Afrique: Projets PPP – Plus du quart réalisé par l'Afrique du Sud et le Nigéria

6 Mai 2015

L’Afrique est à la traine dans la réalisation de projets de type Partenariat Public-Privé (PPP), mode de financement innovant ayant permis aux pays émergents de résorber grandement leur gap dans le financement des infrastructures.

En termes de nombre de projets Partenariat Public-Privé (PPP), l’Afrique Subsaharienne ne représente que 10% des activités dans l’ensemble des pays en développement, soit 9% en termes d’investissement avec plus du quart réalisé par l’Afrique du Sud et le Nigéria. Le constat a été fait par le représentant du secteur privé sénégalais, lors de l’ouverture du premier forum international sur le financement des projets de type PPP, ce mardi 5 mai à Dakar. Pour montrer cette part incongrue de l’Afrique dans les projets à type PPP, M. Mansour Cama a précisé que le besoin de financement annuel en matière d’infrastructure dans le continent est estimé à 93 milliards de dollars. Selon lui, au regard des dépenses en infrastructures (hors télécommunication), le secteur privé ne représente que 8,6% contre une participation du secteur public de 64%.

Un état de fait jugé peu reluisant du moment qu’une région comme l’Afrique de l’Ouest souffre d’un grand retard dans le domaine des infrastructures structurantes devant assurer une croissance durable. Le continent a un besoin de 43 milliards de dollars par an pour résorber ce gap. Les besoins en infrastructures sont énormes pour soutenir le développement et les ambitions d’émergence.

Un état des lieux qui, selon le représentant résident de la Banque Africaine de Développement (BAD), Mamadou Lamine Ndongo, laisse apparaitre l’existence de beaucoup de faiblesses mais aussi les opportunités devant amener l’Afrique à s’approprier la démarche PPP pour financer l’émergence des pays africains. Devant cet état de fait, le secteur privé est appelé à se mobiliser davantage dans ce marché des infrastructures qui présente d’énormes opportunités.

Le concept PPP est ainsi jugé complexe. Il repose essentiellement sur un principe de transfert de risques et que la solution partenariale présente, selon M. Cama, une combinaison d’avantages pour les parties prenantes que sont : Etat, secteur privé et collectivités locales. A son avis, qu’il s’agisse de contrat de concession, de lease/affermage ou de contrat de gestion, il s’agit toujours à des degrés divers d’un transfert de risques en même temps qu’elle permet une optimisation des dépenses publiques au moment où les ressources budgétaires se raréfient pour financer des infrastructures et services de base.

Les acteurs du secteur privé présents au forum de Dakar estiment que le recours aux PPP peut faciliter le développement des investissements et permettre une réaffectation budgétaire vers des dépenses sociales non susceptibles d’être financées sous une forme partenariale.

Sur cette lancée, il est souligné que le partage de risques qui permet un transfert au partenaire privé de certains risques qu’il est plus habilité à gérer qu’une autorité publique. Mais, poursuit M. Cama, en plus d’être un cadre de partage des compétences et de transferts de connaissances entre le public et le privé, le PPP constitue un nouveau contrat d’externalisation pour l’Administration, qui allège les coûts d’investissement.

Sur la même lancée, il est souligné que le recours à un PPP permet ainsi de bénéficier de l’expertise et des méthodes de fonctionnement du secteur privé dans le cadre d’un service public. Ce qui justifie que dans certains pays, les PPP sont aujourd’hui acceptés dans de nombreux domaines même les moins évidents, comme la défense nationale, bien qu’ils soient surtout présents dans des secteurs sociaux, en particulier les loisirs et le sport, les voieries, le transport, les TIC, les équipements urbains, la santé et de plus en plus dans l’enseignement supérieur.

Les exigences d’une politique de PPP réussie

Afin de réussir les projets de type PPP dans un contexte marqué par une floraison de plans d’émergence dans les pays africains, le secteur privé invite les Etats à mettre en place des institutions capables de gérer le processus de mise en place d’un PPP. Le public est également invité à préparer efficacement une due diligence au début du projet et la conduite de manière efficiente. Il s’agira de prendre le temps nécessaire pour l’analyse des aspects techniques du projet et procéder à sa bonne planification.

Sur cette même lancée, les Etats doivent travailler à mettre en place un système d’appels d’offres transparent afin de faire le bon choix de l’opérateur. Ils sont également invités à s’inspirer des modèles réussis de PPP, mettre l’accent sur la formation pour disposer des compétences de haut niveau en matière de PPP. Les gouvernants doivent veiller à une implication forte du secteur privé national et accorder un accent tout particulier aux transferts de compétences, et mettre en place un processus de coordination et de suivi rigoureux des contrats PPP.

Dans cette même dynamique, le Directeur Général d’Eiffage Sénégal, M. Gérard Sénac, dans sa requête adressée aux Partenaires Techniques et Financier (PTF) de simplifier les processus dans l’analyse des risques dans les projets de type PPP.

Le secteur privé invité à répondre aux exigences de qualité et de célérité

Classé dans le lot des acteurs créateurs de richesse et pourvoyeur d’emploi, le secteur privé africain est très attendu pour booster les projets de types PPP. Le président de la République du Sénégal, M. Macky Sall les invite ainsi à répondre, au préalable, aux exigences de qualité et de célérité. Venu présider le forum sur les projets PPP, M. Sall appelle à jeter un regard sur les secteurs sociaux. Il estime ainsi à aller, entre autres, vers la gestion moderne des hôpitaux, l’édification de prisons modernes répondant aux préoccupations de respects des droits humains.

Pour réussir le PPP, le chef de l’Etat sénégalais pense qu’il faut une forte régulation dans tous les domaines. Régulation qui, à son avis, ne doit pas être handicapante mais doit veiller sur les intérêts de tout le monde y compris ceux de l’investisseur et de l’usager... Pour lui, il faut susciter le développement de l’investissement africain au lieu d’envoyer leur argent dans les paradis fiscaux. C’est ainsi qu’il a cité une étude de la Communauté Economique pour l’Afrique (CEA) qui montre que « les ressources domestiques africaines, si elles sont mises à contribution, avec des ressources externes, nous n’aurons pas de difficultés majeures pour régler les besoins de financement ».

A la lumière de la baisse tendancielle de l’Aide Publique au Développement (APD) et des limites objectives des prêts concessionnels, M. Sall pense qu’il est indispensable de voir, par des mécanismes innovants, la meilleure démarche qu’offre le PPP. Pour y parvenir, il considère qu’il y a nécessité de continuer à rendre attractif l’environnement des affaires, la modernisation des administrations qui doivent impérativement passer d’une logique de commandement à une dynamique de développement tout en mettant un accent sur l’intégration régionale.

La rencontre de Dakar a permis d’apporter des précisions et de soulever des incompréhensions liées au PPP. Répondant à l’interrogation liée à la faiblesse des secteurs sociaux dans les projets PPP, M. Abdoulaye Ly, membre du comité de pilotage du forum et directeur de l’investissement du Sénégal, d’indiquer : « En Afrique, La faiblesse des financements PPP dans les secteurs sociaux explique le changement de paradigme avec la prédominance des infrastructures économiques qui ont été bénéfiques ».

A l’endroit de l’assistance, il précise que « les PPP ne sont pas assimilables à la privatisation. Il s’agit d’un mode contractuel de la commande publique ». Dans la même veine, le Ministre d’Etat, ministre de l’Economie, des Finances et du Plan du Sénégal, M. Amadou Ba d’avertir : « L’expérience a montré que le financement de PPP mal négocié est plus onéreux et les risques sont réels ». Une manière pour sensibiliser sur la nécessité d’appréhender tous les paramètres avant de se lancer dans un projet PPP.

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