Les débats sur la question de financement pour la lutte contre les changements climatiques sont houleux, depuis le début de la Conférence des Parties (COP19) à Varsovie. Pendant que les négociateurs africains exigent que soit sauvé le Fonds Vert pour le Climat à travers les contributions des pays développés, ceux-ci demandent aux africains de se tourner vers leur secteur privé.
Selon l'un des négociateurs africain, M. Mamadou Honadia du Burkina Fasso, tendre la main au secteur privé renvoie indubitablement au financement des projets d'adaptation et d'atténuation sous forme de crédit. «Même si nous ne nions pas l'importance du secteur privé, il ne faudrait pas qu'il se substitue au secteur public qui s'est engagé au niveau international à travers la signature et la ratification des traités » ajoute- t-il.
M. Honadia réitère pour cela la position africaine selon laquelle les pays développés doivent assumer leurs responsabilités historiques en permettant aux gouvernements de respecter leurs engagements au titre de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et son protocole de Kyoto. Selon lui, c'est une question de volonté et de responsabilité.
Les négociateurs africains se demandent par ailleurs comment les pays développés entendent concrètement atteindre l'objectif de mobiliser 100 milliards de dollars par an d'ici 2020, conformément à l'engagement pris à Copenhague en 2009.
«Le Fonds Vert pour le Climat mis sur pieds depuis Cancun et Durban est encore complètement vide, pourtant les pays développés sont conscient de l'urgence » déclare M. Honadia, avant de conclure que ces pays développés sont entrain de montrer à l'Afrique, que la coopération a ses limites. Selon ce négociateur burkinabé, il est aujourd'hui impératif pour l'Afrique de s'unir pour repenser son modèle de développement.
Rappelons que les négociations à Varsovie se déroulent entre toutes les parties prenantes et l'administration en charge de la gestion des fonds destinés au financement du climat. L'un des grands objectifs de la COP19, est de permettre que la question des financements soit clarifiée, pour poser les fondations d'un accord sous le signe de la justice climatique. Les changements climatiques coûtent déjà cher aux communautés particulièrement vulnérables à ce phénomène, il est essentiel de mobiliser des financements publics additionnels à l'Aide Publique au Développement, notamment pour financer l'adaptation des agricultures familiales des pays du Sud.
Les ONG et les pays africains ont lancé un appel à contribution pour sauver le Fonds pour l'Adaptation en péril. Le financement de la lutte contre les changements climatiques est l'un des aspects les plus importants des efforts déployés à l'échelle mondiale pour faire face au défi des changements climatiques. C'est un catalyseur essentiel des efforts menés dans les pays en développement pour renforcer leur capacité de résistance aux changements climatiques, limiter les émissions de gaz à effet de serre et soutenir le passage à un développement durable.
La Commission Economique pour l'Afrique (CEA) soutient les pays africains dans la recherche et la formulation des politiques en matière de changement climatique à travers le Centre Africain des Politiques en matière de Climat (ACPC), un programme conjoint de la CEA, la Commission de l'Union Africaine et la Banque Africaine de Développement.