Le ministre nigérian de l'Agriculture et du Développement rural, Akinwumi Adesina a été élu 8ème président de la Banque africaine de développement (Bad), le jeudi 28 mai 2015.
Il succède ainsi au Rwandais Donald Kaberuka. Une nouvelle équipe qui s'installe suscite toujours de l'espoir. Même si les meilleurs taux de croissance sont attendus en Afrique dans les cinq prochaines années, les défis restent énormes dans un continent où les disparités subsistent.
Une nouvelle ère s'ouvre à la Banque africaine de développement (Bad). Le 1er Septembre 2015, à Abidjan, M. Akinwumi Adesina, successeur de Donald Kaberuka, prendra officiellement fonction.
« A chaque fois qu'il y a un nouveau président c'est des espoirs. C'est une nouvelle dynamique ». C'est la conviction du Représentant Résident de la Bad au Sénégal, Mamadou Lamine N'Dongo qui, rencontrait la presse, le vendredi 29 mai 2015 à Dakar.
Lors de ce face à face avec les journalistes tenu à l'occasion des assemblées annuelles 2015 du Groupe de la Bad, M. N'Dongo a souligné que « chacun des sept présidents que nous avons eus a apporté une touche particulière en faisant avancer la Bad dans l'exécution de son mandat consistant à contribuer au développement économique et social de l'Afrique ».
Il a ainsi rappelé que c'est un grand espoir que M. Donald Kaberuka dont le second mandat de président de la Banque prend fin au mois d'août 2015, ait mis la Bad à un niveau très enviable. Son successeur lui a d'ailleurs rendu un hommage appuyé : « Je salue l'excellent travail du président Kaberuka et c'est un défi que de lui succéder. Il laisse derrière lui une Banque solide ».
Ministre actuel de l'Agriculture et du Développement rural de la République fédérale du Nigeria, Akinwumi A. Adesina, âgé de 55 ans, devra impulser une nouvelle dynamique tout en consolidant les acquis. « Nous espérons aussi que le nouveau président pourra apporter sa touche », lance M. N'Dongo.
De Mamoun Beheiry (Soudan), président de la Banque africaine de développement de 1964 à 1970, à Donald Kaberuka (Rwanda), président de 2005 à ce jour, la Bad a toujours bénéficié d'un leadership fort.
Une « marque déposée » perpétuée par Abdelwahab Labidi (Tunisie), président de la Banque africaine de développement de 1970 à 1976 ; Kwame Donkor Fordwor (Ghana), président de 1976 à 1980 ; Willa Mung'Omba (Zambie), président de 1980 à 1985 ; Babacar N'diaye (Sénégal), président de 1985 à 1995 et Omar Kabbaj (Maroc), président de 1995 à 2005.
« La Bad c'est un président mais aussi un personnel très dévoué avec des qualifications et des compétences qui font que la banque est ce qu'elle est », relève Mamadou Lamine N'Dongo. Avant de lancer : « Le nouveau président, si on lit son programme, donne de l'espoir. Une nouvelle dynamique va s'enclencher pour la Bad et pour l'Afrique ».
Les défis de la nouvelle présidence
Les défis qui doivent être relevés par l'Afrique et par la Banque africaine de développement, dans le cadre d'un programme de transformation structurelle de l'économie africaine, sont énormes.
Six des dix pays qui enregistrent les taux de croissance les plus élevés sont attendus en Afrique. D'après les projections, cette dynamique est appelée à durer les cinq prochaines années.
Présentant à la presse le rôle de la Bad dans l'agenda de transformation de l'Afrique et aussi du partenariat avec le Sénégal, Mamadou Lamine N'Dongo a fait remarquer le plus grand problème auquel est confronté le continent est la traduction de cette croissance sur les conditions de vie des populations. Une manière de dire que la croissance tant chantée n'est pas partagée. Elle est non inclusive.
M. Ndongo fait remarquer qu'aujourd'hui, même si la pauvreté est relative, le nombre de pauvres augmente. « Il y a des inégalités dans la répartition des revenues. L'Afrique est le deuxième continent après l'Amérique Latine en termes d'inégalité. L'Afrique est exposée à un problème de fragilité dans ses régions comme la Corne de l'Afrique, le Grand Lac, le Sahel ou bien les populations riveraines du fleuve Mano ».
A son avis, en Afrique, le gros problème c'est le chômage des jeunes qui est un fléau très grave. Pour lui, c'est ce qui est à l'origine des nombreux départs enregistrés sur la mer méditerranée dans des conditions déplorables. « Le problème de l'emploi crée également un malaise et beaucoup de frustration au sein de la population jeune ».
Un engagement de 400 milliards de F Cfa pour le PSE
Dans le cadre de son appui au Sénégal, la Banque africaine de développement (Bad) va apporter un appui très fort dans le cadre d'un partenariat solide et une coopération de longue date. Dans le Plan Sénégal Emergent (Pse), la banque s'est engagée à mobiliser un minimum 400 milliards de F Cfa.
Elle a un portefeuille de 28 projets en cours d'exécution pour un montant de 312 milliards de F Cfa. « Nous travaillons dans le domaine des infrastructures, du développement humain, des compétences pour permettre à ce que le Plan Sénégal Emergent soit une réussite », souligne Mamadou Lamine N'Dongo.
Sur cette lancée, ce dernier informe que la Bad va lancer au cours du deuxième semestre dans la préparation du nouveau document de stratégie (2016-2020) pour le Sénégal qui s'articulera pleinement autour des objectifs du Pse et qui visera la concrétisation de ses engagements lors du Groupe consultatif de Paris de février 2014.
Cet engagement envers le Sénégal est logé dans une politique de la Bad qui ambitionne de soutenir les pays du continent en général en vue de la transformation économique dans le cadre de la mise en œuvre de l'agenda Post-2015. M. N'Dongo confie que la banque participe activement à la préparation de la conférence sur le financement du développement à Addis-Adeba en juillet 2015, à la conférence des Nations Unies à New York sur l'agenda Post 2015 ; et le Sommet de Paris sur le climat.