Afrique: Les défis léonins de Michaëlle Jean, nouvelle Secrétaire Générale de la Francophonie

la Canadienne Michaëlle Jean, Secrétaire générale de l'OIF
1 Décembre 2014

La Canadienne d'origine haïtienne, Mme Michaëlle Jean va conduire les destinées de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) à partir de Janvier 2015.

Consciente de la lourdeur des défis qui l'attendent, le nouveau patron de l'OIF, compte s'appuyer sur les « prestigieux » legs de M. Abdou Diouf dont le bilan a permis de faire de la Francophonie un instrument incontournable dans la géopolitique mondiale. Mme Jean ambitionne de donner un positionnement stratégique à l'organisation au niveau international.

« Faire mieux et toujours plus ensemble ». C'est le cri de guerre qu'a lancé la nouvelle Secrétaire Générale de la Francophonie, élue après un consensus. La Canadienne a précisé d'entrée : « On ne replace pas Abdou Diouf, on lui succède dans la continuité de son action ». Après avoir pris connaissance de tout ce que les pays considèrent comme étant leurs forces, le nouveau patron de l'OIF souligne : « Nous avons au sein de la Francophonie des pays de tous les horizons : certains sont industrialisés et se retrouvent au sein du G7, du G20 ; d'autres sont des pays émergents avec un élan de croissance remarquable. Il y a aussi des pays moins avancés mais qui ont aussi en eux des forces en termes de ressources humaines, de ressources naturelles… » Elle pense qu'il sera question de miser sur toutes ces forces énumérées pour avancer ensemble. Pour elle, « en mettant à contribution nos expertises, nos institutions, nos accomplissements, nos modèles de développement, nos capacités de faire, la perspective est réjouissante ».

Comme Secrétaire générale, elle compte faire de la langue française un levier extraordinaire pour « avancer ensemble », pour le développement des économies des pays francophones.

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Michaëlle Jean affirme avoir appris comme tout le monde le processus ayant conduit à son élection. A son avis, le fait de trouver un consensus traduit un gage de confiance qui est nécessaire pour avancer et surtout mener, accompagner des objectifs qui sont certainement très ambitieux.

Elle aura ainsi la lourde tâche de mener la feuille de route sur laquelle les chefs d'Etat et de gouvernement se sont entendus et dit être convaincue que la stabilité est assurément nécessaire pour travailler davantage au développement et à une Francophonie économique. Elle considère que l'expertise de l'OIF est essentielle surtout sur les opérations et actions qu'elle mène dans la prévention des crises et dans le processus de démocratisation.

Sur cette lancée, le président François Hollande a rappelé les principes de la Francophonie qui sont entre autres des valeurs du pluralisme, de liberté, de démocratie. A son avis, c'est sur la base de ces valeurs qu'Abdou Diouf a pu intervenir dans un certain nombre de pays. Il cite l'exemple du Burkina Faso où « nous avons fait valoir le principe des élections et surtout de l'ordre constitutionnel ». Pour le président français, « il peut y avoir révision de constitution mais lorsqu'il y a eu une constitution qui a été adoptée par un peuple et qu'il y a eu des règles qui ont été posées pour les candidatures à l'élection présidentielle alors, il ne peut pas être question à la veille d'un scrutin de changer l'ordre constitutionnel ».

C'est ainsi que pour mener à bien sa mission, Mme Jean compte sur la capacité de l'OIF à rassembler les efforts des pays membres qui misent sur la croissance, la prospérité, le développement tout en sachant, par exemple, « qu'une crise au Mali n'est pas une crise malienne. C'est une situation qui peut mettre en péril la stabilité de l'ensemble des pays de la région et du continent ».

Mme Jean qui revendique son africanité dit retenir la recommandation « très forte » du Secrétaire Général sortant Abdou Diouf qui appelait au renforcement de l'action de la Francophonie en termes de prévention. « Avec toutes nos antennes déployées, il faut mieux entendre les signaux envoyés par les populations qui voient venir les crises, savoir les prévenir, créer de l'espoir pour les jeunes en désamorçant ces mouvements de déstabilisation, être à l'écoute de leur espérance, miser sur le développement », renchérit Mme Jean.

Le 15ème Sommet de la Francophonie a adopté le cadre stratégique à moyen terme et la stratégie jeunesse et la stratégie économique. Il a vu l'adhésion de pays comme le Kosovo, le Costa Rica et le Mexique, portant le nombre de membres à 80. Ces assises de Dakar ont également permis au président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila de transmettre les pouvoirs de la présidence de la Francophonie à son homologue du Sénégal, Macky Sall qui se chargera de porter la voix de la Francophonie dans toutes les instances internationales. Le temps de passer le témoin à Madagascar où se tiendra le prochain sommet de la Francophonie.

Réactions…réactions…réactions…

Pierre Buyoya, candidat malheureux du Burundi : « Visiblement le pacte d'Hanoï n'a pas fonctionné »
« Il faut souligner la désunion entre Africain. Il faut féliciter celle qui a gagné. Je voudrais remercier tous ceux qui m'ont soutenu, en particulier mon président Pierre Nkurunziza qui s'est investi jusqu'au bout, mais aussi tous les amis qui m'ont accompagné au Burundi, en Afrique, en Europe. J'ai porté dans ma campagne, les valeurs de la Francophonie, une organisation que j'ai servie sur le terrain. Je continuerai à croire en cette organisation, à la servir. Visiblement, le pacte d'Hanoï qui disait que le Secrétaire Général devait être africain n'a pas fonctionné ».

Macky Sall, Président du Sénégal : « Le choix de Michaëlle Jean s'impose pour notre espace »

« Je voulais souligner les qualités de la nouvelle Secrétaire Générale qui a pu rallier l'ensemble des pays qui avaient des candidatures devant le constat d'une non candidature unique africaine. Je pense qu'au moment où la Francophonie doit être une organisation ouverte, une organisation en phase avec son temps, le choix d'une femme comme Michaëlle Jean est un choix de raison. C'est un choix qui s'impose pour notre espace. Cela a facilité le consensus ».

François Hollande, président de la République française : « J'ai veillé à ce que le poste d'Administrateur Général de la Francophonie puisse revenir à un Africain »
« J'ai proposé que nous puissions nous retrouver avec les pays qui ont proposé une candidature de manière à ce que nous puissions rechercher, un consensus. Les pays l'ont accepté et je veux leur rendre hommage. Il y avait quatre candidatures qui étaient africaines et une qui ne l'était pas même si nous avons relevé que Mme Jean, était d'une certaine façon africaine.

Les Africains ont constaté qu'il n'était pas possible de trouver un consensus entre eux mais qu'il était nécessaire de trouver un consensus francophone. C'est une solution qui permet de rassembler et c'est sur la candidature de Michaëlle Jean que l'unité s'est forgée. C'est dire les éminentes qualités de Mme Jean. Mais aussi le choix qui a été le notre et j'ai veillé à ce que le poste d'Administrateur Général de la Francophonie puisse revenir à un Africain ou une Africaine. Les Africains auront à faire des propositions.

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