La croissance de la connectivité mobile sera extraordinaire en Afrique. C'est la conviction d'Ericsson qui appelle la population africaine à prendre ses dispositions pour en tirer le maximum de profits. Ce qui taraude encore les esprits c'est le coût d'accès des smartphones devant permettre à toutes les populations d'être connectées.
La multinationale suédoise Ericsson table sur des projections de technologies de l'information en Afrique sub-saharienne. De bonnes performances sont ainsi attendues notamment dans le segment du mobile. Lors de la conférence « Tous connectés », tenue le 26 juin 2014 à Dakar, les responsables d'Ericsson ont tenu à prévenir les populations africaines sur les croissances attendus sur la connectivité en Afrique. Et les appelle à se préparer pour en tirer profit.
Déjà dans son rapport juin 2014 sur la mobilité, Ericsson notait que l'usage d'internet progressera de deux fois plus en Afrique sub-saharienne que dans le reste du monde dans les cinq années à venir. D'ici 2017, la technologie 3G se substituera à la 2G pour devenir le type de connexion mobile dominant.
La multinationale prévoit 930 millions d'abonnements mobiles en Afrique sub-saharienne d'ici fin 2019, avec 557 millions de smartphones et 710 millions d'abonnements haut débit. Les smartphones seront plus nombreux que les téléphones basiques d'où une baisse attendue de leur prix d'achat et le début d'apparition de plus en plus de Smartphones made in Africa.
Sur cette même lancée, les responsables d'Ericsson qui ont pris part à la rencontre de Dakar ont avancé qu'en 2019 la croissance du trafic mobile sera doublée. Plus de 50% du flux viendra de la vidéo. Ce qui entrainera un fort trafic de données sur les réseaux et un nombre important d'appareils connectés en Afrique.
Des coûts toujours élevés malgré les fortes prévisions de croissance
Les fortes prévisions attendues sur la mobilité en Afrique ne suscitent pas d'engouement auprès des consommateurs. C'est à l'image de Me Mame Adama Guèye, avocat sénégalais. Ce consommateur estime que « malgré la croissance et les énormes potentialités, si on compare le coût des smartphones en Afrique à ceux d'Europe, on a l'impression d'être escroqué ». Un constat qui fait dire à M. Diall de l'Agence de régulation des télécommunications et postes (Artp) qu'il faut faire un audit des coûts des opérateurs comme le stipule la loi. Une question qui interpelle toutes les structures de régulation dans le secteur des Tics en Afrique.
C'est dans ce cadre qu'une compagnie comme Ericsson est invitée à ne pas faire uniquement de l'Afrique un marché de consommation mais un lieu de partenariat avec des acteurs du continent pour développer ensemble des outils qui répondent le plus aux besoins des populations du continent. Ceci du moment que les pays africains envisagent de développer des écosystèmes dynamiques dans lesquels tous les acteurs y tirent profit.
Dans un souci de mieux augmenter la connectivité en Afrique, certains acteurs pensent qu'il faut plus développer le mobile banking sur le continent à l'image de pays comme le Kenya. Dans ce cadre, le renforcement de la régulation est jugé opportun. Ce qui nécessite la levée d'obstacles réglementaires en amenant une loi communautaire qui impose aux pays de confier cet aspect aux régulateurs mais aussi avec l'implication des banques centrales.
Pour Binta Coudy Déh, régler le problème de la connectivité en Afrique, reviendrait à trouver des débouchés pour les jeunes entrepreneurs qui sont dans le secteur des Tics.
Le directeur général de l'Artp, M. Abdoul Karim Sall, de son côté, estime que les prouesses réalisées par le Sénégal en termes de pénétration, d'accès et de couverture ne doivent pas occulter la nécessité et les besoins encore prépondérants de résorption du déficit énorme de connectivité. Comme partout préconisé, souligne-t-il, une synergie basée sur un partenariat public – privé est nécessaire pour faire face aux besoins accrus d'investissement et de mobilisation de ressources afin de garantir aux populations un accès équitable et de qualité. « Une telle dynamique reste, en définitive, le seul gage pour réaliser des performances satisfaisantes en matière de connectivité et atteindre l'émergence et la modernité ».