Apia — Au cœur même de l'action de la Conférence des Nations Unies sur les Petits Etats Insulaires en Développement le 1er et le 4 Septembre, les efforts déployés par les PEID d'Afrique pour lutter contre le changement climatique peuvent servir de bons exemples, non seulement pour les autres petits États insulaires d'Afrique, mais aussi pour les autres pays en développement confrontés au même défi en termes de changement climatique. Le Cap-Vert, par exemple, est l'un des PEID d'Afrique qui font de grands progrès à la fois du point de vue du développement économique et de la lutte contre le changement climatique. Il est sorti de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) en 1997, en partie grâce à la transformation de son industrie touristique. Récemment, le Cap Vert a élaboré un plan pour renforcer son développement avec la mise en place d'une stratégie de transformation économique.
Malgré ces efforts, le changement climatique a le potentiel de ralentir le processus de développement au Cap-Vert à moins qu'il soit intégré dans les politiques et plans nationaux. Le pays reste vulnérable à une série d'impacts climatiques, tels que des changements de régimes pluviométriques, qui se traduisent par l'accroissement des inondations et de la sécheresse affectant la fourniture et la qualité de l'eau pour les usages domestiques et agricoles. Avec l'insuffisance de l'approvisionnement en eau douce, l'eau est dessalée et est destinée à l'usage domestique, industriel et agricole, ce qui nécessite une importante quantité d'énergie provenant principalement de combustibles fossiles importés. En réponse à ce défi, le Cap-Vert a mis au point une stratégie ambitieuse d'énergie renouvelable, visant à produire 50 pour cent de son énergie à partir de sources renouvelables d'ici 2020.
Pas trop loin de là, se trouve la Guinée-Bissau, qui partage de nombreuses caractéristiques avec le Cap-Vert. Cependant, la Guinée-Bissau tente de peser de tout son poids pour sortir de la catégorie des pays les moins avancés.. Bien que situé sur le continent, la Guinée-Bissau possède de nombreuses îles et îlots au large de ses côtes qui la classent dans la catégorie des PEID. Comme le Cap-Vert, la Guinée-Bissau est également très fragilisée vis-à-vis des inondations, de la sécheresse et de l'élévation du niveau de la mer. Cependant, la salinisation constitue peut-être la plus grande préoccupation pour le pays du fait de ses répercussions considérables sur l'agriculture, une source de subsistance pour plus de la moitié de la population et qui contribue de manière significative au PIB.
L'on se doit de comprendre davantage l'étendue de la salinisation et de ses impacts potentiels sur les secteurs économiques clés, notamment l'agriculture, qui emploie une proportion importante de la population et reste un important contributeur au PIB. Ceci est crucial pour éclairer les processus d'élaboration des politiques. Au milieu des besoins de développement importants de la Guinée-Bissau à la suite de son rétablissement d'une période récente d'instabilité, l'on note une forte volonté politique dans la lutte contre le changement climatique et plusieurs personnalités clés chargées du programme y sont très engagées.
Même s'ils se trouvent à des stades différents dans le processus de développement, le Cap-Vert et la Guinée-Bissau font tous les deux face aux impacts des changements climatiques de leur façon tout en continuant à promouvoir le développement durable. L'expérience du Cap-Vert est judicieuse par rapport à des pays tels que la Guinée-Bissau et d'autres PEID mais aussi les PMA qui s'efforcent de se développer au regard des impacts du changement climatique.
Il est clair que les PEID d'Afrique doivent réclamer leur place dans le pacte mondial, et braquer l'attention sur leurs circonstances particulières. L'objet de la conférence sur les PEID est essentiellement d'étendre le champ des solutions pour permettre à tous les PEID de trouver des solutions qui permettront à leurs peuples de progresser vers la prospérité, et de réduire ainsi les contraintes actuelles imposées par le changement climatique. Le mantra de la conférence des PEID à Samoa est à juste titre intitulé comme: choix mondiaux et voix insulaires". Les PEID d'Afrique doivent réaffirmer leur droit au développement, et leurs voix compteront dans la lutte mondiale contre le changement climatique. C'est pourquoi la Commission Economique pour l'Afrique tient à soutenir les PEID d'Afrique par la recherche et le développement de capacités en identifiant les choix de développement durable qui les aideront à se maintenir à flot et à embarquer sur le «bateau» qui les conduira vers la concrétisation des aspirations des économies bleues et vertes.