Beaucoup d’applications développées dans le domaine de la santé et de l’éducation au Sénégal sont toujours à l’étape pilote. Ces secteurs attendent des projets d’envergures basés sur le développement technologiques pour mieux espérer bénéficier de l’impact d’internet à l’image du secteur agricole. Des pays comme le Kenya, le Ghana et le Nigeria seraient plus en avance dans ce domaine.
Les initiatives TIC développées dans le domaine de la santé et de l’éducation au Sénégal, sont toujours à l’étape pilote avec un impact limité. Le constat a été fait par une étude sur « L’impact de l’internet en Afrique : créer les conditions nécessaires au succès et catalyser une croissance inclusive au Ghana, au Kenya, au Sénégal et au Nigeria », conduite par le cabinet d’études stratégiques et de recherche, Dalberg Global Development Advisors, avec le soutien de Google Afrique. Une remarque qui a suscité la surprise aux yeux de nombreux acteurs du secteur vu l’importance des projets jusque-là énumérés dans ces domaines sus cités avec des outils e-santé offrant des possibilités d’intervention à distance, et e-learning dans de nombreuses écoles de Dakar...
Cet état de fait est d’autant plus amer si l’on sait que le Sénégal est connecté depuis 1992 à internet et que Dakar est réputée être un hub dans la formation professionnelle avec une floraison d’écoles.
Ce travail de Dalberg qui est, selon ses initiateurs, l'une des premières études sur l'impact et la contribution potentielle de l'Internet sur le développement économique et social de plusieurs pays d'Afrique sub-saharienne, a permis de faire une comparaison du niveau de pénétration de cet outil. Lors de la présentation de l’étude, le 18 avril 2013 à Dakar, des acteurs du secteur des TIC au Sénégal ont eu du mal à cacher leur étonnement.
L’étude a révélé qu’au Sénégal, l’utilisation de l’internet est en croissance et des secteurs, dont l’agriculture, en ont profité avec notamment des projets concrets ayant permis de mettre en ligne une information opérationnelle qui va de la météo aux prix pour le producteur et l’industrie agro-alimentaire. Ce qui n’a pas été le cas pour la santé et l’éducation. Dans ces secteurs, les gens n’ont pas réussi à aller au-delà des pilotes pour en faire des projets de grandes envergures.
Madjiguène Sock, Directrice du cabinet Dalberg à Dakar juge nécessaire de passer à l’échelle supérieure dans le secteur de l’éducation et de la santé du moment qu’il y a une forte demande. Sur la même dynamique, Tidiane Dème de Google Afrique francophone invite les acteurs du secteur à voir comment aller au-delà de ces pilotes en créant des normes et des standards à l’échelle nationale. Il invite aussi l’Etat à être plus ambitieux et aller vers la mise en place d’un système d’information nationale dans les domaines de la santé, de l’éducation. Pour lui, même si l’internet a changé la manière d’accéder à la connaissance, « on ne voit pas encore comment il permet de résoudre concrètement les problèmes de l’éducation de notre pays ». Un appel jugé pertinent vue la cherté de l’éducation. « Il faut voir comment fournir des services d’éducation à moindre coût grâce à internet ; comment toucher toute les populations et leur fournir l’enseignement dont elles ont besoin grâce à l’internet ».
Les Pme-Pmi intéressées mais déconnectées
L’étude a clairement confirmé l’impact positif d’internet sur les économies africaines. Il peut également être un outil de développement pour la plupart des pays africains et les secteurs prioritaires pour les populations.
80% des chefs d'entreprises sénégalaises consultés dans le cadre de cette étude disent être convaincus qu’internet peut leur permettre de développer leur business et créer plus d’emplois. Malgré cet intérêt, ce travail de recherche dévoile que « 70% de ces Pme n’utilisent pas internet ».
Une situation qui suscite quelques interrogations du moment que le Sénégal dispose des conditions qui pourraient lui permettre d’utiliser l’internet pour développer ses entreprises. Cet acte s’explique par l’existence de barrières à l’accès empêchant de réaliser ce potentiel. Pourtant, révèle l’étude, les Sénégalais utilisent beaucoup internet à travers les réseaux sociaux, le téléphone mobile… Ce qui, selon toujours le document, témoigne du niveau encore basic des circonstances d’utilisation d’internet dans le pays alors que la demande d’outils beaucoup plus complexes pour les affaires ne manque pas. Surtout que le Sénégal est très avancé en matière d’infrastructures physiques. Ainsi, se demande-t-on, l’effet de mode n’a-t-il pas pris le dessus sur l’utilisation d’internet comme outil pour faire des profits ? La question s’impose vu le niveau de pénétration et le dynamisme du secteur au Sénégal.
Un impact positif au niveau africain mais les mêmes blocages partout
Si le Sénégal est encore à l’étape d’essai sur l’utilisation d’internet dans certains secteurs, les autres pays visités dans le cadre de cette étude, même s’ils tirent, quelque part, les ficelles du jeu, sont pratiquement frappés par les mêmes blocages. L’étude a montré qu’au niveau africain, il y a des disparités entre les pays mais l’impact « très positif » sur les économies est confirmé. Le Ghana, le Kenya et le Nigeria sont en avance au niveau des conditions d’accès avec beaucoup d’applications utilisées dans différents secteurs notamment l’agriculture où l’utilisation d’internet à un impact très fort dans sa rentabilité et son développement.
Sur cette même lancée, ce travail de recherche de Dalberg souligne que « l’internet peut être un formidable moteur de croissance pour nos économies africaines ». Les petites entreprises africaines sont prêtes à l’utiliser pour améliorer leur business et créer des emplois, mais, elles n’ont pas encore les conditions qui leur permettent d’accéder à cet outil afin d’y parvenir. Devant cet état de fait, il est recommandé l’amélioration de l’environnement réglementaire pour faciliter l’accès de l’internet aux Pme. Un appel du pied qui fait allusion à l’accès à la bande passante, au coût d’accès à l’internet mais également à celui de l’électricité. Une situation qui interpelle les autorités politiques sur la nécessité de mettre en place un environnement des affaires favorable pour permettre aux Pme-Pmi non seulement de créer des applications, mais aussi à mettre en place un cadre qui soit beaucoup plus ouvert à l’utilisation de l’internet.
Plus de financement pour augmenter l’accès à internet
Entre autres goulots d’étranglement, les entreprises sont confrontées au difficile accès au financement avec la réticence des banques à accompagner des projets en Tic. Les acteurs invitent les politiques à aider à la résolution de ces problèmes du moment qu’internet peut servir à rendre plus performantes les administrations des pays africains. Il peut aider aussi à renforcer le contrôle citoyen pour plus de transparence dans la gestion des affaires publiques. Les Etats sont ainsi sollicités pour aider à la mobilisation de ressources permettant aux entreprises de tirer profit de l’internet et le mettre au service du développement. Des démarches qui, de l’avis des acteurs du secteur des Tic, auront pour finalité le renforcement de la bonne gouvernance et la transparence dans les affaires. Pour cela, il urge de bien sensibiliser les fonctionnaires en charge d’élaborer les politiques destinées à promouvoir les Tic et de renforcer la capacité des utilisateurs du public.