Abidjan - Cote d'Ivoire — 1. Le Conseil des Ministres de la CEDEAO, réuni en sa 69e session ordinaire du 30 novembre au 2 décembre 2012 à Abidjan, a pris note du rapport du Secrétaire Général des Nations Unies sur la situation au Mali transmis au Conseil de Sécurité. Le Conseil des Ministres apprécie l'effort fourni pour une description détaillée du contexte et l'analyse des enjeux.
2. Toutefois, le Conseil déplore le déphasage entre les recommandations du rapport et l'urgence d'actions que nécessite la situation, notamment en ce qui concerne l'autorisation du déploiement d'une Mission Internationale de Soutien au Mali sous conduite Africaine (MISMA), conformément à la demande faite par le Sommet Extraordinaire des Chefs d'Etat et de Gouvernement tenu le 11 novembre 2012 à Abuja et par l'Union Africaine (UA) et ce, après une série de consultations avec tous les partenaires internationaux.
3. Le Conseil rappelle que, en conformité avec la Résolution 2071 du Conseil de Sécurité des Nations Unies (CSNU), le Concept stratégique et le Concept harmonisé des Opérations (CONOPS) transmis au Secrétaire Général par l'UA, ont été conçus et adoptés, avec la collaboration des autorités maliennes et en étroite concertation avec des experts dans les domaines militaires et sécuritaires du système des Nations Unies et d'autres partenaires de premier plan, notamment la France, les Etats Unis, le Canada, les pays voisins du Mali et l'Union Européenne (UE).
4. La CEDEAO considère que la situation dans le Nord Mali requiert une action urgente ainsi que la mise en place de mesures proactives afin de restaurer l'intégrité territoriale du pays et de démanteler les réseaux terroristes et criminels qui n'ont cessé de se livrer aux pires exactions et à toutes sortes de violations des droits humains au Mali et dans l'ensemble de la région ouest africaine, voire au-delà.
5. Le Conseil considère que l'affirmation selon laquelle les populations du Nord Mali et notamment les Touaregs seraient marginalisées ne reflète pas la réalité sur le terrain.
6. Le Conseil réaffirme la détermination de la CEDEAO à poursuivre ses efforts pour le dialogue politique entre le Gouvernement de transition du Mali et les groupes armés du Nord qui renoncent au terrorisme et à la violence.
7. Une non intervention au Nord Mali ou tout recul devant l'urgence d'envoyer une force pourrait entraîner une aggravation de la situation sécuritaire et humanitaire dans la région et en Afrique. Cela équivaudrait à une forme de non assistance au peuple malien et favoriserait ainsi l'enracinement des groupes terroristes et criminels avec des menaces lourdes de conséquences pour la sécurité régionale et internationale.
8. Le Conseil des Ministre invite l'Union Africaine à instruire le Groupe Africain de New York à entreprendre, sans délai, une démarche diplomatique auprès du Secrétaire Général des Nations Unies et des membres du Conseil de Sécurité sur cette question.
9. Le Conseil invite également l'Union Africaine et la CEDEAO à dépêcher en urgence une mission conjointe de haut niveau auprès du Secrétaire Général des Nations Unies et des membres du Conseil de Sécurité en vue de réitérer les positions du continent sur la situation au Mali.
10. Le Conseil des Ministres de la CEDEAO demande au CSNU de prendre en compte, lors de l'examen du rapport, le caractère urgent de l'adoption d'une Résolution autorisant l'usage de la force et donc le déploiement de la MISMA au Mali, sous le Chapitre 7 de la Charte des Nations Unies.