Le No.1 de la CEA appelle à une révision des stratégies de financement pour le programme de transformation du continent

2 Mai 2014
communiqué de presse

Addis-Abeba — Le Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, M. Carlos Lopes a souligné la nécessité d'intensifier les ressources financières extérieures privées comme nationales pour la transformation structurelle de l'Afrique. Il a fait cette observation lors de l'ouverture de la réunion sur la sensibilisation régionale du Comité intergouvernemental d'experts sur le financement du développement durable (ICESDF) en Afrique; un évènement de deux jours qui a débuté aujourd'hui, à Addis-Abeba. La réunion a pour mandat, entre autres objectifs, de produire un rapport qui propose des options pour une stratégie efficace de financement du développement durable.

S'adressant au Comité d'experts sur l'importance des enjeux actuels du développement durable sur le continent et l'aspect critique de la mobilisation des ressources pour répondre à ces défis, il a souligné la nécessité d'être «créatif et innovant pour s'assurer d'abord et avant tout, que les sources nationales de financement servent de base à la transformation structurelle de l'Afrique».

M. Lopes a déclaré que, contrairement à la perception l'Afrique n'a pas la plus grande concentration de pauvres dans le monde et tente d'honorer aussi ses engagements sur les OMD, «si seulement nous mesurions les efforts et non les directives universelles».

Il a estimé que ces perceptions doivent être corrigées et ne pas être la raison d'un financement du développement moindre, mais plutôt la façon dont ce financement est utilisé. «Afin d'envisager de nouvelles formes d'engagement il faut aussi envisager de nouvelles formes de mobilisation des ressources», a-t-il dit.

Le Secrétaire exécutif a rappelé la Conférence sur le développement durable (Rio +20) qui a délégué les objectifs du Comité intergouvernemental d'experts sur le financement du développement durable, et a déclaré que l'Afrique a réalisé alors qu'elle ne pouvait pas simplement être spectateur et qu'il était nécessaire d'être l'auteur de son propre récit pour s'assurer que les réalités et priorités continentales soient prises en compte à l'avenir. Il a pris note de la cohérence de l'Afrique dans la réalisation de cet objectif finalement disant: «L'Afrique est la seule région, jusqu'à présent, qui a fait un tel travail politique révolutionnaire, en indiquant ses espoirs, et définissant des stratégies.

Le Secrétaire exécutif a proposé une approche à cinq volets, qui contribuerait à la réalisation de ces objectifs financiers pour le programme de développement durable. Il s'agit principalement:

i. Pour exploiter activement les possibilités claires de l'Afrique à accroître les recettes fiscales traditionnelles. Actuellement, la fiscalité traditionnelle dans de nombreux pays africains est encore trop loin en dessous du seuil de 15% du PIB. Il dit qu'il est important pour le continent d'arrêter d'accorder des incitations fiscales sous prétexte d'attirer les investissements directs étrangers alors que la réalité montre que de telles pratiques ont entraîné des pertes de revenus, ce qui dans le cas de seulement quatre pays d'Afrique de l'Est ont été estimées à 2,8 milliards de dollars par an.

ii. Le besoin impératif d'accroître l'utilisation des instruments de financement non-traditionnels. M. Lopes a déclaré qu'il y a un besoin d'explorer et donner du poids à ces instruments, tels que: les fonds souverains, les fonds de capitaux privés, les fonds de pension, d'assurance et les obligations.

iii. L'Afrique a besoin d'optimiser les 60 milliards de dollars d'économies réalisées par plus de 140 millions d'Africains de la diaspora. «En réunissant ce coût à environ 5 pour cent, le continent pourrait économiser jusqu'à 4 milliards de dollars par an».

iv. La nécessité de mieux impliquer le secteur privé dans la prestation de service public et le développement des infrastructures. En outre, les investissements ciblés des secteurs public et privé doivent aussi favoriser la croissance verte.

v. L'importance cruciale de résoudre le phénomène de flux financiers illicites. «La plupart d'entre vous savent que depuis 2000, l'Afrique a perdu plus de 50 milliards de dollars par an à cause des sorties illicites de fonds». Ce montant correspond à l'aide publique au développement (APD) reçue par les pays donateurs au cours de la même période.

Soulignant également l'opportunité cruciale de cette réunion d'experts, le co-président du Comité intergouvernemental d'experts sur le financement du développement durable, M. Mansur Muhtar a déclaré que le travail de l'Afrique vers la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) est également un moyen important de renforcer l'appropriation et le processus, plus large, de l'élaboration de son programme de développement.

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