Addis Abeba — Les efforts du continent à adopter des réformes foncières qui profitent au foncier en tant qu'une ressource stratégique pour un développement inclusif et durable se sont concrétisés avec le lancement officiel des Principes directeurs des investissements fonciers à grande échelle en Afrique (LSLBI) de l'Union africaine.
La conférence inaugurale sur les réformes foncières en Afrique a vu le lancement ce mercredi, au Centre de conférences de l'Union africaine, à Addis-Abeba; un lancement qui marque le début d'une décennie, au cours de laquelle les pays africains doivent élaborer des politiques qui reconnaissent l'importance stratégique du foncier et encourage son utilisation efficace dans les efforts de transformation structurelle, industrialisation et développement inclusif de l'Afrique.
Joan Kagwanja, Chef de l'Initiative sur les politiques foncières, dont les bureaux sont à la Commission économique pour l'Afrique dit: «Cet ensemble de principes équiperont les pays africains et leur permettront de gérer les terres de manière transparente et durable et négocier les investissements en ayant connaissance des ressources disponibles sur le terrain ainsi que des droits qui en découlent.
Les questions entourant l'utilisation et la gestion des terres sont importantes et le deviendront de plus en plus compte tenu que l'Afrique continue d'attirer les investisseurs locaux et étrangers. Les découvertes continuelles de minéraux, et plus récemment, du pétrole mettent plus de pression sur les gouvernements pour la négociation des accords qui sont bénéfiques aux niveaux économique et social pour les peuples africains et cela implique la façon dont est attribuée la terre et ses conséquences sur les populations vivant à proximité de sites miniers et champs de pétrole.
En outre, l'Afrique représente près de 60% des terres arables du monde, a une population d'un peu plus d'un milliard de personnes et enregistre des taux démographiques élevés. Et avec les besoins globaux pour une sécurité alimentaire accrue, il ne est pas surprenant que l'Afrique soit considérée comme la prochaine «réserve alimentaire» mondiale et que les investisseurs soient en lice pour récupérer de lares étendues de terre laissant place à une ère de changement de tutelle controversée de vastes étendues de terres, dans certains cas, sans compensation pour les populations touchées.
Mme Kagwanja rappelle que quand les acquisitions de terres ont débuté en 2008, les pays africains ne s'y étaient pas préparés; les terrains n'avaient pas été cartographiés, les propriétaires n'avaient pas été identifiés et, par conséquent, les contrats n'avaient pas été négociés de manière à générer des investissements durables et les habitants ont fini par être les perdants.
La voie à suivre qui est articulée dans les principes directeurs sur les investissements fonciers à grande échelle de l'Union africaine vise à faciliter le processus d'élaboration et mise en œuvre des réformes foncières nationales et améliorer la gouvernance des investissements fonciers à grande échelle. Ces principes directeurs sont articulés comme des principes fondamentaux fondés sur les droits des communautés, une gouvernance foncière responsable, une acceptation sociale des communautés touchées, égalité hommes-femmes et accès des femmes titre de propriété foncier, étude des coûts-avantages et responsabilité mutuelle. Ils sont également alignés sur les stratégies nationales pour une agriculture durable.
Le défi, après le lancement des investissements fonciers à grande échelle, concerne leur adoption et la répartition des tâches par les États membres de l'UA. Mais Mme Kagwanja estime que les pays africains sont prêts à relever le défi.
Une série de formation pour renforcer les capacités des responsables, parlementaires, juristes et autres praticiens spécialisés dans les questions foncières est déjà en cours. Nous nous donnons trois ans au moins pour stopper la pratique illégale d'acquisition des terres. Et qu'au cours de la prochaine décennie, la gestion des terres se sera bien améliorée.