Intégration commerciale - Et si l'Afrique du Nord prenait exemple sur l'Asie du Sud-Est ?

Les Communautés économiques régionales se concertent pour renforcer le commerce intra-africain et la Zone de libre-échange continentale
1 Décembre 2014
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

Dans sa dernière Note économique consacrée à l'Afrique du Nord, la BAD revient sur un paradoxe, propre à la région : malgré une longue histoire en commun, des ressemblances et des affinités de nature géographique, culturelle, religieuse et linguistique, l'Afrique du Nord demeure sous-intégrée. Une absence d'intégration régionale que l'on explique généralement par la similitude des structures économiques respectives des pays de la région et par un manque de complémentarités entre les systèmes productifs des pays de la région.

Afin de mieux éclairer cette spécificité nord-africaine et surtout y remédier, cette nouvelle étude de la BAD, intitulée « L'intégration régionale en Asie du Sud-Est : enseignements à titrer pour les pays d'Afrique du Nord », passe en revue l'expérience d'une toute autre région du monde : l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est), qui compte 10 pays (Brunei, Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Laos, Cambodge, Myanmar, Vietnam) et jugée comme l'un des exemples les plus réussis au monde (outre l'Union européenne) en matière d'intégration régionale. Une intégration régionale qui doit davantage aux stratégies commerciales adoptées qu'aux seuls efforts politiques. Dans ces pays du Sud-Est asiatique, qui présentent aux aussi de fortes similitudes, cette dynamique du commerce régional repose sur une particularité : avoir adopté une stratégie économique qui privilégie de développer le commerce au sein d'une même filière - plutôt que la spécialisation, avec des pays qui développeraient chacun leur propre filière. Le cas européen en témoigne, le commerce au sein d'une même filière peut s'avérer intense entre économies similaires. La similitude des structures économiques (hors hydrocarbures et phosphates) que présentent les pays nord-africains n'est donc pas donc pas la cause de leur manque d'intégration commerciale.

Ce ne sont pas leurs points communs qui entravent le potentiel commercial régional des pays d'Afrique du Nord. Mais la relative faiblesse de leur développement économique et/ou le retard de leur industrialisation, démontre la Note économique de la BAD. Une faiblesse qui explique d'ailleurs leur difficulté à s'intégrer dans les chaînes de valeur globales.

Autre point fort des pays de l'ASEAN, traditionnellement plus ouverts aux investissements directs étrangers (IDE) que les pays d'Afrique du nord : s'être très tôt intégré aux stratégies des entreprises multinationales, comme base de production d'abord, puis comme marché ensuite. Ces acteurs étrangers sont ceux qui ont le plus contribué à l'intégration commerciale de cette région d'Asie. Le maillage des investissements directs opérés par les entreprises extra-régionales ont créé des interdépendances structurelles entre les segments des industries respectives des différents pays de la région.

Dans l'optique de bâtir enfin leur intégration commerciale, les pays d'Afrique du Nord devraient donc s'inspirer de l'expérience de l'ASEAN, stipule la Note : engager une libéralisation multilatérale qui favorise l'intégration régionale ; identifier des objectifs mutuels ; stimuler l'attractivité et les entrées d'IDE ; et intensifier les transports aériens régionaux.

Poursuivre leur intégration commerciale et, partant, régionale, profitera à la croissance de chacun des six pays d'Afrique du Nord.

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