Apia — La CEA fournit une plate-forme aux PEID d'Afrique pour discuter des opportunités spécifiques dont ils disposent lors de la 3ème Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement d'Afrique à Samoa du premier au quatre Septembre. L'île Maurice et les Seychelles constituent deux cas de réussite en matière de développement parmi les PEID africains.
Situés dans l'océan Indien, les deux pays restent vulnérables à une série d'impacts liés au changement climatique, notamment la montée du niveau de la mer, les inondations et la sécheresse. L'inondation est particulièrement préoccupante pour les deux pays, mais surtout pour l'île Maurice. En mars 2013, une crue soudaine dans la capitale de Port-Louis a coûté la vie à 11 personnes. Par conséquent, le Centre national de réduction des risques et de gestion de catastrophes a été créé pour coordonner les interventions en cas de calamités. En janvier 2013, de fortes pluies et de vents violents ont causé des inondations dans les îles de Mahé, Praslin et La Digue aux Seychelles, ce qui a provoqué des glissements de terrain, détruit des habitations et affecté des milliers de personnes. Les Seychelles sont dotées de politiques et de plans en matière de réduction des risques, y compris des systèmes d'alerte précoce en cas d'inondations, de cyclones et de tsunamis. Toutefois, compte tenu de l'ampleur des pertes et des dommages causés par les récentes inondations, il est clair que ces efforts doivent être élargis.
Un domaine dans lequel les Seychelles dominent les PEID d'Afrique, voire du monde, concerne le développement de son économie bleue. Les Seychelles disposent d'une zone économique exclusive (ZEE), laquelle, avec 1,3 million de km2 surpasse de plus de 000 fois la superficie de son territoire. Avec l'aide de « The Nature Conservancy », le pays a élaboré un plan pour protéger 30 pour cent de sa zone économique exclusive tout en gérant durablement la surface restante. Les Seychelles ont également récemment initié un programme de conversion de dettes pour l'adaptation, qui verrait une partie de la dette annulée aux fins de libérer des ressources pour la gestion du domaine protégée. Maurice fait également des progrès dans la protection de sa propre ZEE. Il a créé des réserves de pêche et deux parcs marins sur l'île principale de Maurice mais également quatre réserves marines, un parc marin et trois zones de pêcheries réservées sur l'île de Rodrigues.
Le manque de terres arables reste une question majeure pour les PEID. Alors que l'île Maurice dispose de 38,4 pour cent du territoire en terres arables, seulement 2,2 pour cent du terroir Seychellois peuvent servir à la production agricole. En conséquence, l'île Maurice importe 75 pour cent de son approvisionnement alimentaire alors que les importations alimentaires aux Seychelles nécessaires pour assurer les besoins nutritionnels de sa population atteignent 70 pour cent. Le gouvernement Mauricien a élaboré une stratégie pour accroitre la quantité de denrées localement produites et encourager les Mauriciens à consommer local. Cependant, il est peu probable que le pays soit en mesure de renforcer suffisamment assez d'aliments pour répondre entièrement aux besoins de sa population croissante et c'est la raison pour laquelle le pays est également en train de négocier avec le Mozambique et Madagascar pour renforcer les cultures alimentaires de base comme le maïs et le riz dans ces pays, dotés de plus de terres arables. Avec moins de terres arables, les Seychelles n'auront probablement pas d'autres choix que de continuer à importer les denrées alimentaires. Cependant, ils prévoient également de mettre en œuvre des politiques visant à augmenter la quantité d'aliments produits localement et de permettre le stockage de produits alimentaires de base, comme le riz, afin d'amortir les chocs des prix sur le marché mondial.
Avec un PIB par habitant de 23.152 $EU et de 16.195 $EU respectivement, les Seychelles et l'île Maurice sont les pays les plus développés des PEID d'Afrique. Les deux pays visent à continuer à promouvoir le développement durable tout en faisant face à l'augmentation de la fréquence et de la gravité des impacts du changement climatique. Cependant, il est nécessaire de mieux comprendre comment le changement climatique aura un impact sur les secteurs économiques clés et les populations vulnérables dans les deux pays. Ainsi, des efforts sont en cours en vue de renforcer la collecte, la gestion et l'analyse des données mais aussi des informations météorologiques et climatiques.
La conférence sur les PEID s'achève aujourd'hui jeudi 4 septembre dans la belle île d'Apia. La chaleur du peuple Samoan vient montrer très précisément que développer les PEID face au changement climatique a un impact et permettra aux dirigeants des PEID de nouer de partenariats solides dans l'intérêt du développement durable. Le thème de la conférence: des choix globaux - des voix insulaires aura servi à envoyer un message clair : que les partenariats commencent à faire entendre la voix des populations les plus vulnérables et s'assurer que leurs vécus et leurs luttes en faveur du développement durable occupent une place prépondérante au sein de l'agenda mondial. Couvrir de si longues distances de la part de nombreux PEID d'Afrique démontre à la face du monde que les PEID ne sauraient guère être dissociés du débat sur le changement climatique et que leurs marines, océans mais également leurs peuples font tous partie du noyau de la croissance et de la prospérité économiques.