Addis Abéba — Le Groupe de Haut Niveau chargé de la question des flux financiers illicites (FFI) en provenance d'Afrique, mené par son président, va rencontrer des représentants du gouvernement américain, du secteur privé, du monde académique, de la société civile et des institutions multilatérales durant une visite des États-Unis pour discuter de la problématique des FFI, qui ont, ces dernières décennies, ralenti les efforts de développement en Afrique.
Le Groupe de Haut niveau sur les FFI a été créé par la Commission Économique pour l'Afrique (CEA) et l'Union Africaine (UA) en Février 2012 pour trouver une solution aux effets débilitants des FFI en provenance d'Afrique. Le Groupe est dirigé par l'ex-président sud africain, Thabo Mbeki et est composé de 9 autres hautes personnalités d'Afrique et d'ailleurs.
La visite américaine du Groupe, qui se déroulera du 3 au 7 Février 2014 à Washington et à New York a pour but de discuter avec les autorités américaines et d'autres parties prenantes d'importance de l'échelle, des différentes formes et de l'impact négatif des FFI sur le développement et la gouvernance en Afrique. La visite permettra aussi d'attirer l'attention sur le rôle que les pays développés, y compris les Etats-Unis, principaux bénéficiaires de ces flux, ont à jouer dans la formation d'une coalition mondiale qui contribuera à amoindrir ces flux.
Soulignant l'importance des discussions, le président Mbeki a déclaré: "La mise sur pied d'une coalition mondiale contre les flux financiers illicites en provenance d'Afrique jouera un rôle déterminant pour mettre à la disposition de l'Afrique, dans un proche futur, des vastes ressources nécessaires à son développement. C'est précisément de cet aspect des choses que nous souhaitons parler avec les parties prenantes américaines."
Les FFI sont un problème mondial, mais leur impact particulier sur l'Afrique constitue une menace énorme contre la gouvernance et le développement économique sur ce continent. Des études récentes indiquent qu'entre 1970 et 2008, l'Afrique a perdu plus de 854 milliards de dollars américains en FFI, ce qui correspond à une moyenne annuelle de près de 20 milliards de dollars. La tendance s'est accélérée avec le temps et notamment lors de la dernière décennie, durant laquelle ces flux ont atteint une moyenne annuelle de 50 milliards de dollars entre 2000 et 2008. La hauteur des FFI dépasse celle de l'aide publique au développement en faveur du continent laquelle, en 2012, s'est élevée à 46,1 milliards de dollars.
Les effets de ces flux sont entre autres l'épuisement des réserves de change, qui empêchent les pays africains de satisfaire leurs besoins en importation; la réduction des recettes fiscales; la suppression des flux d'investissements et l'augmentation de la pauvreté. Les flux financiers illicites minent l'état de droit, déséquilibrent le commerce et détériorent les conditions macroéconomiques..
Les consultations du Groupe aux États-Unis font partie d'une série d'activités de sensibilisation entreprises par celui-ci pour créer une forte coalition et des partenariats (contre les FFI) en Afrique et en dehors de celle-ci. Le programme mené par le Groupe permettra, on l'espère, d'encourager l'application de législations et de politiques aux niveaux national, continental et international qui bénéficieront non seulement à l'Afrique mais aussi au monde.