Afrique de l'Ouest: La Bceao et la Sfi se lient pour l'ouverture de bureaux d'information sur le crédit

F. Gouahinga/allAfrica.com
La BCEAO veut contribuer à l'amélioration du climat des affaires avec l'implantation de bureau d'information sur le crédit dans les pays de l'Umoa
16 Septembre 2013

Les pays de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa) vont disposer de bureaux d’information sur le crédit. L’initiative est de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), appuyée par la Société financière internationale (Sfi).

Des bureaux d’information sur le crédit seront ouverts dans tous les pays de l’Union monétaire Ouest africaine (Umoa).  Un protocole d’accord de coopération a été signé dans ce sens entre la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et la Société financière internationale (Sfi), le jeudi 12 septembre 2013 à Dakar.

Ce projet qui entre dans le cadre de la promotion des bureaux d’information sur le crédit au niveau des États membres de l’Umoa a pour principal objectif de participer à l’amélioration du climat des affaires dans la sous-région.

Les bureaux d’information et de crédit seront chargés de collecter, auprès des organismes financiers, de sources publiques et des grands facturiers (sociétés de fourniture d’eau, d’électricité et des sociétés de téléphonie), des données sur les antécédents de crédit ou de paiement d’un client. Des données qui seront traitées sous forme de rapports de solvabilité.

Ce qui fait dire à Yolande Duhem, Directrice régionale pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre de la Sfi que c’est la façon la plus simple et la plus efficace d’accroître l’accès au crédit en particulier pour les segments de la population généralement en marge des structures traditionnelles de prêts. Il s’agira, en quelque sorte, de permettre aux prêteurs de disposer de plus d’éléments d’appréciation sur les risques par rapport à un prêt.

Le secrétaire général de la Bceao, Mme Fatimatou Zahra Diop rappelle que ce projet de création de bureaux d’information sur le crédit figure dans le plan d’action approuvé par la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Uemoa, en vue de l’accroissement du financement des économies des Etats membres de l’union. Elle avise que les orientations relatives et le projet de la Loi uniforme portant réglementation de ces structures ont été approuvés par le Conseil des ministres de l’Union, lors de sa session tenue le 28 juin 2013 à Dakar.

Elle justifie cette option par le fait que comparativement à d’autres pays en développement, les économies des Etats membres de l’Umoa demeurent caractérisées par la faiblesse des ressources mobilisées au profit des secteurs productifs. Ainsi, note-t-elle, au 31 décembre 2012, les crédits bancaires ont représenté 21,4% du Pib dans l’Union, contre 36,3% au Nigeria, 103,1% au Maroc et 182,2% en Afrique du Sud.

Sur cette même lancée, Yolande Duhem de la Sfi informe qu’en Afrique de l’Ouest seul 7% des personnes adultes ont un crédit, par rapport à 22% au Moyen-Orient et Afrique du Nord, 40% en Asie de l’Est et Pacifique, et plus de 80% dans les pays de l’OCDE.
De plus, dans l’édition 2013 du rapport du Doing Business de la Banque mondiale, les États membres de l’Umoa se classent à la 129ème place sur 185 pays au titre de critère relatif à l’ « obtention de prêts ».

De l’avis de Fatimatou Zahra Diop, outre les facteurs structurels liés à la faiblesse de l’épargne, cette situation s’explique par le rationnement du crédit découlant notamment de l’asymétrie d’information entre les prêteurs et les emprunteurs.

Mme Diop juge que ce déficit d’information est principalement imputable à l’indisponibilité de données fiables sur la solvabilité des emprunteurs, ne permettant pas aux prêteurs de procéder à une évaluation adéquate des risques devant fonder leur décision.

Les États appelés à insérer le cadre juridique d’ici fin décembre 2013

La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest n’a pas perdu son temps pour l’opérationnalisation de cette mesure au niveau des pays membres de l’Umoa. Le Conseil des ministres de l’Union qui a approuvé le cadre juridique des bureaux d’information sur le crédit recommande ainsi son insertion dans l’ordonnancement juridique de chaque États membre de l’Union, au plus tard le 31 décembre 2013.
Yolande Duhem, pour sa part, rassure que la règlementation devrait promouvoir et gérer les dites structures pour, par exemple, éviter les abus dans la distribution de données confidentielles, la supervision de ces structures et les efforts d’harmonisation nécessaires pour leur donner une dimension régionale, en véritable appui à l’intégration économique. Avant de brandir l’expérience de la Sfi qui, à l’en croire, a travaillé avec plus de 60 gouvernements de par le monde sur la mise en place de systèmes de bureaux de crédit.

Des cas de réussite au Maroc, en Égypte et en Afrique du Sud

Les bureaux d’information sur le crédit existent un peu partout dans le monde. Ils sont des entités privées qui sont sous la supervision de la Banque centrale. M. Riadh Naour, chargé des opérations principales de la Sfi précise que la diffusion d’information du profil de paiement à la banque ou à la structure de micro-finance se fera sur autorisation du client.

En Afrique, les bureaux d’information sur le crédit ont fait leur bonhomme de chemin avec des exemples de réussite au Maroc, en Égypte, en Afrique du Sud.

Selon M. Riadh, le Maroc est l’un des pays innovateurs en la matière, en Afrique. « Aujourd’hui, à travers ces bureaux, le système financier marocain a démontré que les solvables ne sont pas souvent les plus riches ». Avant d’ajouter : « Il y a au moins deux millions et demi de consultation de profil de paiement à travers les bureaux de crédit. Ce qui a permis d’améliorer le taux et la qualité du portefeuille, d’augmenter le volume de crédit des individus et surtout des petites et moyennes entreprises ».

A l’en croire, l’ouverture de bureau de crédit a également permis de palier aux projections sur le développement économique et financier. C’est dans ce sens que la Sfi a cité comme exemple de réussite le CompuScan en Afrique du Sud avec ses solutions aux micro-prêteurs et Estealam (iScore), le premier crédit bureau privé en Égypte.

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