO, Dr Sintiki Tarfa Ugbe, a fait l'historique de la rencontre, organisée en coopération avec le dynamique Comité national anti-drogue du Togo (CNAD).
Dr Ugbe, qui s'exprimait au nom de la commissaire du Développement humain et du Genre de la Commission de la CEDEAO, Dr Adrienne Diop, a rappelé que les chefs d'Etat et de gouvernement ont adopté, en 2008, une Déclaration politique et un Plan d'action régional pour réaffirmer leur engagement résolu à lutter contre le trafic de drogue, le crime organisé et l'usage de stupéfiants en Afrique de l'Ouest. « Je suis heureuse de vous informer que la CEDEAO a renouvelé son engagement politique dans la lutte contre le trafic de drogue et son Plan d'action régional lors du Sommet du 29 Juin 2012 », a-t-elle ajouté, soulignant la volonté de l'organisation de poursuivre le combat auprès de partenaires traditionnels comme l'ONUDC, Interpol et les comités nationaux des Etats membres.
Dans son allocution, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, M. Yark Damehane, s'est félicité que la CEDEAO ait choisi de sensibiliser à la problématique de la drogue des professionnels des médias, qui constituent à ses yeux « les principales sentinelles et (les meilleurs) éveilleurs de conscience dans nos sociétés contemporaines ». « Notre sous-région est malheureusement devenue une plaque tournante pour le trafic de drogue eu égard à sa position géographique et ses faiblesses structurelles faisant d'elle un terreau fertile pour le crime organisé », a dit M. Damehane, ajoutant que tout cela est de nature à fragiliser la paix et le stabilité politique des Etats, car les produits de l'activité criminelle financent le terrorisme qui lui-même se nourrit du trafic illicite des armes.
En effet depuis environ une décennie, l'intensification du trafic de drogues a enregistré une hausse préoccupante de la consommation de stupéfiants dont les conséquences représentent une menace pour la santé publique, la sécurité et le développement des Etats de la région, a souligné pour sa part le secrétaire permanent du CNAD. Pour le col. Badombena Wanta Ranougo, qui s'exprimait au cours de la cérémonie d'ouverture de l'atelier, cette situation déjà inquiétante est exacerbée par la pandémie du VIH/sida, les conflits armés et les actes terroristes, alors qu'aucun pays de la sous-région n'est à l'abri du fléau. Première réunion du genre consacrée à ce sujet, l'atelier de Lomé a surtout servi à renforcer les capacités des participants sur la mobilisation, la sensibilisation et le plaidoyer en vue de promouvoir de nouvelles stratégies et initiatives de prévention de la toxicomanie et de la criminalité.
L'ONUDC et Interpol, représentés par MM. David Izadifar et Amara Keita, deux fonctionnaires venus respectivement de Dakar et d'Abidjan, ont pris une part active à la rencontre, en même temps que le Pr Isidore S. Obot, directeur du Centre de recherche et d'information sur la toxicomanie (CRISA) de l'université de Jos, au Nigéria.