« L'histoire de l'Afrique racontée au reste du monde est celle de risques et de conflits, mais très peu de personnes savent qu'au moment où les conflits faisaient 5 millions de morts en Afrique, ils en faisaient 200 millions en Asie », a déclaré Carlos Lopes, Secrétaire Exécutif de la Commission économique pour l'Afrique, aux journalistes camerounais, au terme de sa première visite de travail cette semaine dans ce pays du Golfe de Guinée.
Selon M. Lopes, qui est également Secrétaire général adjoint des Nations Unies, il appartient aux médias de corriger cette fausse image du continent et présenter au monde la vraie perspective de l'Afrique, qui, a-t-il dit, regorge de nombreuses ressources et opportunités, et dispose d'un grand potentiel. Le continent abrite certains des plus grands gisements miniers non exploités du monde et dispose de 60% des terres arables non utilisées de la planète.
L'Afrique a simplement besoin d'un environnement propice pour tirer le meilleur parti de l'exploitation de ces ressources et entamer sa propre révolution industrielle. Cette révolution doit mettre l'accent sur la modernisation de l'agriculture, l'industrie agroalimentaire, et créer de la valeur ajoutée dans plusieurs secteurs. « En se focalisant uniquement sur l'exportation des matières premières, l'on exporte également les emplois dans des secteurs générateurs de valeur ajoutée », a-t-il déclaré. Le développement infrastructurel est un autre point de préoccupation. Actuellement, le continent africain a un déficit infrastructurel de 200 milliards de dollars, a dit M. Lopes, en évoquant la nécessité créer un ensemble de mécanismes financiers pour permettre de résoudre le problème. Un outil majeur à cet égard, a-t-il dit, est le Fonds50 pour l'Afrique de la Banque africaine de développement. Ces outils permettraient à l'Afrique d'exploiter son vaste potentiel énergétique, notamment les énergies renouvelables.
L'augmentation de la production d'énergie va stimuler l'industrialisation du continent et créer des opportunités bénéfiques pour le commerce intra-africain, a affirmé le Secrétaire Exécutif de la CEA. Il a dit que, étant donné que 2/3 de la croissance de l'Afrique découle de la consommation, la création de la valeur ajoutée à travers l'industrialisation offrira des opportunités d'échanges accrus entre les pays africains et entraînera une croissance plus soutenue. Selon MM. Omer Mbadi de Jeune Afrique, Richard Kometa de Cameroon Tribune, Raphaël Mvogo de l'Agence Chine Nouvelle et Jean David Mihamle de BBC Afrique, les discussions avec M. Lopes ont été très riches et argumentées. Les quatre journalistes, ainsi que la plupart de leurs collègues qui se sont entretenus avec M. Lopes, pensent que la nouvelle approche de la CEA pour aider à résoudre les problèmes africains en s'appuyant uniquement sur les faits, est la voie à suivre par les institutions de développement œuvrant pour l'intérêt du continent.