Addis-Abeba — L'Afrique a besoin d'énormes capitaux pour éradiquer la pauvreté et le sous-développement mais ce sont 50 milliards de dollars en fraude et corruption qui quittent le continent, chaque année. Pour lutter contre cette tendance d'épuisement des capitaux, M. Thabo Mbeki, l'ancien Président sud-africain et Président du Groupe de haut niveau sur les flux financiers illicites, a déclaré aux délégués du Parlement panafricain, à Midrand, en Afrique du Sud que les États africains devraient faire appel à la coopération internationale et l'action conjointe et se pencher sur la responsabilité des pays bénéficiaires de ces capitaux.
M. Mbeki dit que le Parlement panafricain joue un rôle dans le plaidoyer et la vulgarisation des méthodes visant à rectifier ce phénomène. Le Groupe recommande les États africains de suivre et mettre fin à ces opérations financières illicites et surtout de recouvrer ces fonds. À la session présidée par M. Bethel Amadi, le Président du Parlement panafricain, Mr. Mbeki informe les participants que plus de 60% de ces flux financiers illicites en provenance du continent proviennent des activités des grandes sociétés commerciales. Parmi les activités criminelles, on retrouve le trafic de drogue qui représente environ 30% et la corruption 70%.
Ces opérations qui ont lieu dans le secteur commercial s'effectuent sous différentes méthodes telles que les prix de transfert, la fraude fiscale, l'évasion fiscale abusive, de fausses facturations commerciales, des accords d'incitation fiscale et de double imposition. Le rapport reconnaît que, bien que le secteur commercial soit la principale source de flux financiers illicites en Afrique, il échappe encore aux gouvernements.
La destination finale de ces fonds est l'Afrique et ailleurs dans le monde, généralement dans des paradis fiscaux et compétences territoriales disposant du secret financier. Le Groupe spécial a reconnu que de nombreux pays africains ne disposent pas de capacités pour lutter contre les flux financiers illicites. M. Mbeki déclare à la session que pour endiguer ces fuites il est nécessaire d'avoir des systèmes et coopération mondiaux entre la provenance et la destination de ces flux. Le panel a suggéré que la transparence de ces transactions financières est la plus importante pour réussir à lutter contre ces sorties illégales.
Le Comité suggère en outre qu'il serait préférable que la question de ces activités commerciales, criminelles et de corruption de flux financiers illicites soit traitée globalement sous les auspices des Nations Unies.
L'étude de la Commission économique pour l'Afrique estime à environ 90 milliards de dollars par an les besoins annuels de l'Afrique pour élargir et moderniser ses infrastructures; 30 à 50 milliards de dollars pour couvrir les coûts d'adaptation au climat et 25 milliards de dollars pour les besoins en énergie. Les fonds récupérés pourraient aider le continent à atteindre ses besoins en développement. Certains de ces fonds peuvent provenir de l'application de régimes fiscaux appropriés.
Le rapport souligne que l'utilisation d'exonérations d'impôt comme une incitation à l'investissement direct étranger en tant que responsable parce que les États ne parviennent pas à entreprendre des analyses de rentabilité appropriée. Le rapport recommande que lorsque les gouvernements offrent des exonérations d'impôt, ils devraient coordonner avec leurs autorités fiscales régionales pour établir des normes communes.
La Commission recommande également que les États remédient à la corruption. La corruption reste un sujet de préoccupation majeure malgré l'intérêt mondial et régional qui a abouti à l'adoption de la Convention des Nations Unies contre la corruption et la Convention de l'Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption. La corruption est une question transversale et une partie intégrante des flux financiers illicites en raison de son rôle de facilitateur.