Yamoussoukro - Cote d'Ivoire — Les infrastructures jouent un rôle primordial dans le désenclavement, la libre circulation des biens et des personnes, la compétitivité des économies tout en favorisant l'intégration économique et sociale.
Cette conviction a été réaffirmée le vendredi 9 novembre 2012 à Yamoussoukro, en Côte d'Ivoire, par le ministre d'Etat, ministre de l'Industrie de ce pays, M. Moussa Dosso, à l'ouverture de la réunion régionale des ministres chargés des Infrastructures des Etats membres de la CEDEAO sur le Plan d'action prioritaire du Programme de développement des infrastructures en Afrique (Pida- pap). M. Dosso, qui s'exprimait au nom du Premier ministre ivoirien, a invité les participants à regarder avec bienveillance les propositions formulées par la réunion des experts tenue les 7 et 8 novembre 2012, toujours à Yamoussoukro.
«Nos chefs d'Etat et nos populations attendent avec beaucoup d'intérêt les conclusions de cette réunion des ministres, qui devraient nous permettre de régler des préoccupations majeures auxquelles nos Etats sont régulièrement confrontées», a déclaré M. Dosso. Cette rencontre ministérielle passera notamment en revue les programmes et projets du Pida dans son volet Plan d'action prioritaire (Pap). Elaboré par la Commission de l'Union africaine, la Banque africaine de développement, le Secrétariat du Nepad et les Communautés économiques régionales, le Pida a été adopté en 2012 par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine. Il se propose d'ici à 2040 de booster les infrastructures en Afrique en vue d'accroître la compétitivité et la croissance économiques. Au cours des travaux, les ministres examineront également le plan d'action à court terme de la CEDEAO pour le développement des infrastructures en Afrique de l'Ouest.
Dans son allocution, le vice-président de la Commission de la CEDEAO, Dr Toga Gayewea McIntosh, a déploré l'état peu reluisant des infrastructures en Afrique de l'Ouest. Selon lui, les services aériens de la sous-région sont inadéquats et coûteux, aussi bien pour le transport des passagers que pour celui des marchandises, et le taux d'accidents aériens enregistrés est trois fois supérieur à la moyenne mondiale. Concernant le réseau routier existant, Dr McIntosh a estimé qu'il est dans un état avancé de dégradation, causant d'énormes accidents et garni de postes de contrôles qui constituent un frein à l'intégration des marchés régionaux. S'agissant du réseau ferroviaire, le vice-président de la Commission de la CEDEAO a indiqué qu'il n'est pas interconnecté en raison de son état de délabrement.
Cette situation rend quasi inexistant le transport ferroviaire, pourtant destiné à soutenir le processus de développement régional, a martelé Dr McIntosh. Le transport maritime régional ainsi que les sociétés de transport maritime ont disparu, les délais de livraison des marchandises dans nos ports sont longs, et nombre de ces derniers ont besoin de réhabilitation et d'agrandissement. Quant à la télécommunication, elle est partagée entre la faible connectivité internationale et les coûts élevés facturés aux consommateurs, a-t-il conclu. Malgré ce sombre tableau, Dr McIntosh a assuré les participants de l'engagement de la nouvelle équipe dirigeante de la Commission de la CEDEAO en faveur du développement des infrastructures en Afrique de l'Ouest.
«Durant notre mandat, la Commission s'attellera à la réalisation de plusieurs projets prioritaires au nombre desquels figurent la réhabilitation de 3 000 km de voies ferroviaires et la construction de 3 000 autres ; la construction des liaisons manquantes sur le corridor côtier Dakar-Lagos ; la construction d'un pont entre la Gambie et le Sénégal ; la réalisation du projet de gazoduc ouest- africain reliant Lagos, Cotonou, Lomé, Accra, Takoradi et desservant toutes les capitales situées le long de la côte ainsi que la création d'un centre régional de maintenance et d'une compagnie régionale de location d'aéronefs», a affirmé Dr McIntosh. La commissaire chargée des Infrastructures et de l'Energie de la Commission de l'Union africaine, Dr Elham M. A. Ibrahim, a félicité la Commission de la CEDEAO pour ses efforts soutenus dans la formulation du plan régional de développement des infrastructures. Il est maintenant question, a-t-elle souligné, de concentrer davantage d'efforts sur la mise en œuvre de ce plan et du Pida.
«En Afrique, de façon générale, nous savons réussir à mettre en place des politiques de développement et des plans stratégiques. Cependant, il existe des déficits lorsqu'il s'agit de leur mise en œuvre. Il est à présent clair que le principal problème n'est pas tant le manque de ressources, mais plutôt un manque d'engagement vis-à-vis de nos propres initiatives», a indiqué Dr Ibrahim. Cette réunion régionale des ministres en charge des Infrastructures, du Transport, des Télécommunications/TIC, de l'Energie et des Ressources en eau sur le Plan d'action prioritaire du Programme de développement des infrastructures en Afrique (Pida-pap) est une recommandation de la 41ème session de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de la CEDEAO, tenue à Yamoussoukro les 28 et 29 Juin 2012. Elle avait mis l'accent sur l'importance des infrastructures dans la compétitivité de la sous-région et demandé à la Commission de la CEDEAO d'intensifier ses efforts dans le développement des infrastructures régionales et la mobilisation des ressources à cette fin.