La Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Bceao) veut pleinement défricher le champ de l'industrie de la finance islamique. C'est dans ce cadre qu'elle a signé, le vendredi 7 septembre 2012, à son siège à Dakar, un protocole d'accord avec la Banque islamique de développement (Bid). Un compagnonnage qui est relatif à la coopération dans le domaine de la finance islamique dans les Etats membres de l'Union monétaire ouest africaine (Umoa).
Promouvoir la finance islamique au sein de la zone de l'Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). C'est l'ambition que s'est donnée la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Bceao). A cet effet, elle a loué l'expertise de la Banque islamique de développement (Bid). Un protocole d'accord a été signé dans ce sens, le vendredi 7 septembre 2012 à Dakar entre le gouverneur de la Bceao, M. Tiémoko Meyliet Koné et le Directeur général de la Bid, M. Ahmad Mohamed Saidi. Un acte qui traduit l'intérêt manifesté par la Banque Centrale pour la promotion de l'industrie de la finance islamique dans l'union par la mise en place des conditions requises pour la mobilisation d'une partie de ces flux de capitaux.
Le gouverneur de la Bceao, M. Tiémoko Meyliet Koné a expliqué que l'assistance technique de la Bid tourne autour de deux axes dont la facilitation par la banque islamique de la coopération et des échanges entre la banque centrale et les institutions chargées de développer les standards de l'industrie de la finance islamique. L'autre aspect consistera en l'appui de la Bid dans le cadre de la conduite des actions de la Bceao pour promouvoir et développer la finance islamique dans les États membres de l'Uemoa.
Une ambition de la Bceao motivée par le fait que depuis plusieurs années, les pays membres de l'Organisation de la conférence islamique (Oci) accordent une attention particulière aux thématiques relatives au développement économique, notamment celui d'un secteur financier performant, stable et sûr.
A cet égard, les gouverneurs ont insisté sur les rôles croissants que doivent jouer les banques centrales et le secteur financier dans l'intégration des marchés de capitaux des pays membres de l'Oci ainsi que dans le développement de l'industrie de la finance islamique.
La montée fulgurante de la finance Islamique
Basée sur les principes de Sharia qui imposent justice, équité et transparence, la finance islamique se distingue des pratiques financières conventionnelles par une conception différente de la valeur du capital et du travail. La finance islamique, en accord avec le droit musulman est basée sur deux principes dont l'interdiction de l'intérêt et la responsabilité sociale de l'investissement.
La finance islamique moderne a commencé à se développer au début des années 1970. Il est relevé qu'au cours des dernières années, l'industrie de la finance islamique s'est fortement développée dans le monde. Elle se chiffre à 700 milliards de dollars sur le marché mondial en 2008 et 1,100 milliards en 2011.
La dernière crise financière internationale a davantage remis en selle l'industrie de la finance islamique. Une situation qui avait permis à beaucoup de spécialistes africains de relever que le système financier classique a montré toutes ses limites. C'est ainsi qu'ils jugent que la finance islamique apparaît dès lors comme une solution alternative salutaire et durable vers laquelle se tournent les analystes et experts de l'industrie de la finance.
Un récent rapport de l'International Financial Services London sur la finance islamique estime que les actifs investis à la fin de 2008 ont totalisé 951 milliards de dollars, en hausse de 25 % par rapport aux 758 milliards de dollars enregistrés en 2007. D'après un autre rapport de 2012 de l'Islamic Finance Working Group (IFWG) de la Toronto Financial Services Alliance, les actifs des 500 plus grandes banques islamiques dépassent désormais le milliard de dollars.
Ce qui montre que sur la dernière décennie, la finance islamique connait régulièrement une croissance annuelle à deux chiffres. Cependant, le poids global de la finance islamique ne dépasse guère 1% de la finance mondiale. Un constat qui témoigne du champ marginal réservé à ce secteur mais avec une marge de progression énorme. Le principal centre de la finance islamique est la région du golfe Arabo-persique, mais la Malaisie semble devenir le parangon de la finance islamique.
L'activité n'est pas encore très connue en Afrique. Devant cet état de fait, une structure comme l'Institut Mozdahir International (IMI), établies dans des pays africains comme le Sénégal, a toujours rappelé que la finance islamique répond au besoin de diversification des sources de financement permettant de capter plus de capitaux. Pour la réussite de cette option, l'IMI appelle à fédérer les énergies consenties dans ce sens en vue de développer la finance islamique qui passe par un cadre réglementaire favorable. Ce qui, à leur avis, fera de l'Afrique de l'Ouest le hub de la finance islamique en Afrique.
La Banque Islamique de Développement, un expert en la matière
Banque supra-étatique de développement, la Banque Islamique de Développement (Bid) est créée pour favoriser le développement économique et le progrès social de ses 56 pays et appuyer les communautés musulmanes dans les pays non membres en conformité avec la Sharia.
Basée à Djeddah (Arabie Saoudite), la Bid a trois objectifs stratégiques majeurs pour diriger ses actions. Il s'agit de la promotion des institutions financières islamiques, la réduction de la pauvreté et la promotion de la coopération entre les pays membres.
Cette institution financière qui a une aura internationale certaine fait exclusivement dans l'économie islamique. D'où son expertise dans le domaine de la finance islamique. Charmée par cette capitale expérience, la Bceao veut s'appuyer sur l'expertise de la Bid en matière de finance islamique.
L'intérêt de la Bceao s'est traduit dans les années 80 par une adaptation de la réglementation bancaire en vigueur dans l'Umoa, en vue de permettre l'installation d'institutions de type islamique. Un engagement qui, d'après Tiémoko Meyliet Koné, demeure intact encore aujourd'hui, dans un contexte mondial marqué par une croissance accélérée de l'industrie de la finance islamique.
Tirant les leçons de l'expertise des banques islamiques installées dans l'union, certaines depuis plus d'une vingtaine d'année, la Bceao est résolue à impulser les réformes nécessaires en vue d'une meilleure prise en compte des spécificités de l'industrie financière islamique.