Yaoundé — Les avocats africains doivent trouver un juste équilibre entre les intérêts de leurs clients et ceux de la société, surtout en ce qui concerne les flux financiers illicites en provenance de l'Afrique, a estimé l'ancien Chef de l'État de l'Afrique du Sud, Thabo Mbeki, en sa qualité de Président du Groupe de personnalités de haut niveau (GPHN) sur les Flux financiers illicites (FFI) - Groupe que soutient la Commission économique pour l'Afrique et l'Union africaine. Ces remarques ont été faites au début des travaux de l'Assemblée générale triennale de l'Union panafricaine des avocats (UPA) qui se tient actuellement à Yaoundé, la capitale du Cameroun.
S'adressant aux avocats qui tiennent leur assemblée triennale sur le thème « flux financiers illicites en provenance d'Afrique : neutralisation des fuites, gestion et rapatriement des avoirs gelés » M. Mbeki a rappelé aux avocats leur devoir dans la lutte contre ce fléau qui prive l'Afrique de ressources qui pourraient l'aider à financer son développement.
L'ancien Président sud-africain et Chef du GPHN, a été précédemment reçu en audience, au nom du Chef de l'État du Cameroun, par le Premier ministre, Philémon Yang qui a présidé la cérémonie d'ouverture de l'Assemblée triennale UPA, en faisant appel aux avocats, qui y prennent part, de formuler une forte déclaration de Yaoundé contre ces flux illicites de fonds en provenance de l'Afrique.
Selon des estimations, l'Afrique perd actuellement plus de 50 milliards de dollars américains chaque année, suite aux flux financiers illicites - un montant qui dépasse l'aide au développement que le continent reçoit. Dans ses observations préliminaires, le GPHN que dirige M. Mbeki a déjà noté que les flux financiers illicites en provenance d'Afrique prennent plusieurs formes : des pots de vin et autres formes de corruption impliquant des fonctionnaires; des activités criminelles telles que le trafic de drogue ainsi que le blanchiment d'argent; ainsi que des transactions commerciales frauduleuses telles que l'évasion fiscale, la distorsion des frais de transfert d'argent et la surfacturation (en particulier par les entreprises transnationales). Le Rapport du Groupe de personnalités de haut niveau qui a effectué plusieurs missions d'enquête à travers et au-delà de l'Afrique, devrait être présenté au 23ème Sommet de l'UA du 20 au 27 juin 2014 à Malabo, en Guinée équatoriale.