Seattle — La gestion des déchets est actuellement une question qui préoccupe tous les pays africains. Interpellé sur cette question, en marge de la foire, baptisée «Reinvent the toilet», une rencontre organisée à Seattle par la fondation Bill & Melinda Gates, le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique du Bénin, M. François Adebayor Abiola plaide pour une synergie des actions entre l’Etat, les chercheurs et les entreprises.
Est-ce que vous pouvez nous parler un peu des actions que vous allez mener au Bénin après votre séjour ici?
Après cette visite importante dans les domaines scientifique, commercial et industriel que nous venons d’avoir, je pense qu'une fois au Bénin il faudra intéresser les scientifiques et les universitaires sur la synergie qui peut exister entre les universitaires et les industries. Ça va permettre à un universitaire qui fait une découverte ou innovation de trouver directement des partenariats pour que le produit puisse être valorisé le plus rapidement possible.
Parlez-nous un peu des problèmes sanitaires au Bénin?
Les problèmes sanitaires ont pris de l'importance ces dernières années et nous avons fait un séminaire avec des représentants de la Fondation Bill & Melinda Gates en particulier M. Koné Abdoulaye, sur le sujet. Nous avons travaillé sur les boues de vidange et sensibilisé les populations sur l'importance qu'il faut accorder à ce genre de déchets. Nous allons établir des partenariats comme je l'ai dit tantôt avec les industriels, et d’autres acteurs dans ce domaine important, pour essayer de gérer ces aspects de l'environnement. Donc il s'agira de maîtriser les boues de vidange, valoriser les déchets, en faire des produits fertilisables et de l’utiliser comme source énergétique.
Parlez nous un peu de votre projet de privatiser le marché des déchets ?
Ce n'est pas tellement une démarche de privatiser le marché des déchets parce que c'est un domaine qui est en reconstruction. Il est clair que l'Etat, à lui seul, n'arrive pas à faire face correctement à la gestion des déchets. C'est pourquoi il y'a quelques entreprises privées qui se sont installées pour essayer d’intervenir dans ce domaine et nous devons les former. Nous devons les accompagner pour qu'elles ne causent pas de tort à l'environnement. C'est pourquoi M. Koné a initié un grand projet au Bénin dans ce domaine-là. Avec ce que j’ai vu ici à Seattle avec les universitaires et les scientifiques qui travaillent avec la Fondation Bill & Melinda Gates, nous allons susciter ce partenariat pour ne pas privatiser, mais que chacun, dans son domaine, puisse travailler correctement.
Et les entrepreneurs, est ce qu'ils ont un rôle à jouer?
Ils ont un grand rôle à jouer parce qu’ils s'en occupent de façon isolé et ils le font seuls. Je pense qu'il faut le faire ensemble. Il faut faire des partenariats pour pouvoir aller plus loin. Tous seuls, je ne vois pas où ils peuvent bien aller. Ce sera plus difficile et ça risque de causer plus de tort à l'environnement. Donc nous devons les mettre en rapport avec les scientifiques et l'État aussi qui ne doit pas démissionner.
Est ce qu’il y'a d’autre chose à dire dans le domaine de l'environnement au Bénin?
Oui. Nous avons un projet avec une société et une université au Bénin, mais aussi au Sénégal, avec la fondation et la BAD. Les négociations sont en cours pour que ces travaux puissent débuter. Cela concerne des travaux sur la gestion des boues de vidange, c’est-à-dire lorsque les déchets sont produits, comment les récupérer. Avant, les gens les jetaient à la mer mais maintenant il faut veiller à ce qu’on les récupère pour en faire des engrais ou pourquoi pas du biogaz. Je pense qu'il faut les valoriser avec ce que nous avons vu ici et ce que les universitaires nous proposent.
Pourquoi le reste du monde devrait se préoccuper des problèmes sanitaires du Bénin?
Le reste du monde doit s'en préoccuper parce que ça peut aider à diminuer la pauvreté et améliorer les conditions de vie de beaucoup de personnes. Je suis sûr que le reste du monde va pouvoir aider et montrer que ces produits que l'on cachait peuvent être des matières premières pour le développement.