Addis-Abeba — Le Dr Ekow Spio-Garbrah, Ministre du commerce et de l'industrie du Ghana et le Dr Arkebe Oqubay, Ministre et Conseiller du premier ministre de l'Éthiopie ont lancé l"édition 2015 du Rapport économique sur l'Afrique (ERA), intitulé «L'industrialisation par le commerce», au cours de la Conférence des ministres africains des finances et du développement économique, à Addis-Abeba.
Le Rapport de cette année s'appuie sur les messages clés des éditions précédentes et se concentre sur l'industrialisation et la transformation structurelle.
Le Dr Spio-Garbrah a fait l'éloge du rapport lors de son lancement, commentant ainsi son analyse profonde et ses recommandations. Il a expliqué que l'Afrique doit se concentrer sur le commerce transfrontalier et doit surtout augmenter la chaîne de valeur. Il a lancé un appel aux décideurs politiques africains de concrétiser les recommandations du Rapport économique pour l'Afrique.
Dr Oqubay a également fait l'éloge du rapport et avisé de se concentrer sur trois questions dans le contexte du marché mondial. Premièrement, il faut améliorer et renforcer les exportations; deuxièmement, s'assurer de l'intégration du marché intérieur et troisièmement, être vigilant de ne pas outrepasser le secteur des services alors que la fabrication est encore faible.
M. Abdalla Hamdok, Secrétaire exécutif adjoint de la CEA a partagé les mêmes sentiments et souligné l'importance de faire face au défi de ne pas se retrouver au bas de la chaîne de valeur mondiale. M. Hamdock révèle qu'il existe des preuves empiriques de la relation bidirectionnelle entre l'industrialisation et le commerce. Il est important d'orienter les politiques commerciales vers des objectifs de développement nationaux et être sélectif dans des secteurs spécifiques étant donné les coûts de cette initiative. Il a également indiqué que des stratégies soigneusement conçues pour le commerce peuvent contribuer à l'industrialisation.
Les experts se sont penchés sur la question de la croissance actuelle en Afrique, ses perspectives et défis. M. Adam Elhiraika, Directeur, Division de la politique macroéconomique, à la CEA, a révélé quelques faits très intéressants. Il dit qu'en dépit des tendances défavorables, les perspectives de croissance de l'Afrique restent positives avec comme principaux moteurs de la croissance en 2015, une consommation privée et des investissements à la hausse. Le déficit des comptes courants restent élevés en raison des déficits commerciaux et de la demande accrue de biens d'équipement. L'inflation stable, de 6,9% en 2015 à 6,7% en 2016, renforce l'économie de l'Afrique. Les entrées de capitaux privés devraient rester élevées en 2015 grâce à un meilleur environnement des affaires et des perspectives de profit.
Toutefois, il met en garde que les stratégies novatrices pour la mobilisation des ressources internes et externes sont nécessaires afin de combler le fossé des ressources nationales. Certains des défis auxquels l'Afrique fait face à mi-terme sont le ralentissement des prix du pétrole et des matières premières, la reprise lente des pays développés, les politiques monétaires mondiales plus strictes, les chocs liés aux conditions météorologiques, et l'instabilité politique. Il conclut cependant que les fondamentaux sous-jacents de la croissance à long terme de l'Afrique restent solides. Pour s'assurer d'une performance économique résiliente par l'industrialisation, l'Afrique doit adopter des stratégies de développement social qui sont compatibles avec l'expansion des services modernes et secteurs industriels.
Tout en expliquant que le commerce peut être un outil de promotion du développement industriel et de la transformation structurelle, M. Stephen Karingi, Directeur de la Division de l'intégration régionale et du commerce de la CEA, déclare que pour industrialisation induite par le commerce doit être interactive et cohérente avec une stratégie de développement nationale.
Il ajoute que les entreprises africaines semblent adopter de plus en plus les chaînes de valeur mondiales, mais sont principalement limitées aux activités modestes avec une valeur ajoutée nationale limitée. La portée des chaînes de valeur mondiales pour soutenir la transformation structurelle est, par conséquent, largement inexploitée, en particulier pour ce qui relève des chaînes de valeur régionales et du commerce intra-africain.
En conclusion, le Dr Oqubay dit qu'en ce qui concerne la réalisation d'une transformation structurelle, le financement du développement est essentiel. Comme exemple concret, il prend l'expérience actuelle que vit l'Éthiopie (en particulier la pratique de la Banque de développement de l'Éthiopie). Il conclut en suggérant qu'une alliance soit formée pour s'opposer à l'ordre commercial mondial injuste et procéder à nouveau à des négociations.