Afrique de l'Ouest: Amnesty International ouvre son bureau régional à Dakar

17 Juin 2015

Amnesty International s'installe officiellement à Dakar. Son bureau régional devant couvrir l'Afrique de l'Ouest et du Centre a été inauguré. Une manière pour l'organisation de mieux s'investir dans la lutte contre les violations de droits humains dans le continent.

Jadis, mouvement très centré sur Londres, Amnesty International est en train de devenir polycentrique en se décentralisant dans le reste du monde. C'est dans ce cadre qu'elle a officiellement ouvert un bureau sous-régional, ce mercredi 17 juin à Dakar. Couvrant l'Afrique de l'Ouest et du Centre, ce bureau qui est effectif depuis le mois de janvier dernier, va prendre en compte les préoccupations des droits humains dans 23 pays.

Le Directeur Régional d'Amnesty International, M. Alioune Tine estime que la mise en place de ce bureau rentre dans le cadre de l'initiative Closer to the Ground qui, au terme d'une grande réforme, marque la volonté d'Amnesty de se décentraliser.
En plus de ce bureau de Dakar, l'organisation internationale compte une installation à Johannesburg, et à Nairobi, pour la région Est.

A travers le monde, elle a un bureau à Mexico et à Hong Kong et prévoit d'en ouvrir d'autres.

Ce qui fait dire à Alioune Tine que le mouvement mondial est aujourd'hui proche des préoccupations des populations. « Il est polycentrique et ouvert aux préoccupations des victimes des droits de l'homme ».

Il précise que ce bureau est un maillon décentralisé, autonome du secrétariat international et travaille en collaboration avec les huit sections Amnesty de l'Afrique de l'Ouest. Il est composé d'une équipe pluridisciplinaire composée de chercheurs sur l'Afrique de l'Ouest, des responsables de campagne, une coordonatrice pour l'éducation aux droits de l'homme, une équipe médias et communication, une équipe chargée de la production, la tradition…

L'Afrique face au défi des groupes armés

Un survol du bureau régional d'Amnesty sur la situation des droits de l'homme en Afrique de l'Ouest montre que le défi le plus redoutable pour les Etats c'est les groupes armés comme Boko Haram, Aqmi...

Alioune Tine estime que ce problème transfrontalier est devenu extrêmement difficile avec ce qui s'est passé récemment au Tchad, au Niger, au Nigéria. Pour lui, ce sont des défis redoutables auxquels les Etats n'ont pas été bien préparés avec une guerre asymétrique.

Devant le tableau sombre peint par ce phénomène, les Etats sont appelés à faire face aux conséquences sur les populations civiles. « Nous avons déploré l'incapacité des Etats à protéger les personnes civiles ».

Se donner les capacités à juger le leadership africain

Dans ce lot figure la question de l'impunité qui est un « cancer » en Afrique. De l'avis de M. Tine, il est impératif de se donner la capacité à juger le leadership africain. Le cas Hissen Habre est cité en exemple. « Sur ce sujet, il faut souligner que le Sénégal a une bonne loi de compétence universelle avec l'Afrique du Sud ».

Avant de se féliciter des récents événements survenus en Afrique du Sud avec le déplacement du président soudanais Omar El-Bechir, recherché par la Cour Pénale Internationale (CPI).

A ce sujet, M. Tine considère que la question des rapports entre l'exécutif et le judiciaire est essentielle. Avant de se réjouir : « Il y a eu un petit effort avec ce juge de Pretoria. Ce qui est un début car il faut effectivement que les Africains se donnent les moyens, la souveraineté judiciaire de juger ses leaders qui sont coupables de crimes de guerre, crime contre l'humanité ou des génocide. Ce qui montre que désormais c'est possible ».

Le bureau régional d'Amnesty International va également se pencher sur la question de l'inégalité scandaleuse avec les personnes très riches qui sont de plus en plus minoritaires face à une masse énorme de gens pauvres. L'histoire des migrants illustre cet état de fait. « On a l'impression qu'il y a des gens qui ne comptent pas. Dans les années à venir, cette question fera partie de celles qui sont plus fondamentales ».

A cela s'ajoute la lutte pour le respect de la liberté d'expression. Amnesty estime que de plus en plus, l'impression est donnée que dans la sous-région et un peu partout sur le continent, il est extrêmement difficile d'exercer cette liberté avec souvent l'usage excessif de la force.

Amnesty qui se félicite des efforts notés sur le continent appelle la coopération internationale à intervenir pour mieux donner les capacités à protéger les populations civiles. A son avis, la torture qui existe toujours reste souvent impunie.

Une campagne « Mon corps, mes droits » pour les femmes

Le bureau régional d'Amnesty International va lancer une grande campagne « Mon corps, mes droits » le 15 juillet 2015 au Burkina dans le cadre de la promotion des droits de la femme. A en croire, Alioune Tine, des chercheurs ont été envoyés dans les villages les plus reculés pour examiner la situation des femmes. Sur cette question, l'organisation internationale dit coopérer avec les Etats.

Une manière pour elle de faire part de son ouverture et sa disponibilité aux Etats pour promouvoir les valeurs qui font sa raison d'être qu'est l'éradication totale de la violation des droits humains sur cette terre. Un défi qu'elle peut relever avec l'appui de son réseau de huit millions de membres et supporters.

Se félicitant des progrès réalisés par Amnesty International, Mme Aminata Touré, l'envoyée spécial du président sénégalais, Macky Sall, invite l'organisation international à accompagner les gouvernements dans la construction d'un Etat de droit.
A son avis, pour avoir des avancées dans ce sens, les Etats doivent veiller à la bonne gestion des ressources, lutter contre l'impunité…

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