Le Sénégal s’achemine vers l’instauration de son marché en efficacité énergétique et des énergies renouvelables. C’est dans ce cadre qu’une ligne de crédit de 3,28 milliards de F Cfa, soit cinq millions d’euros, est mise à la disposition de ses entreprises pour le financement de potentiels investissements en matière de dépollution (traitement des rejets, valorisation ou recyclage des déchets), ou visant une production plus propre.
Toutes les conditions sont actuellement réunies au Sénégal pour le développement du marché de l’Efficacité énergétique (EE) et des Energies renouvelables (EnR). Cette conviction est des responsables du projet SUNREF Afrique de l’Ouest qui ont procédé, le mardi 14 avril 2015, au lancement officiel de leur projet au Sénégal avec une ligne de crédit vert dédiée de l’Agence française de développement (Afd).
D’un montant de 3,28 milliards F Cfa, soit 5 millions d’euros mis à la disposition des entreprises sénégalaises, cet instrument se veut un financement innovant, avec un impact positif attendu sur l’amélioration de la balance des paiements et de la sécurité énergétique, l’accès à l’énergie pour tous, la maîtrise des coûts de l’énergie pour les entreprises, la diversification du bouquet énergétique du pays, l’amélioration de la capacité productive et de la compétitivité des entreprises notamment des Petites et Moyennes Entreprises (PME), etc.
Cette initiative est de l’Afd et la Société Générale de Banque au Sénégal (Sgbs), en partenariat avec le Bureau de Mise à Niveau des entreprises et en synergie avec le projet SUNREF Afrique de l’Ouest. Le coordonnateur de ce dernier projet, le Dr Roger N’Gessan informe que cette ligne permettra notamment de financer des investissements en matière de dépollution (traitement des rejets, valorisation ou recyclage des déchets), ou visant une production plus propre.
Cet outil d’appui est en synergie avec une ligne de crédit verte de 19,68 milliards de FCFA, soit 30 millions d’euros, dédiée au soutien à l’Efficacité énergétique (EE) et au développement des Energies renouvelables (EnR) en Afrique de l’Ouest que l’Afd en partenariat avec l’Union Européenne (UE) et le Fonds Français pour l’Environnement mondial (Ffem) avait mis en place.
Le directeur de l’Afd au Sénégal, M. Olivier Pezet de rappeler que la deuxième ligne de crédit dédiée fait suite à la première ligne de crédit verte AFD/SGBS déployée dans le pays en partenariat avec le Bureau de Mise à Niveau depuis 2010 et consommée avec un « succès réel » auprès des entreprises. « Cette Ligne Verte de 5,25 milliards de F Cfa (8 millions d’Euro) a permis à la banque de financer, à des taux préférentiels, en deux ans, cinq projets d’entrepreneurs sénégalais porteurs de projets liés à l’Efficacité Énergétique, aux énergies renouvelables et à la dépollution ». Comme en témoigne M. Brahim Hawili, Directeur Général de SIMPA, première entreprise sénégalaise à bénéficier de ce financement. Selon lui, avec un appui de 1,500 milliards de F Cfa acquis à des conditions favorables, la société qu’il manage a pu augmenter considérablement son chiffre d’affaires en rationalisant l’énergie utilisée dans la production.
A côté de la SGBS, ORANBANK est également impliquée dans le processus. Deux banques partenaires qui, à en croire, le Dr Roger N’Gessan, ont déjà initié, chacune de leur côté, des actions en matière de développement durable et de financement vert : « la SGBS pour avoir abrité la première ligne de crédits verts en 2010 et ORABANK pour avoir contribué depuis 2009, avec Enda Energie et la Fondation Senfinance, à un mécanisme de micro financement visant la mutualisation de l’accès aux services énergétiques durables ».
A la suite de ces réalisations, le coordonnateur de SUNREF Afrique de l’Ouest décline de fortes attentes par rapport au projet qu’il gère, illustrées par l’importance des projets EE et EnR identifiés lors de l’étude de marché réalisée fin 2014 dans le cadre des activités de la phase de démarrage. En effet, au Sénégal, précise le Dr N’Gessan, un pipeline de 38 projets en EE et en EnR est identifié et priorisé avec un montant total estimé de 11 milliards de F Cfa soit 16,79 millions d’Euros pour 11 projets sur les 38 identifiés. A son avis, la classification par maturité permet de dégager sept projets pour un total d’investissements estimés à 4,7 milliards FCFA soit sept millions d’Euros, auxquels s’ajoutent quatre projets identifiés par la SGBS pour un besoin de financement de quatre milliards de F CFA, soit six millions d’Euros.
Ainsi, la ligne de crédit qui vient d’être mise à disposition au Sénégal devait, selon les initiateurs de SUNREF Afrique de l’Ouest permettre de financer des investissements en matière de dépollution (traitement des rejets, valorisation ou recyclage des déchets), ou visant une production plus propre. Mais aussi de développer le marché de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables, plus généralement, l’intégration des enjeux environnementaux dans les décisions d’investissement.
Il faut relever qu’après le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie, le Sénégal, de même que l’ensemble des pays de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africain (Uemoa), bénéficient ainsi de cette initiative qui cherche à répondre à un besoin réel en financement dans le domaine de l’efficacité énergétique. Le Dr Roger N’Gessan, assure que SUNREF Afrique de l’Ouest ambitionne de répondre à la crise énergétique dont est confrontée depuis les années 2000, la région. Ceci du moment où les spécialistes ont relevé que les capacités d’approvisionnement et les investissements réalisés dans le secteur ne permettent pas de répondre à une demande croissante en énergie durable.
Devant cet état de fait, l’Agence Française de Développement entend contribuer à soulager cette contrainte en soutenant le financement de projets privés intégrant ces enjeux dans les pays de l’Uemoa. Une action qui confirme l’ambition de la coopération française à promouvoir les financements verts en Afrique.