Passer de l'étape d'aide au développement et au commerce aux partenariats. C'est la marque que le président américain, Barack Obama veut imprimer sur les relations entre l'Afrique et les Etats-Unis. Un changement de paradigme qui sera bénéfique aux deux parties.
« Nous avons apporté beaucoup d'aide au développement en Afrique. Maintenant, l'Afrique et les Etats-Unis doivent changer de paradigme ». Le souhait est émis par le président américain, Barack Obama, lors de la conférence de presse qu'il a co-animé avec son homologue sénégalais, Macky Sall sur l'esplanade du palais présidentiel, ce jeudi 27 juin à Dakar.
Le chef de l'Etat américain estime que les deux parties doivent se concentrer sur le commerce, le développement, les partenariats. Une nouvelle démarche qui, d'après lui, va permettre aux Etats-Unis non seulement d'être un donateur mais également de bénéficier de ces échanges avec l'Afrique.
D'après Barack Obama, le fait que « le continent monte, se développe et qu'il relève de l'intérêt des Etats-Unis de ne pas rater cette opportunité, de renforcer, d'approfondir ce partenariat potentiel qui existe ici (ndlr : Afrique), l'a poussé à effectuer ce périple qui, après Dakar, le mènera en Afrique du Sud et en Tanzanie. «Il s'agit d'un continent qui avance. Un continent jeune qui est en plein essor et pleine d'énergie ». Il estime que c'est la raison pour laquelle beaucoup de pays du monde dont le Brésil, la Chine, la Turquie, l'Inde y consacrent énormément de temps.
Par ailleurs, il s'est offusqué du fait que l'Afrique n'intéresse la presse américaine ou ses dirigeants qu'en cas de crise. « C'est la raison pour laquelle nous souhaitons nous concentrer sur le Sénégal et l'Afrique. Il faut faire de sorte que les gens comprennent qu'il y a un potentiel énorme et que les économies qui connaissent les croissances les plus rapides du monde sont sur ce continent ».
Des avancées démocratiques en Afrique saluées
Se réjouissant des avancées en matières démocratique réalisées ces dernières années en Afrique, le locataire de la maison blanche a cité le cas du Libéria, de la Côte d'Ivoire, du Nigeria, du Niger, du Ghana et du Sénégal. Ce dernier pays, à son avis, entame des réformes pour renforcer les institutions démocratiques. Une démarche salutaire du moment que « davantage d'africains demanderont des gouvernements responsables et travaillant pour le bénéfice des populations ». Avant de rappeler que « La démocratie donne lieu à des progrès, justice et emploi ». D'après lui, il est nécessaire, aujourd'hui, que les Etats-Unis, dans le cadre de ses relations avec le Sénégal et l'ensemble de l'Afrique augmente le volume de ses échanges pour faciliter le commerce et l'investissement mutuel.
La reconduction de l'Agoa en vue
Dans une lueur d'espoir, le président Obama confie qu'il cherche les modalités pour reconduire la loi sur le développement et l'opportunité en Afrique (Agoa) qui prend fin dans deux ans. Pour cela, il affirme avoir donné l'ordre, à son représentant du commerce, de finaliser un nouvel accord d'investissement avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao).
Parlant au nom de ses pairs africains, le président Macky Sall estime que cette visite de Barack Obama est extrêmement importante pour le Sénégal et pour l'Afrique. « Le déplacement du président Obama va charrier dans son sillage la confiance dans le milieu des affaires. Nous sommes convaincus que le développement de l'Afrique se fera par le partenariat, le commerce, la croissance, l'investissement privé ». Pour lui, « la confiance qu'Obama a pour le devenir du continent doit permettre d'établir un pont entre les Etats-Unis et l'Afrique surtout dans le cadre du développement de l'investissement privé. Nous avons des valeurs partagées qui sont celles de la démocratie, la liberté, les droits de l'homme, la bonne gouvernance ».
Macky Sall fait savoir à Obama que « l'Afrique est un continent en marche avec un formidable potentiel en ressources humaines et naturelles ». De part et d'autre, relève-t-il, « nous avons une occasion historique d'ouvrir de nouvelles perspectives à nos relations sur la base de la complémentarité en offrant plus d'opportunités à notre jeunesse et en stimulant le commerce et les investissements pour une prospérité partagé ».
L'héritage de Mandela magnifié
L'état de santé de Nelson Mandela s'est invité à la conférence de presse des deux présidents qui n'ont pas manqué de faire des témoignages. C'est à l'image de Barack Obama qui affirme : « Nous accompagnons le peuple sud-africain dans ses prières. Nous pensons à la famille de Mandela. J'ai eu le privilège de rencontrer Madiba et de discuter avec lui. C'est un de mes héros et un héros pour le monde entier. Lorsqu'il nous quittera son héritage sera présent pour des siècles ».
Son homologue sénégalais Macky Sall lui emboite le pas. Avec une voix pleine d'émotion, le président sénégalais affirme que « Nous sommes tous habités par une profonde tristesse de voir Madiba dans ces conditions d'hospitalisations depuis bientôt trois semaines ». A l'en croire : « Mon rêve le plus essentiel pour lui est de souhaiter qu'il termine le siècle pour atteindre ses 100 ans ». Avec un brin d'optimisme, Macky Sall témoigne : « Je crois que Mandela a donné un exemple au monde entier et pour nous leaders politique. Nous devons beaucoup nous inspirer de son humilité et de sa capacité de renoncement mais aussi de sa grandeur avec le pardon qu'il a pu donner comme preuve ».
De la dépénalisation de l'homosexualité
Face à la presse, les deux présidents ont été interpellés sur des questions épineuses notamment la légalisation de l'homosexualité. Si le président Obama a réconforté sa position en l'alignant sur le principe de la liberté et des droits de l'homme, Macky Sall n'a pas résigné à rappeler les fondamentaux réglementaires sur cette question au Sénégal. Le président Sall a clairement affirmé que son pays n'est pas encore prêt à dépénaliser l'homosexualité mais que la question est en débat au niveau du gouvernement et de l'Assemblée nationale. « C'est l'option du Sénégal pour le moment ». Avant de rajouter : « nous ne sommes pas homophobes ».
Pour assurer Macky Sall sur la détermination des Etats-Unis à continuer à faire du Sénégal un partenaire privilégié, Barack Obama qui s'essaye en wolof (langue nationale au Sénégal) lance : « Nio Far » (Ndlr : on est ensemble).