Addis-Abeba — Lors de la 23ème réunion consultative de l'intégration de la dimension genre au sein de l'Union africaine, qui a débuté à Addis-Abéba, jeudi 23 janvier, M. Carlos Lopes, Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique a déclaré que la sécurité alimentaire est à portée de main et que «l'Afrique peut et doit nourrir l'Afrique».
Lors de l'ouverture de la réunion préparatoire au sommet de l'Union africaine qui a pour thème l'autonomisation des femmes dans les domaines de l'agriculture et de la sécurité alimentaire, M. Lopes a déclaré que le continent a besoin de politiques audacieuses et d'investissements essentiels ciblés pour transformer son agriculture et que ces politiques doivent mettre en évidence l'inégalité entre les hommes et les femmes et la discrimination à l'égard des femmes dans toute la chaîne de valeur agricole.
Il dit: «alors que l'Afrique connaît des taux de croissance exceptionnels, la croissance enregistrée est inférieure aux 7 pour cent requis pour lutter contre la pauvreté et mettre le continent sur une voie de développement plus durable et prévisible». Il a noté que le commerce qui est toujours tiré par les exportations de matières premières et n'apporte pas de valeur ajoutée à nos vastes ressources naturelles et minérales résulte en une défaillance de conserver la richesse et les emplois que cette activité offre. Le Secrétaire exécutif de la CEA souligne, ceci doit changer.
Il dit que le continent a besoin de se lancer dans une industrialisation ambitieuse, mais réalisable et que ses nombreuses ressources, telles que les terres arables devraient également donner un élan pour une industrialisation des produits de base. Il a mis en garde, cependant, que la transformation de l'agriculture et l'industrialisation ne conduiraient pas automatiquement à une autonomisation des femmes.
Il dit: «la preuve est que, y compris en Afrique, l'industrialisation peut accentuer les écarts entre les hommes et les femmes plutôt que de les réduire». Et explique que le changement de travail et des ressources du secteur agricole pour les secteurs industriels et de services «peut aggraver les écarts entre les hommes et les femmes parce que les femmes qui avaient l'habitude d'évoluer dans l'agriculture traditionnelle ne sont souvent pas équipées pour rivaliser avec les hommes dans les secteurs industriels et de services».
Il note que par conséquent, les femmes ont tendance à se concentrer sur des emplois à bas salaires avec des conditions de travail moins favorables.
M. Lopes a appelé à la reconnaissance et à la valorisation de la contribution des femmes et a souligné que «leurs contraintes, options, incitations et besoins doivent être évalués et pris en compte dans le programme de transformation».
Il met l'accent sur le fait que trop longtemps le rôle et la contribution de la femme étaient dévalorisés et invisibles». Le temps est venu pour un changement dramatique dans les convictions et attitudes. Nous avons le droit de le réclamer et les dirigeants africains doivent être mobilisés pour ce changement.
Il appelle à un examen approfondi des systèmes juridiques pour éliminer tous les types de discrimination à l'égard des femmes et souligne la nécessité d'adopter «des mécanismes efficaces pour le suivi de la mise en œuvre intégrale des lois sensibles à la dimension genre». Il précise que les lois et les politiques sur les propriétés agricoles des femmes et les droits à la propriété ne sont pas mis en œuvre en ignorant les autres questions de politique socio-économique.
Il informe les participants que le Centre africain pour le genre de la CEA, lancera bientôt une nouvelle initiative à l'échelle continentale visant à mettre l'accent sur ce qu'il décrit comme «les ingrédients clés pour une intégration réussie des femmes africaines dans le cadre du débat politique». L'initiative, selon M. Lopes sera composée de trois piliers: autonomisation économique des femmes, droits, sécurité et protection sociale. Le pilier concernant l'autonomisation économique des femmes se concentrera sur les secteurs agricole et de l'extraction.
La nouvelle initiative découle du point de vue que l'autonomisation socio-économique et politique des femmes est le fondement et la condition sine qua non pour la transformation structurelle de l'Afrique.