Conakry - Guinea — La CEDEAO a invité la classe politique guinéenne à se retrouver d'urgence autour de la table de négociations, sans tabou ni préalable, afin de mettre fin au cycle de violence et à l'immobilisme qui caractérise le pays, l'assurant de sa disponibilité à accompagner ce processus.
L'appel a été lancé mardi 28 mai 2013 à Conakry par la représentante spéciale en Guinée du président de la Commission de la CEDEAO, Mme Jacqueline Zaba, au cours d'une soirée de gala tenue dans le cadre des journées «portes ouvertes» lancées le 27 mai pour marquer le 38ème anniversaire de l'organisation.
Après avoir rappelé les progrès accomplis par le pays depuis l'élection présidentielle historique de novembre 2010, Mme Zaba a relevé que tous ces efforts, toute cette énergie, risquent de rester vains si rien n'est fait pour «consolider la jeune démocratie guinéenne».
«Il n'y aura pas de réel développement du pays sans instauration d'un minimum de confiance et de respect entre la majorité et l'opposition, sans gestes forts d'apaisement, sans démarrage d'un dialogue de bonne foi entre les principales forces politiques», a-t-elle souligné avec force.
Après avoir invité «toute la classe politique guinéenne à revenir à la table de négociation sans préalables et sans sujets tabous», la représentante spéciale de la Commission de la CEDEAO a indiqué que l'organisation était «prête à appuyer toutes les initiatives visant à l'établissement d'un climat politique serein», préalable à la tenue d'élections législatives crédibles, transparentes, apaisées et constitutives d'une réelle avancée démocratique.
La CEDEAO contribue, par son expertise technique et un appui financier, à la préparation de ces joutes, a encore dit Mme Zaba, qui n'a pas manqué d'insister sur le fait que l'intégration africaine est et doit être avant tout celle des peuples.
A noter qu'entre le 22 et le 25 mai, une vague de violences a fait au total douze morts et une centaine de blessés à Conakry, la capitale guinéenne, à la suite de manifestations organisées par l'opposition, notamment pour contester la date du 30 juin 2013, unilatéralement fixée, selon elle, par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), pour la tenue des élections législatives.
Ce scrutin, initialement prévu en 2011 dans le sillage de la première élection présidentielle démocratique jamais organisée en Guinée (en novembre 2010), a été repoussé à plusieurs reprises faute d'une entente entre le pouvoir et l'opposition autour de l'organisation d'un scrutin libre et transparent.
La représentante de la CEDEAO, qui s'exprimait en présence de nombreux membres du corps diplomatique accrédité à Conakry, de l'ancien Premier ministre guinéen Jean-Marie Doré, de la ministre déléguée chargée des Guinéens de l'extérieur, Mme Rougui Barry Kaba, ainsi que de plusieurs membres de la classe politique locale, a tenu à transmettre le message de paix de la Commission de la CEDEAO et de son président, M. Kadré Désiré Ouédraogo.
Cette célébration de la Journée de la CEDEAO, qui se déroule autour du thème: «Vers une région paisible et prospère», est organisée par la représentation spéciale de la Commission, en collaboration avec les ambassadeurs des Etats membres de l'organisation accrédités en Guinée ainsi qu'avec le ministère guinéen des Affaires étrangères.