Afrique de l'Ouest: Entrée en vigueur de l'APE – Les entreprises sénégalaises à pied d'œuvre

9 Février 2015

Le Sénégal se prépare activement à l’invasion annoncée de produits et services européens en vue de la signature prochaine de l’Accord de Partenariat Économique (APE). Le pays continue d’activer son Bureau de Mise à Niveau (BMN) qui dirige un programme initié par le gouvernement au bénéfice des entreprises sénégalaises, pour permettre au secteur privé de faire face.

Le vin est tiré et il faut le boire ! La signature de l’Accord de Partenariat Économique (APE) entre l’Afrique de l’Ouest et l’Union européenne (UE) n’est plus qu’une question de mois. Le Tarif Extérieur Commun (TEC/CEDEAO) qui est un instrument de fixation et de libéralisation des droits tarifaires devant prendre en compte un accès au marché commun dans le cadre du commerce régional et de l’intégration en l’Afrique de l’Ouest, est entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2015.

Conscient de cette nouvelle donne, le Sénégal prépare son secteur privé. C’est dans ce sens que travaille son programme de mise à niveau initié depuis 2004. Ce mardi 10 février à Dakar, des conventions avec sept entreprises dont le dossier a été approuvé par le Comité de pilotage après évaluation du BMN, ont été signées. Le montant total des investissements approuvés s’élève à 4,4 milliards F CFA pour des primes de 0,9 milliard F CFA.

De cet appui, il est attendu des investissements devant générer 400 emplois permanents et 461 autres temporaires. Les projections faites scrutent une croissance du chiffre d’affaires variant entre 16% et 85%, une augmentation de la valeur ajoutée variant entre 40% et 79%, une amélioration du taux de marge nette variant entre 12% et 55%, une meilleure organisation et une amélioration des compétences du personnel (formation métier, technique de vente, marketing), une amélioration de la productivité du personnel…

Le Directeur Général du BMN, Ibrahima Diouf confie que le gouvernement a initié le programme de mise à niveau des entreprises dans le souci de faire face aux exigences d’ouverture des frontières et de compétitivité de l’économie. « La présence des entreprises étrangères sera la conséquence immédiate de l’ouverture des frontières ». Devant cet état de fait, poursuit M. Diouf, « si notre tissu industriel n’est pas suffisamment outillé, armé ou accompagné, il y a un grand risque de voir nos produits et services manquer de compétitivité vis-à-vis de ceux d’entreprises étrangères ».

Le programme de mise à niveau ambitionne également d’augmenter la productivité du travail mais également celle du capital ou l’efficacité de l’investissement devant lui permettre de créer de la valeur et de la richesse.

Ainsi, pour être éligible au programme de mise à niveau, l’entreprise doit être de droit sénégalais. Elle doit, entre autres, exister deux ans avant de solliciter l’appui du programme de mise à niveau, être dans des secteurs d’activité comme la production, la transformation, les services et tous les secteurs retenus dans le cadre de la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA) ou qui sont dans le dispositif du Plan Sénégal Émergent (PSE).

10,5 milliards de F Cfa d’investissements approuvés en 2014

En août dernier, une première cérémonie de signature de convention avait été organisée pour huit entreprises des divers secteurs éligibles à la Mise à Niveau. Ce qui témoigne du dynamisme qui a caractérisé le Bureau de Mise à Niveau (BMN) en 2014. Au total, 17 dossiers ont été approuvés par son Comité de Pilotage pour un montant global de 10,5 milliards F CFA d’investissements approuvés et 2,5 milliards F CFA de primes versées aux entreprises dont le dossier a été approuvé.

Actuellement, la réalité montre que des secteurs comme la filière cuir et peau sont en difficulté à cause de l’absence d’un environnement des affaires propice. Ibrahima Diouf pense que cette situation est due au fait que le Sénégal autorise l’exportation brut de peau alors que les autres pays de la sous-région exigent un degré de transformation. Aujourd’hui, sur la quinzaine de Petites et Moyennes Entreprises que comptait le Sénégal dans ce secteur, une seule n’a pu résister. Tout le reste des acteurs évolue dans l’informel.

Un programme de mise à niveau spécifique pour la Très Petite Entreprise

Un programme de mise à niveau spécifique est en élaboration et devrait être validé la semaine prochaine par le comité de pilotage du Bureau de Mise à Niveau. L’annonce a été faite par le Directeur Général du BMN, en marge de la signature des conventions le mardi 10 février à Dakar.

A en croire M. Diouf, la Casamance va être le premier terrain d’expérimentation de ce programme spécifique. Cette option répond à une volonté de toucher davantage l’économie locale en essayant de descendre vers la base, c’est-à-dire les petites et moyennes entreprises. « Une étude a montré que le programme impacterait plus et mieux s’il touchait les Petites et Moyennes Entreprises ».

Depuis son démarrage en 2004, le BMN du Sénégal a approuvé 115 dossiers dont 25% font de l'exportation. Ce qui, de l’avis de M. Diouf, représente un montant global de 83 milliards de F Cfa d'investissements prévus, dont 63,4 milliards de F Cfa d'investissements approuvés et 14,3 milliards de F Cfa de prime octroyées en contrepartie.

Cet appui est allé essentiellement à de grandes entreprises ou celles ayant un certain niveau de structuration, de taille ou de degré d’organisation. Même si ces dernières ont démontré la pertinence du programme et l’effet bénéfique procuré en termes d’amélioration de leur chiffre d’affaire, de conquête de nouveaux marchés et de création d’emplois, la réalité du pays reste que 70% de son tissu industriel est constitué de Très Petites Entreprises (TPE). Un état de fait qui exige une prise en charge de cette masse dans un contexte prochain d’invasion des produits et services européens.

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