Sénégal: Macky Sall plaide pour la dépénalisation des délits de presse

12 Novembre 2012

Le président du Sénégal a fait un plaidoyer pour la dépénalisation des délits de presse en Afrique. Il invite ses pairs du continent à le suivre dans cette démarche pour permettre aux médias de mieux jouer leur rôle de sentinelle et de participer à l'établissement d'une citoyenneté active socle d'un développement humain et de la transformation économique de l'Afrique.

Le 5ème Forum des leaders des médias d'Afrique (Amlf) a baissé les rideaux sur un air d'espoir et  d'engagement de la presse, des autorités publiques et de la société civile. Une nouvelle dynamique a été impulsée dans l'optique de donner à la presse le rôle qui lui est dévolu. L'appel pour plus de liberté pour les journalistes lancé par les 400 patrons de presse africains et leurs partenaires réunis les 8 et 9 novembre 2012 à Dakar dans le cadre du 5ème Amlf semble trouver une oreille attentive. Ce qui est illustré par l'engagement du président sénégalais, M. Macky Sall qui a enclenché un plaidoyer pour plus de liberté d'expression sur le continent africain.

Comme le dit cet adage : « Charité bien ordonnée commence par soi-même ». M. Sall compte donner l'exemple en encourageant la proposition qui lui a été faite de dépénaliser les délits de presse dans son pays. Un dossier qu'il assure appuyer pour sa promulgation par l'Assemblée nationale.

Le chef de l'Etat sénégalais invite ses pairs à aller dans le même sens en donnant plus de liberté à la presse afin de permettre aux professionnels des médias de mieux participer à l'instauration d'une démocratie constructive.  Arrivé il y a six mois à la tête de ce pays, M. Sall  assure qu'en dehors de ses fonctions de président, il partage fondamentalement son amour pour le continent et certainement la même vision pour ce que doivent être les médias d'Afrique en ce 3ème millénaire. « Je suis un africain optimiste, né après les indépendances, qui a cru aux valeurs intrinsèques de la démocratie ».

A son avis, la démocratie sénégalaise ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui sans l'apport décisif et caritatif des médias.  « La presse a apporté un bon qualitatif à la démocratie sénégalaise. Ce qui s'est confirmé lors des alternances démocratiques en 2000 et en 2012 pendant lesquelles l'action de la presse a contribué à asseoir définitivement la démocratie sénégalaise ». Pour cela, précise-t-il, « la presse doit mériter toute notre attention par rapport aux défis qui se posent à elle, notamment le financement de ses activités car elle est une entreprise qui a ses charges. Nous devons gérer la presse en tant que segment du peuple ». Avant de lancer : « je suis devenu aujourd'hui un adepte de la dépénalisation du délit de presse. Mais je veux aussi qu'on me dise quelles sont les contre-pouvoirs pour la presse parce qu'il faut des balises pour qu'il n'ait pas de débordements ».

Si le président Sall salut le rôle très positif de la presse, il juge de la nécessité d'opérer à des arrangements et des corrections. Il fait allusion au domaine de l'éthique où le journaliste est responsable de ses écrits. « Je suis pour la dépénalisation du délit de presse mais il faut qu'en face on voit quelle sera la contrepartie civile ou sur une forme pécuniaire. Si un journaliste commet des fautes il doit répondre de ses actes. S'il ne va pas en prison, parce que ce n'est pas la peine ou bien ce n'est pas la meilleure façon d'apporter une plus-value, il faudrait que l'on réfléchisse ensemble ».

Le chef de l'Etat du Sénégal relève que « le niveau de démocratie d'un pays peut permettre de dépénaliser les délits de presse et de permettre au journaliste de faire son investigation puisque c'est son rôle dans la société ». Mais, précise-t-il, « il ne faut pas que le journaliste se prenne pour un justicier parce qu'il n'est pas non plus celui qui doit dire le droit ».

Dr Mohamed Ibrahim, de son côté s'est dit offusqué de la mauvaise perception que la plupart des présidents africains ont de la presse du continent. Pour lui : « Les médias c'est un miroir. Si vous le regardez et que vous voyez quelque chose de moche c'est parce que vous êtes moches ». Une remarque que les 400 participants de l'édition 2012 de l'Amlf ont applaudie avec les deux mains. « On ne veut pas des médias qui parlent uniquement du président. Il faut de véritables partenaires qui vont dire exactement ce qui se passe. Ce qui va et ce qui ne va pas. C'est le rôle qui leur est dévolu», dixit le fondateur du Mo Ibrahim Foundation.

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