Le classement Doing Business 2016 de la Banque mondiale est attendu dans un futur proche. Les pays africains sont à pied d’œuvre pour montrer l’attractivité du climat de leurs affaires. C’est à l’image du Sénégal qui ambitionne d’améliorer son rang pour ainsi entrer dans le Top 100 des plus grands réformateurs au monde.
Passant de la 171ème à la 161ème place dans le Doing Business 2015 de la Banque Mondiale, le Sénégal compte faire encore mieux pour le classement à venir. Le pays veut s’appuyer sur son climat des affaires pour réussir la mise en œuvre de son Plan Sénégal Emergent (PSE) et arriver, dans un futur proche, à un taux de croissance de 7% puis à deux chiffres. Depuis 2011, un processus a été mis en place pour améliorer l’attractivité du pays en permettant au secteur privé de mieux saisir les opportunités qui sont offertes.
En marge de l’atelier d’échange avec le Collectif des Journalistes Economiques du Sénégal (COJES), les 17 et 18 avril 2015 à Saly Portudal (Mbour), sur les réformes de l’environnement des affaires, focus du Doing Business 2016, Mamadou Lamine Ba, Directeur de l’environnement des affaires à l’Agence pour la Promotion des Investissements et des grands travaux (APIX), confie que le pays est optimiste pour le Doing Business 2016.
Selon lui, le gouvernement s’appuie sur une feuille de route avec des mesures essentielles entreprises, et effectives, qui permettent d’améliorer la position du Sénégal. Une démarche traduisant une volonté politique qui consiste à rester dans le lot des meilleurs réformateurs, continuer à gagner pour entrer dans le Top 100 mondial, dans les années à venir.
Pour y parvenir, le pays compte sur les efforts réalisés ces dix derniers mois pour baisser les coûts administratifs en sachant que lors des années passées, un travail a été mené sur le changement des textes pour l’amélioration du climat des affaires. Dans cette dynamique, une nouvelle génération de réformes a été ouverte. Pour la création d’entreprises, par exemple, le capital minimum n’est plus exigible ainsi que les droits de timbre pour la création d’une Société à Responsabilité Limité (SARL).
Pour ce qui est des transferts de propriété, le taux a été abaissé à 5% au lieu de 10% en sachant qu’il y avait une première baisse de 15 à 10%. Maintenant, les droits d’enregistrement passent de 10 à 5%. Sur cette mesure, il a été noté des conservations foncières ; l’avance sur consommation a été divisée de moitié dans le domaine du raccordement de l’électricité.
Concernant le commerce transfrontalier, le barème sur la manutention des containers a été revu à la baisse avec l’application d’un système de barème à la boite qui permet de passer de 46 catégories à six.
A cela s’ajoutent, les mesures de consolidation qui sont prises dans le domaine de la justice commercial avec la mise en place des moyens de jugement alternatif : le conseil national pour la médiation et la conciliation et l’informatisation des procédures administratives (Dématérialisation des procédures avec Gaindé 2000, Teledac…)
Toutes ces mesures permettent aux responsables de l’APIX de penser que les choses vont s’améliorer davantage en sachant qu’«aujourd’hui pour réussir les projets et les chantiers de l’émergence, il faut d’abord réussir les réformes ».
Face à la concurrence accrue des autres pays, le Sénégal se fixe comme défi de montrer du doigt les réformes structurelles à finaliser dans les domaines du foncier, la législation du travail, l’électricité pour permettre aux entreprises d’être beaucoup plus compétitives et de créer plus d’emplois. Il faut relever que certaines de ces réformes structurelles sont trainées depuis 15 ans.
Jouer sur 14 indicateurs internationaux en même temps
La compétition pour l’attractivité du climat des affaires est aujourd’hui âprement discutée au niveau africain. Pour espérer convaincre d’avantage d’investisseurs sur la crédibilité de son environnement, un pays comme le Sénégal est jaugé sur 14 indicateurs de différents systèmes de notation divisés en quatre niveaux notamment ceux de la stabilité macro-économique et de la dette souveraine (Standard And Poors, Mo Ibrahim, Fitch). Il y a aussi les indicateurs d’attractivité de compétitivité et de gouvernance (Mo Ibrahim, Davos, Doing Business, Freedom Index). A cela s’ajoutent, entre autres, les indicateurs de qualité de vie (Indice du Développement humain ou IDH, le Progrès social de l’ICPS, Ernest And Youg…).
Pour faire face à cette panoplie de systèmes de notation, le Sénégal mène un travail continu de veille avec toutes les administrations qui essayent d’évoluer en parfaite intelligence avec un suivi au plus haut niveau. Des missions sont menées au niveau international pour s’inspirer des modèles de réussite et en bénéficiant de l’appui des Partenaires techniques et financiers comme la Banque mondiale.
Malgré les avancés cités sur le climat des affaires, le Sénégal doit faire beaucoup d’efforts sur d’autres indicateurs sur lesquels il est devancé par ses concurrents directs. Sur l’indice de sécurité, le Sénégal est souvent classé dans la zone rouge à cause de l’instabilité qui frappe ses pays limitrophes. Il faut préciser que l’indice global de sécurité d’Afrique de l’ouest n’est généralement pas bon à cause des crises politiques, les coups d’Etat répétitifs, la menace terroriste…qui asphyxient l’essor de la sous région.
Botswana, Mozambique, Cap-Vert…des exemples à suivre
Malgré un climat des affaires peu reluisant au niveau africain, certains pays sortent du lot. Ils sont souvent logés dans le groupe des meilleurs réformateurs. C’est à l’image du Cap-Vert, du Botswana et de la Mozambique. Pour Mamadou Lamine Ba, Directeur de l’environnement des affaires à l’APIX, la performance de ces pays montre qu’on n’a pas besoin d’être un grand ou d’avoir beaucoup de moyens pour réformer. « Quand il y a une volonté politique et que les populations s’accordent sur la nécessité de changer, il y a possibilité d’y arriver ».
D’une manière basique, M. Ba pense qu’aujourd’hui, il est presque impossible de trouver des coiffeurs ou des peintres capverdiens à Dakar grâce à la transformation rapide qui s’est opérée dans leur pays d’origine. Le même constat est fait au Mozambique, un pays qui a fait une guerre d’indépendance mais parvient, aujourd’hui, à faire des alternances démocratiques comme le Sénégal. « Le secret de ces pays c’est qu’ils ont pu maîtriser beaucoup de choses et travailler sur leurs faiblesses », fait-il remarquer.