La baisse des taux directeurs de la Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (Bceao) commence à être répercutée par les banques. Le gouverneur de la Bceao l'a fait savoir au terme de la deuxième réunion ordinaire du Comité de politique monétaire dont il est le président.
« Les banques répercutent de plus en plus les mesures de politiques monétaires ». La révélation est du gouverneur de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest, le lundi 3 juin 2013 à Dakar, à la fin de la deuxième réunion ordinaire de l'année du Comité de politique monétaire. Tiémoko Meyliet Koné s'est ainsi félicité du comportement des banques commerciales qui commencent à répercuter les baisses des taux directeurs de la Banque centrale, enclenchée depuis 2009.
« Les taux ont une tendance à la baisse sur le marché interbancaire et sur le marché monétaire. Nous avons constaté, sur beaucoup de places, une tendance réelle à la baisse des taux débiteurs. Maintenant, dans quelle proportion ; c'est ce qui reste à approfondir », s'est réjoui M. Koné.
Ce qui, à son avis, « veut dire que le système bancaire applique ou répercute de plus en plus dans leurs opérations, les mesures de politiques monétaires » prise par le comité en charge de cette question. « Les banques que nous avons récemment interrogées sur cette question ont montré une tendance à la détente des taux débiteurs sur les crédits de la clientèle ». Avant de préciser qu'il faudra faire une plus grande appréciation et sur une période plus longue pour pouvoir mieux analyser la situation.
6,5% de croissance en 2013 dans l'Umoa
Analysant la conjoncture économique, le Comité de politique monétaire a noté que le rythme de progression de l'activité économique mondiale serait modéré en 2013 mais devrait se raffermir en 2014.
Auparavant, le Comité a relevé que les performances macroéconomiques de l'Union monétaire ouest africaine (Umoa) en 2012 ont été globalement plus favorables que prévu. « Le produit intérieur brut en volume a connu une croissance de 6,4% sous l'effet d'un accroissement des investissements publics, avec des effets d'entraînement sur les investissements privés et du dynamisme du sous-secteur des industries extractives dans certains États ».
Sur la même lancée, le Comité estime qu'en 2013, la croissance économique devrait poursuivre sa tendance haussière pour atteindre 6,5%, tirée par la demande intérieure.
Ainsi au titre de l'évolution des prix à la consommation, le Comité a noté la poursuite de la décélération de l'inflation dont le taux est passé, de 2,8% à fin décembre 2012 à 2,3% à fin avril 2013. Il relève que ce rythme modéré reflète une baisse significative des prix des produits alimentaires locaux et une faible progression de ceux des produits pétroliers. Il considère que les perspectives à moyen terme restent compatibles avec l'objectif de stabilité des prix dans l'Union.
Sur le plan des conditions monétaires, le Comité a noté la poursuite de la détente des taux d'intérêt sur le marché monétaire. Ainsi, ajoute-t-il, le taux moyen pondéré des appels d'offres d'injection de liquidités à une semaine est passé de 3,0% en décembre 2012 à 2,81% en avril 2013. Celui des transactions interbancaires à une semaine est ressorti en moyenne à 3,18% en avril 2013 contre 3,74% en décembre 2012.
Maintien des niveaux actuels des taux directeurs
Sur la base des analyses évoquées plus haut, le Comité de politique monétaire a décidé de maintenir inchangés les taux directeurs à leurs niveaux actuels. Selon cette instance de la Bceao, le taux d'intérêt minimum de soumission aux opérations d'appels d'offres d'injection de liquidités et le taux d'intérêt du guichet de prêt marginal restent respectivement fixés à 2,75% et 3,75%.
De ce fait, le comité qui a pour mission d'évaluer la conjoncture interne et internationale et de proposer aux États les décisions de politiques monétaires qui doivent les accompagner, a décidé de laisser à son niveau de 5%, le coefficient des réserves obligatoires applicables aux banques de l'Union.
Emprunt obligataire de 172 milliards de FCfa pour le Sénégal
De cette réunion du Comité de politique, le Sénégal est autorisé à émettre sur le marché financier régional des lignes d'emprunt obligataire pour un montant de 172 milliards de F Cfa. Une décision qui, selon M. Koné, « traduit la volonté du Comité de politique monétaire d'accompagner les États dans la réalisation de leurs objectifs en matière d'investissement dans les infrastructures socio-économiques ».
Suivant l'évolution globale du marché financier, le Comité a analysé un ensemble de structurations devant permettre de créer un marché secondaire avec les titres. « Il faut permettre à ces titres de circuler et d'être beaucoup plus liquides. Il faut donner la possibilité à ceux qui le souhaitent, dans un deuxième temps, d'acheter ces titres pour en faire des transactions ; qu'ils puissent le faire dans un marché organisé », souligne le président du comité.
Pour conforter les perspectives macroéconomiques attendues, le Comité exhorte les États membres de l'Union monétaire ouest africaine à poursuivre les efforts déployés en vue d'accroître les investissements dans les secteurs prioritaires, notamment l'agriculture et les infrastructures de base, et maintenir la stabilité du cadre macroéconomique.