Derrière l'objectif - Rencontrez les vainqueurs du 4e concours photo eLearning Africa

22 Mai 2013
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eLearning Africa (Berlin)
communiqué de presse

Le concours photo 2013 de l'eLearning Africa a attiré un grand nombre de projets passionnants.

En lice pour les trois prix du jury composés d'une tablette, d'un appareil-photo numérique et d'un smartphone, les photographes de tout le continent ont envoyé leur reportage photo sur le thème « Tradition et innovation ». Cette année, nous avons même ajouté une petite innovation : la catégorie « vote du public », avec un appareil-photo numérique à gagner, où les visiteurs de notre site Internet votent pour leur photographe préféré. Après des milliers de votes et une longue délibération du jury, quatre photographes ont été finalement retenus : Jonathan Kalan, Vera Obiakor, Heike Winschiers-Theophilus et Uche Uwadinachi. L'eLearning Africa News Service les a invités afin d'en savoir plus sur eux, leurs photos et leur histoire.

Connecter Mogadiscio

Jonathan Kalan, de Nairobi au Kenya, a remporté le 1er prix en photographiant une jeune fille somalienne travaillant à l'Elman Peace and Human Rights Centre de Mogadiscio, un centre local qui aide les femmes vulnérables de tout le pays. Jonathan Kalan, 25 ans, originaire de Weston dans le Connecticut, a obtenu son diplôme d'études internationales et de management de la technologie à l'UC Santa Barbara. Passionné de photo depuis la fin du lycée, il n'entre dans la sphère professionnelle que l'année dernière en travaillant en tant que photojournaliste et en couvrant les thèmes de la technologie et de l'innovation en Afrique pour la colonne « A Matter of Life and Tech » de la BBC, entre autres. Une de ses photos, illustrant des faits au Kenya, a fait la couverture du New York Times, un événement qu'il décrit comme « un moment fort de ma vie ».

Lorsqu'il prend des photos, Jonathan Kalan s'applique à « capturer la spontanéité de la vie, en documentant la condition humaine, qu'elle soit positive, négative, magnifique ou tragique ». Son article primé Connecting Mogadishu montre les deux faces de la médaille. Il témoigne de la stabilité relative que la capitale somalienne a réussi à atteindre au bout de 22 années de guerre et de l'environnement plus paisible qui y règne où des cybercafés ouvrent leurs portes et où les jeunes peuvent se connecter. « Le pouvoir que tout cela aura... sera incroyable », déclare Jonathan Kalan qui suggère, par ailleurs, que les TIC pourraient être un moyen pour les Somaliens de s'engager dans les affaires internationales. « En Somalie, les récits et la communication sont profondément enracinés dans la culture. Les Somaliens ADORENT parler. Une infrastructure de TIC modernisée les aidera-t-ils à mettre leurs conversations sur une plateforme mondiale ? ».

Le chemin vers la reconstruction sera très long pour cet État de l'Afrique de l'Est et ses citoyens. Les femmes somaliennes, comme celle que Jonathan Kalan a filmée alors qu'elle participait au programme de dactylographie à l'Elman Centre, « sont confrontées à d'énormes difficultés... Si davantage de femmes ont accès aux TIC, elles auront certainement plus de chances d'être mieux instruites, autonomes et maîtresses de leur avenir ».

Étudier à l'abri d'un arbre

Vera Ada Obiakor, 42 ans, est une professeure de mathématiques avancées et la coordinatrice TIC au sein de son établissement secondaire public de Kubwa, une communauté semi-rurale d'Abuja, au Nigéria. Cette école subventionnée par l'État ne dispose que de 3 systèmes informatiques en état de marche pour plus de 2 000 élèves et connaît des pannes d'électricité quotidiennes. Vera Ada Obiakor a constaté « qu'un grand nombre d'élèves ne maîtrisaient pas l'outil informatique et que cela les affectait psychologiquement vis-à-vis de leurs autres camarades ». C'est ainsi qu'elle a décidé, malgré les obstacles, de créer un club TIC : « Je me suis dis que si j'apportais mon aide à quelques personnes, elles pourraient, à leur tour, changer le quotidien de bien d'autres encore ».

Les élèves de sa photo, qui a remporté le 2e prix du jury, ont suivi son exemple et se sont servis d'Internet pour réviser leur examen final qu'ils ont passé l'année dernière. Ils ont rassemblé assez d'argent pour pouvoir s'acheter un ordinateur portable ainsi qu'un groupe électrogène et ont emprunté le modem Internet de leur professeure. Tous les weekends, les élèves se retrouvaient pour étudier sous un arbre où le groupe électrogène pouvait être correctement ventilé, à l'abri du soleil. Ada Obiakor, amatrice passionnée de photographie depuis six ans, a toujours aimé immortaliser les efforts de ses élèves : « C'est l'enthousiasme qui se lit sur le visage de ces adolescents qui me pousse à les prendre en photo ».

Lorsqu'elle a présenté cette photo dans le cadre du concours de l'eLearning Africa, Vera Ada Obiakor a déclaré « j'avais davantage envie de raconter l'histoire de ces élèves issus d'écoles non-technologiques capables de rivaliser avec leurs camarades occidentaux ». Les élèves qu'elle a photographiés ici en sont la preuve : l'un d'entre eux poursuit des études en informatique à l'université, un autre a obtenu une bourse en Ukraine pour étudier les TIC et l'ingénierie informatique, un autre encore étudie la communication de masse et le dernier suit des études à temps partiel tout en donnant des cours d'informatique au club TIC de l'école. Vera Ada Obiakor enseigne également la photographie et la retouche photo au sein du club, bien que le manque de technologie constitue un réel défi. Ainsi, nous sommes fiers de pouvoir lui remettre ce prix particulier : un appareil-photo numérique !

Vous pouvez lire le récit complet de Vera Ada Obiakor ici.

Une belle fusion entre technologie et traditions Héréros

Le 3e prix du jury a été attribué à Heike Winschiers Theophilus, 45 ans, une professeure d'ingénierie logicielle à l'École polytechnique de Namibie, spécialisée dans l'interaction homme/ordinateur et la conception conjointe avec la communauté. C'est au cours de recherches et d'un projet de développement qu'elle a rencontré la femme Héréro photographiée ici portant le costume traditionnel encore très courant dans certaines parties de la Namibie.

Le projet consistait à concevoir une « application Android graphique 3D destinée aux détenteurs du savoir autochtone pour qu'ils reconstruisent numériquement leur cadre de vie et remettent les traces de leurs traditions dans leur contexte » mais aussi à tester sa transférabilité à d'autres communautés de Namibie, y compris la réinstallation d'agriculteurs à Witvlei, dans la région Omaheke, où cette photo a été prise.

Dans ce cadre agricole traditionnel, Heike Winschiers Theophilus a été « fascinée notamment par la rapidité avec laquelle les femmes ont appris à utiliser la tablette » et par la capacité qu'a cette application à contribuer à la prise de décisions en matière de gestion de l'élevage en fusionnant les « modèles écologiques internationaux et les pratiques traditionnelles », le tout présenté sous forme de simulation graphique en 3D ».

Heike Winschiers Theophilus affirme qu'elle prend des photos pour « capturer un moment esthétique » : son cliché, qui associe costume traditionnel et technologie moderne, peut être perçu comme un symbole de la fusion entre tradition et innovation que l'eLearning apporte dans les pratiques agricoles africaines. Elle espère que cette fusion engendrera des changements positifs : la tradition - ou connaissances locales - est en réalité le fondement de toute innovation. Si l'on observe les nombreuses pratiques actuelles dans les milieux ruraux, comme la conservation des aliments et la phytothérapie, bien d'autres innovations pourraient voir le jour si les traditions et les connaissances autochtones étaient mieux appréciées et reconnues comme étant un système de connaissances dynamiques reflétant les points de vue du monde local ».

Une jeune fille fait une enquête en ligne sur les produits dans une boutique de rue

Uche Uwadinachi a remporté le vote du public grâce à sa photo d'Omobolanle Anofi, une jeune étudiante en tutoriels d'Ajegunle, un bidonville de Lagos, au Nigéria. Uche Uwadinachi, photographe autodidacte mais aussi écrivain, script et poète sur scène reconnu dans le monde entier, s'est intéressé à l'utilisation des appareils photo de faible qualité afin d'explorer « la réalité qu'est d'animer la poésie dans ce qui reste des photos peu communes ». Incapable de se payer une formation ou un appareil onéreux, il déclare, « J'ai appris à utiliser mes yeux pour voir tout ce que je voulais voir, de la façon et à l'endroit où je voulais le voir ».

Omobolanle Anofi, le sujet de la photo, est une fille de 9 ans qui aide sa mère et ses sœurs à gérer un magasin de quartier. Uche Uwadinachi la décrit comme une « fille intelligente, déterminée à apprendre... [qui] adore ses cours d'informatique après l'école ». Depuis qu'elle a appris à utiliser un iPad, elle est plus à même d'aider sa mère : elle accède aux produits, aux prix ainsi qu'à toute autre information vitale en ligne et élimine certaines des « barrières courantes que sont le retard, la fatigue, la stagnation et les méthodes de commerce non lucratives et stressantes » et qui représentent souvent des obstacles pour toutes les petites entreprises du Nigéria.

Le quartier d'Ajegunle où Uche Uwadinachi et Omobolanle Anofi ont élu domicile se situe en plein cœur de Lagos. Ce quartier caractérisé selon Uche Uwadinachi par « une faible information et le manque de moyens économiques », a souvent été « perçu à tort comme une zone dévastée par la pauvreté, orientée vers les crimes et affaiblie par son retard économique ». Grâce à cette photo, Uche Uwadinachi espère montrer une autre facette de ce quartier : un lieu où « même si les écoles ne disposent pas de grandes subventions, il y vit des personnes qui ensemble peuvent avoir un effet positif sur leur communauté... C'est pourquoi il y a beaucoup plus de cybercafés et de centres d'affaires à Ajegunle que dans toute autre zone [plus] florissante. Les TIC ont aidé les jeunes enfants ainsi que leurs parents à développer leurs compétences Web et ont amélioré le niveau d'instruction et de connaissance des personnes de cette communauté ».

Nous espérons qu'Uche Uwadinachi, vainqueur d'un appareil-photo numérique, pourra réaliser « son rêve de marquer la photographie documentaire sociale et le journalisme photo de son empreinte », s'il ne l'a pas déjà fait !

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