Le Tchad a obtenu le 1er août 2014 l'accord du conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) sur la mise en place d'un programme de trois ans au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) à hauteur d'environ 122,4 millions de dollars américains, avec un premier décaissement d'environ 20,4 millions de dollars.
Cette initiative de gestion de la dette par le FMI s'inscrit dans le cadre d'un programme national de réduction de la pauvreté qui vise également à accroître les revenus du pays et à attirer les investissements du secteur privé. La croissance du PIB de 10,8 % prévue en 2014 par le FMI est nettement supérieure à celle de 3,6 % enregistrée en 2013. La gestion de la politique fiscale et de la dette publique se fait dans un contexte de défis régionaux.
Le principal objectif du lancement de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) consiste à profiter d'une meilleure gestion de la hausse des revenus pétroliers et de la croissance du Tchad en mettant l'accent sur la protection de l'environnement, le contrôle de l'inflation et l'amélioration de la gestion du secteur public, qui devraient tous contribuer à la progression du PIB pour le bénéfice de la population tchadienne.
Le budget national du Tchad a également absorbé le coût du rapatriement de ses citoyens en provenance de la République centrafricaine (RCA) et de l'accueil de dizaines de milliers de réfugiés des pays voisins. À l'heure actuelle, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) classe le Tchad au second rang des pays africains comptant le plus de réfugiés. Le Tchad abrite plus de 650.000 refugiés, dont plus de 359.000 en provenance du Soudan, 106.650 de la RCA, et des milliers en provenance du Nigeria qui fuient les atrocités de Boko Haram. On compte également plusieurs milliers de réfugiés de différentes nationalités vivant dans les grandes villes, dont la capitale N'Djamena.
Le gouvernement tchadien a également absorbé les dépenses supplémentaires liées à son rôle dans le maintien de la stabilité au Mali et en RCA, ainsi qu'à la nécessité de sécuriser les frontières tchadiennes contre les effets des problèmes de sécurité en Libye et au Soudan, et plus récemment au Nigeria.
Toutes ces difficultés, associées aux réalités géographiques d'une désertification croissante dans un pays dont l'une des sources de sa croissance dépend des produits d'exportation provenant de l'agriculture et de l'élevage, rendent les progrès dans la gestion de la dette du Tchad aussi difficiles que d'avancer dans une tempête de sable du désert. Pour le moment, nous ajustons nos politiques budgétaires et notre gestion de la dette pour faire face à ces circonstances difficiles ; nos plus hautes instances œuvrent à l'amélioration des relations de partenariat avec les nations qui nous entourent ainsi qu'avec divers pays donateurs pour que nous puissions garder le cap.
Indicateurs macroéconomiques
Comme la plupart des pays d'Afrique, le Tchad a fait des progrès économiques remarquables au cours des dix dernières années. Bien que le principal facteur de l'avancée économique du pays soit la production pétrolière qui a commencé en 2003 avec l'achèvement d'un pipeline de 3 milliards de dollars, nous avons également consacré beaucoup d'efforts à la diversification de l'économie.
En 2013, la performance macroéconomique du Tchad a été relativement solide. Le PIB a augmenté de 3,9 %, en dépit d'une contraction de la production de pétrole ; le PIB non pétrolier GDP a augmenté de 5,9 %, contre 11,6 % en 2012. En raison de la baisse des prix alimentaires, l'inflation s'est fortement réduite, avec un taux annuel moyen de 0,2 % seulement, contre 7,7 % en 2012.
La situation budgétaire s'est également nettement améliorée en 2013, même si le déficit primaire non pétrolier (DPNP) atteint 2,5 % du PIB non pétrolier. Cela s'explique par une augmentation significative des revenus non pétroliers, une réduction des dépenses d'investissement d'origine nationale et une augmentation des recettes fiscales qui ont accru les revenus non pétroliers de près de 1 %. Le système bancaire reste également relativement solide ; en 2013, ses actifs totaux ont augmenté de 23 % pour atteindre 850 milliards de francs CFA, soit 13 % du PIB.
Le programme de gestion de la dette au titre de l'initiative PPTE devrait permettre de mobiliser une plus grande dynamique interne et externe en vue de l'éradication de la pauvreté au Tchad. À l'avenir, nous poursuivrons notre avancée à travers la « tempête de sable » de deux manières : premièrement, en anticipant les surprises désagréables ; et deuxièmement, par une meilleure gestion lorsque nous sommes pris dans la tempête.
Nous avons la volonté de poursuivre les réformes réglementaires pour les petites et moyennes entreprises afin d'attirer les investissements étrangers non pétroliers dans l'agriculture et le tourisme. Le Tchad examine également la possibilité d'accroître ses revenus pétroliers grâce à l'exploitation de nouvelles sources de pétrole et à la signature d'un nouveau traité avec le Niger pour commencer en 2016 à exporter du pétrole par le biais du pipeline du Tchad et du Cameroun. Le Tchad a récemment renégocié un partenariat plus favorable avec Glencore lui permettant de racheter les 25 % de participation de Chevron dans le consortium pétrolier. Cet accord est crucial pour le pays : il fait du Tchad un véritable producteur pétrolier tout en augmentant de façon significative sa production.
Tchad
• Pays : République du Tchad
• Population : 12 825 314 (Tchad: Institut National de la Statistique, des Etudes Economiques et Démographiques [INSEED])
• Capital : N'Djamena
• Superficie : 1 284 000 km2
• Langues officielles : Français, Arabe
• Unité monétaire : 1 000 CFA (Franc CFA d'Afrique centrale) XAF = env. 2 USD
• Principales exportations : coton, pétrole, bétail, gomme arabique
• Croissance du PIB réel: 10,8 Projeté % Variation (Perspectives économiques mondiales, avril 2014)
• RNB par habitant : 720 USD (Banque mondiale, 2011)
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Kordje Bedoumra est actuellement ministre des finances et du budget de la République du Tchad, après avoir été secrétaire général de la Présidence de la République, et également ministre de l'économie, du Plan et de la coopération internationale. Il était précédemment vice-président en charge des services institutionnels de la Banque africaine de développement, où il a travaillé pendant 29 ans.