New Haven, Etats-Unis — Une décennie après que l'ancien Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, ait prononcé son discours historique «la croisée des chemins» à l'Assemblée générale appelant à la réforme de l'organisme mondial, le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique, Carlos Lopes a dit au Colloque pour le développement africain de Yale, lundi, que l'Afrique arrive à la croisée des chemins qui pointe désormais vers une direction et un choix, qui est la voie de l'industrialisation.
Il a souligné de nombreux développements en Afrique qui constituent un changement radical de ce qu'il décrit comme des divisions profondes et des institutions collectives performantes qui ont marqué les États membres de l'ONU en 2003.
Lopes déclare: «Le monde est très différent aujourd'hui de ce qu'il était en 2003 et alors que l'Afrique se trouve maintenant à la croisée des chemins, cette métaphore doit être contextualisée pour refléter les développements qui ont lieu sur le continent aujourd'hui», et ajoute, je ne vois pas d'indécision venant du continent; bien au contraire, je vois une position plus affirmée.
Il dit qu'une nouvelle Afrique est en train d'émerger; celle qui respire la confiance, l'attrait pour les investissements et dont le facteur risque a considérablement chuté, avec des investissements atteignant 50 milliards de dollars en 2012.
Lopes met garde que néanmoins, l'Afrique doit encore passer des 5 à 6% de croissance moyenne au chiffre magique de 7% - le minimum requis pour doubler le revenu moyen en une décennie.
Il dit qu'il y a encore beaucoup à faire alors que la pauvreté reste élevée, l'accès aux services sociaux faible et des conflits omniprésents sapent les gains.
Il fait savoir à l'assemblée que si l'objectif de l'Afrique est de devenir un continent prospère et intégré, en paix avec lui-même; sa position de négociation doit être compatible avec - et en faveur de son programme de transformation, tel que prévu pour l'année 2063.
Il souligne que le continent doit innover dans le domaine de la transformation et appelle à des instruments politiques et des facilitateurs économiques.
Il dit que le point commun entre les investissements à Prato, Guanajuato et Itú-São Paulo, est l'attention du premier partenaire commercial de l'Afrique, la Chine, que ces villes ont su attirer et ajoute que la leçon pour l'Afrique est de savoir que l'industrialisation est un domaine compétitif.
Le continent a besoin de trouver sa propre recette, sa propre recette miracle, si elle veut faire partie du paysage industriel mondial.
La déclaration de Yale vient dans la foulée du Rapport économique sur l'Afrique 2014, lancé à New-York, le week-end et à Abuja le 30 mars. Le Rapport invite l'Afrique à se doter d'institutions crédibles pour stimuler l'industrialisation. Comme l'a souligné Carlos Lopes lors du lancement, pour y parvenir, la politique industrielle doit être organique, elle doit être contextualisée, elle doit être propre à l'Afrique.
M. Ernesto Zedillo, ancien Président du Mexique, M. Donald Kaberuka, Président de la Banque africaine de développement, Ernest Aryeetey, Vice-chancelier de l'Université du Ghana et Shanta Devarajan, économiste en chef en charge de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord de la Banque mondiale étaient présents au colloque.