Addis-Abeba — Le Rapport 2014 sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD 2014), qui vient d'être publié, conclut que même si les taux de pauvreté de l'Afrique reculent plus rapidement depuis 2005, ce rythme reste insuffisant pour atteindre l'objectif de réduction de la pauvreté.
Ce rapport a été élaboré par la Banque africaine de développement (BAD), en partenariat avec la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), l'Union africaine (UA) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
La publication a été officiellement présentée samedi 1er novembre 2014, lors de la Conférence économique africaine 2014, un événement sur trois jours organisé à Addis-Abeba, en Éthiopie, auquel se pressent des centaines d'experts venus d'Afrique et d'ailleurs.
De l'avis de Josephine Ngure, représentante résidente de la BAD en Éthiopie, ce rapport produit des sentiments mêlés et beaucoup de chemin reste à parcourir pour atteindre pleinement tous les objectifs fixés.« Globalement, les progrès de l'Afrique en vue de la réalisation des OMD se sont accélérés malgré sa situation politique, sociale et économique initiale. Nous devons avoir conscience que ces objectifs ont essentiellement trait à l'amélioration de la vie humaine, raison pour laquelle ils doivent être poursuivis jusqu'à leur terme », a-t-elle déclaré. Avant d'ajouter : « Malgré une tendance à la hausse, l'inégalité des revenus reste inacceptable, et des disparités entre les sexes demeurent. Nous devons les combattre, car elles continuent de peser sur le continent, malgré nos réussites. »
Si le rapport indique que la plupart des pays sont sur la bonne voie en matière de scolarisation dans l'enseignement primaire, Ayodele Odusola, économiste en chef du Bureau régional du PNUD pour l'Afrique, note cependant que le continent fait toujours face à des taux réussite faibles.
« Les infrastructures de l'Afrique sont encore insuffisantes pour soutenir une éducation de qualité et le financement continue d'être un obstacle important », a pointé M. Odusola. « Nous avons besoin d'investissements considérables dans les systèmes éducatifs afin de former les jeunes du continent et de leur donner plus de compétences et l'esprit d'entreprise. »
Adam Elhiraika, directeur de la Division des politiques macroéconomiques de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, a souligné que l'Afrique est désormais considérée comme un continent en progression, et que ses contributions positives au programme de développement post-2015 témoignent de son influence grandissante dans les débats qui façonnent le monde. « L'accélération de la croissance africaine offre la possibilité de compenser, du moins en partie, les déficits de recettes que peuvent connaître certains pays à la suite de la diminution de l'aide étrangère », a-t-il plaidé. Et d'ajouter : « Des taux de croissance et des revenus supérieurs sont possibles si les flux financiers illicites sont jugulés, les ressources publiques utilisées avec plus de prudence et les politiques mises en œuvre sur la base de recherches fondées sur des données probantes. »
Selon le rapport, les taux de pauvreté continuent de reculer en Afrique malgré les répercussions négatives des récentes crises, alimentaire, énergétique, et financière au sein de la zone euro.
La proportion de personnes vivant avec moins de 1,25 dollars EU par jour en Afrique australe, centrale, de l'Est et de l'Ouest a diminué, passant de 56,5 % en 1990 à 48,5 % en 2010. Mais elle doit encore reculer de 20,25 % pour pouvoir atteindre l'objectif de 2015, alors que l'Asie du Sud est à 4,1 % de le faire.
Ces chiffres indiquent également que la création d'emploi ne progresse pas suffisamment vite pour absorber les jeunes travailleurs, malgré la performance remarquable des économies africaines. Le chômage demeure fort élevé en Afrique du Nord, où 27,7 % des jeunes sur le marché du travail étaient sans emploi en 2013, (contre 26,6 % en 2012).