L'impact de la crise au nord Mali s'est traduit par une baisse du Produit intérieur brut (Pib) de l'ordre de 1,2% en 2012. La révélation a été faite par le gouverneur de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (Bceao), Tiémoko Meyliet Koné, lors d'une conférence de presse, le lundi 8 février 2013 à Dakar, sur la situation de la zone franc.
Après les dégâts, le bilan ! Les conséquences de la guerre au nord-Mali ne sont pas qu'humanitaire ou sécuritaire mais également économique. Le gouverneur de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (Bceao) , M. Tiémoko Meyliet Koné a levé un coin du voile sur le manque à gagner engendré par le conflit au nord Mali.
Lors de la conférence de presse ayant clôturée la réunion des ministres des finances de la zone franc qui s'est tenue les 7 et 8 avril 2013 à Dakar, le gouverneur de la Bceao a affirmé que « la crise a donné un coup d'arrêt à la dynamique de croissance amorcée par le Mali depuis plusieurs années ». Avant d'aviser que le secondaire et le tertiaire sont les secteurs les plus touchés.
Dans le secteur secondaire, a-t-il précisé, « les entreprises ont été confrontées à des difficultés d'approvisionnement et d'écoulement de leur production sur les marchés à la fois intérieur et extérieur ».
Le secteur des Bâtiments et Travaux Publiques (Btp) a été présenté comme étant l'un des plus affecté par la crise en raison du gel quasi complet d'un grand nombre de projets d'investissement.
Au niveau des finances publiques, M. Koné a fait savoir que les dépenses ont été réajustées pour tenir compte des recettes encaissées et le déficit budgétaire s'en est ressenti.
Dans ce même sillage, le secteur bancaire n'a pas été épargné avec les cas de pillages et autres casses enregistrés. Les établissements financiers ont ainsi subi les affres de la baisse de l'activité économique qui a conduit au ralentissement des crédits.
Le Sénégal, premier pays touché
Compte tenu de la proximité et l'appartenance à une même zone économique et monétaire, les effets collatéraux de cette crise ont également été ressentis par les pays de la sous-région.
C'est à l'image du Sénégal qui, selon le gouverneur de la Bceao, a été le plus touché car ayant une forte liaison commerciale avec le Mali à qui il fournit traditionnellement des produits d'hydrocarbures, du ciment et un certain nombre de matériaux de construction. « Le Sénégal a enregistré une baisse dans son commerce avec le Mali ».
Pour les autres États, il a été noté quelques conséquences sur les finances publiques notamment pour les pays qui ont accueilli des réfugiés qu'il fallait prendre en charge et surtout au niveau des dépenses sécuritaires dans l'optique de se prémunir contre les effets collatéraux.
Une conférence à la mi-mai 2013 pour lever des fonds
Vu la dynamique de croissance de la zone UEMOA, l'option optimale ne serait surtout pas de s'attarder sur des discours alarmants. Les responsables de la zone franc ont exprimé le besoin d'aller très vite dans leur démarche de recherche de solutions afin de recoller les morceaux et résorber le manque à gagner.
Sur ce chapitre, le ministre de l'Économie et des Finances de la France, M. Pierre Moscovici a annoncé la tenue d'une conférence prévue à la mi-mai 2013 en Europe. Cette rencontre qui devrait être co-présidée par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso et le chef de l'Etat, François Hollande aura pour objectif de trouver les fonds devant permettre de relancer l'économie malienne.
Pierre Moscovici a profité de cette opportunité pour rappeler que la France est intervenue au Mali parce qu'elle croit à l'intégrité de ce pays et à ses valeurs. Avant de lancer : « il n'y a pas de développement sans sécurité et pas de sécurité sans développement. Et notre responsabilité comme ministres de la zone franc est de veiller au développement et à la stabilisation financière du pays et de la région ».
Une philosophie qui, à son avis, a déjà enregistré des succès avec la coopération de la zone franc ayant permis de faire en sorte qu'au fléau de la guerre, ne viennent pas s'ajouter ceux de l'inflation ou de la perte de valeur de la monnaie. A son avis, il urge d'atténuer les conséquences sociales de la crise pour que le rebond économique puisse rapidement intervenir.