Addis-Abeba - Ethiopie — Une conférence des donateurs pour le Mali, organisée conjointement par l'Union africaine (UA) et la CEDEAO, le mardi 29 janvier 2013, à Addis-Abeba, en Ethiopie, a levé des fonds à hauteur de 455,53 millions de dollars américains, destinés à financer les opérations militaires contre les insurgés islamistes du nord du pays.
"Le montant global qui a été promis ici aujourd'hui atteint 455,53 millions de dollars", a déclaré à la presse le Commissaire de l'UA à la Paix et à la Sécurité, M. Ramtane Lamamra, précisant que s'ajouteraient à cette somme des contributions en nature, c'est-à-dire du matériel, des équipements, du carburant, etc.
Une partie de ces fonds servira à financer le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), tandis que l'autre sera consacrée à la restructuration des Forces de défense et de sécurité maliennes, a affirmé M. Lamamra. L'Union africaine, la CEDEAO, plusieurs pays africains, européens et asiatiques ainsi que l'Australie ont annoncé des contributions pour soutenir les opérations militaires au Mali.
La CEDEAO en tant qu'entité va débloquer 10 millions de dollars et certains de ses Etats membres ont individuellement fait des promesses. Le Nigéria s'est engagé pour 5 millions de dollars, le Ghana a promis 3 millions de dollars, le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Niger vont contribuer chacun pour 2 millions de dollars, et enfin, la Gambie, la Guinée (Conakry) et la Sierra Leone se proposent chacun de donner 1million de dollars.
D'autres pays africains non membres de la CEDEAO ont aussi annoncé leur contribution. C'est le cas de l'Afrique du Sud, qui va octroyer 10 millions de dollars, de l'Ethiopie, du Maroc et de l'Algérie, qui vont débloquer chacun 5 millions de dollars, puis du Tchad et du Gabon, qui ont promis d'allouer 1million de dollars chacun. Déjà à la veille de cette conférence, l'Union africaine avait annoncé une contribution de 50 millions de dollars, une première dans l'histoire de l'organisation panafricaine qui, jusqu'ici, n'avait jamais financé une opération de maintien de la paix.
Dans le reste du monde, l'Australie tout comme les pays ci-après : Bahreïn, Luxembourg, Canada, Etats-Unis, Chine, Royaume-Uni, Inde, France, Allemagne, Pays-Bas, Danemark, Suisse, Irlande et Japon ont aussi fait des promesses. Quant aux Nations unies (NU), elles ont mis en place deux fonds spéciaux (Trust Funds) pour recueillir les dons : l'un est destiné à la MISMA et l'autre aux Forces de défense et de sécurité maliennes, avec l'assurance que les procédures de décaissement de ces fonds seront très adaptées à la situation d'urgence que connaît actuellement le Mali.
A l'ouverture de cette conférence, le chef de l'Etat ivoirien, Alassane Ouattara, président en exercice de la CEDEAO, a indiqué que la guerre contre le terrorisme nécessite le déploiement de près de 8.000 soldats, bien plus que les 3.300 fixés par la résolution 2085 des NU. "Nous devons pour cela disposer de ressources estimées à environ 950 millions de dollars, c'est-à-dire largement supérieur au budget actuel de la MISMA, estimé à 460 millions de dollars. J'en appelle donc à la mobilisation bilatérale et multilatérale en signe de soutien au Mali et au Sahel et aussi par nécessité pour la lutte antiterroriste", a dit M. Ouattara.
Pour sa part, le chef de l'Etat malien, Dioncounda Traoré, a vivement remercié l'ensemble des donateurs qui ont promis de lever 455,53 millions de dollars en faveur de la MISMA et des Forces de défense et de sécurité maliennes. Outre les chefs d'Etat ivoirien et malien, la conférence des donateurs pour le Mali s'est déroulée en présence des présidents John Dramani Mahama du Ghana, Goodluck Ebele Jonathan du Nigéria et Yayi Boni du Bénin. Etaient aussi présents à la rencontre le Premier ministre éthiopien et nouveau président en exercice de l'UA, M. Hailemariam Desalegn, la présidente de la Commission de l'UA, Mme Nkosazana Dlamini Zuma, et son homologue de la CEDEAO, M. Kadré Désiré Ouédraogo. Ce dernier s'est dit très satisfait et encouragé, aussi bien par les résultats de cette conférence que par la forte mobilisation des pays africains.