Addis-Abeba — La conférence sur les politiques foncières conclut aujourd'hui que les questions foncières ne devraient plus être considérées comme un sujet politiquement sensible, jusqu'au point que les États restent inertes et manquent des occasions de faire bon usage du facteur indispensable de la production au profit de leurs populations.
À l'issue de la réunion de quatre jours sur les politiques foncières en Afrique, les 400 délégués africains issus du gouvernement, secteur privé, milieu universitaire de la société civile, et des dirigeants locaux, ont annoncé que de nouvelles mesures audacieuses doivent être prises par les gouvernements en collaboration avec la société civile et le secteur privé pour que l'utilisation des terres soient profitable à l'État, aux investisseurs et groupes défavorisés tels que les populations autochtones, les femmes et les jeunes.
La conférence organisée par LPI, une initiative conjointe de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), la Commission de l'Union africaine (CUA) et la Banque africaine de développement (BAD), s'est penché sur un grand nombre d'aspects de la dynamique qui entourent l'accès et l'utilisation des terres et s'est clôturée avec des recommandations claires formulées par les partenaires techniques et de développement, décideurs, société civile, secteur privé et monde de la recherche et universitaire.
Leurs réflexions reflètent que pour la prochaine décennie, les pays africains devront mettre en place une planification de zonage des terres pour l'utilisation des terres, des cadres institutionnels et assurer le renforcement des capacités des réformes et politiques foncières appropriées ainsi qu'une budgétisation foncière et pour le développement proactive. Alors que les acteurs publics et privés ont été appelés à contribuer aux ressources financières et humaines dans la recherche foncière, dans le cadre de la budgétisation, l'Union africaine a été invitée à proposer aux gouvernements africains un seuil minimum de dépenses pour des politiques et une recherche foncières.
Les participants ont loué les efforts de plusieurs gouvernements africains à résoudre les problèmes fonciers et inclure dans leurs cadres juridiques les droits sociaux au foncier, tout en déterminant les défis à relever. Cela comprend un système d'audit et de rezonage pour une utilisation particulière, documenter les droits fonciers, lutter contre la corruption, parvenir à négocier entre régimes coutumiers et étatiques, utiliser de façon optimale la technologie moderne pour les questions de politique foncière et l'échec de faire de ces politiques des lois, lorsque ces politiques existent déjà.
Voilà la raison pour laquelle les participants ont souligné la nécessité d'un dialogue inclusif entre les acteurs étatiques et non-étatiques et une ouverture d'esprit de copier des innombrables exemples documentés à la conférence, et, surtout, les nombreuses dispositions de l'Initiative sur les politiques foncières.
M. Stephen Karingi, qui s'est adressé au nom du Secrétaire exécutif de la CEA, à l'issue de la conférence, dit que les preuves et meilleures pratiques qui ont été partagées par tous à travers le monde, devraient être le futur point d'ancrage des travaux des parties prenantes sur le foncier en Afrique; et ajoute que la CEA continuera à apporter son soutien sans réserve au programme sur le foncier de l'UA, et que les recommandations et priorités soulevées lors de la conférence informeront les interventions futures de la CEA sur les questions foncières.
«Cette conférence est une bénédiction pour tous les gouvernements africains», a opiné M. James Opio-Omondi, personne focale de l'Initiative sur les politiques foncières à la BAD. M. Opio-Omondi insiste sur la nécessité de renforcer le plaidoyer pour des politiques foncières inclusives en Afrique et demande à la société civile, parlementaires, chefs traditionnels de retourner dans leurs pays respectifs et de pousser pour que le foncier soit au centre de nos stratégies nationales de développement. Selon lui, une fois cette étape réalisée, il est facile d'attirer les financements de la BAD.
message similaire de l'engagement a été repris par Mme Janet Edeme, point focal à la Commission de l'Union africaine qui s'adressait au nom de S.E. Tumusiime Rhoda Peace, Commissaire de la CUA pour l'économie rurale et l'agriculture. Elle fait remarquer que nous avons besoin d'un engagement à plus long terme pour relever les défis fonciers de l'Afrique, et ajoute que l'Union africaine doit aller de l'avant et pousser les États membres à intégrer les questions foncières dans la planification du développement de leur pays, tout en augmentant leurs propres ressources sur les questions de politique foncière aux fins de répondre aux recommandations de la conférence.
Un point majeur de la Conférence inaugurale sur les politiques foncières en Afrique a été le lancement des Lignes directrices de l'Initiative sur les investissements fonciers à grande échelle en Afrique. C'est un modèle de stratégie et processus pour aider les gouvernements africains à trouver un équilibre entre les intérêts économiques sur l'aménagement du territoire, l'État, les communautés et l'environnement.