Afrique: Sakarya KONE Directeur Général du Groupe Alink Télécom – « Nous travaillons pour retrouver cette place de leader au niveau ouest africain »

23 Juin 2015
interview

La problématique de la connectivité en Afrique est le cheval de bataille de tous les acteurs de l’écosystème des technologies de l’information et de la communication. Si la Connexion Internet par fibre optique bouscule le marché, la niche satellitaire ne compte pas céder face à cette compétition sans merci. Actrice majeur de ce segment en Afrique, Alink Telecom compte retrouver sa place de leader dans cette bataille pour le repositionnement du satellite. Sakarya KONE qui vient d’être porté à la tête de la Direction Générale de cette Multinationale Panafricaine, va, avec des idées fraîches, impulser une nouvelle dynamique. Symbole d’une transition générationnelle, comme indiqué dans cette interview exclusive accordée à Allafrica.com, en marge du Connecting West Africa, le 10 Juin 2015 à Dakar, M. KONE ambitionne de débuter sa vision par la reconquête de la place numéro un au niveau africain.

1- Vous venez de prendre les reines d’Alink Telecom. Le passage de témoin s’est déroulé à Dakar en marge du ConnectingWest Africa 2015. Quel est le sentiment qui vous anime ?

Je tiens à remercier les actionnaires du Groupe Alink Telecom pour cette nomination. C’est un sentiment de fierté et de joie qui m’anime tout en mesurant la portée de la responsabilité pour la conduite des activités du Groupe Alink Telecom.

2- Est-ce qu’on peut avoir une présentation d’Alink Telecom ?

Alink Telecom est une entreprise panafricaine présente dans 13 pays d’Afrique. Elle est spécialisée dans l’intégration des solutions IP via notre réseau MPLS, permettant de délivrer tous les services basés sur le protocole TCP/IP, notamment la fourniture d’accès internet stable, fiable, avec un taux de disponibilité de 99,97% minimum, puis l’interconnexion d’entreprises multinationales. Via notre réseau MPLS, nous pouvons interconnecter l’ensemble des sites d’un groupe bancaire, d’une société d’assurances et de réassurances à son Datacenter à laquelle leurs filiales doivent se connecter. Grace à notre réseau stable, fiable et moderne, nous sommes en mesure de fournir ce service avec une QOS au standard international. Egalement, nous sommes partenaire SAP, entreprise (leader mondial), éditeur de Progiciel Intégré, permettant de fournir des informations exactes et le plus rapidement possible, d’où le choix du partenariat de Alink Telecom avec SAP. Vivant dans un contexte de mondialisation, de fusion des entreprises et de concurrence, les entreprises veulent augmenter leur productivité, leur efficacité et leur marge de profit afin de rester compétitives.

Pour cela les décideurs ont besoin d’avoir une visibilité en temps réel sur l’état global de la société qu’ils dirigent. Étant amené à prendre des décisions stratégiques, ils ont besoin d’outils d’aide à la décision fiables.

Pour revenir à notre réseau global moderne, nous sommes fiers d’annoncer que nous délivrons en dehors du continent africain. Nous avons des partenaires en Chine, au Royaume-Uni, aux États Unis. Nous sommes interconnectés avec tous les gros opérateurs. Ce qui veut dire que via notre réseau unique, nous pouvons délivrer le service sur l’ensemble des continents grâce à notre réseau de partenaires. Alink Telecom, faut-il le rappeler, c’est 20 années d’expériences. Nous avons un savoir être, de la capacité et un savoir-faire en Solutions IP.

3- Quel est votre positionnement dans le marché africain ?

Initialement, nous étions leader sur le marché africain mais pour des raisons d’organisation interne, nous avons un peu marqué le pas ces dernières années. Nous travaillons pour retrouver ce rôle de leader au niveau ouest africain.

4- Quelle touche nouvelle allez-vous apporter dans le management de cette multinationale panafricaine ?

Je dirais ceci. Je viens avec simplicité et humilité. Je travaillerai à créer un environnement réceptif consistant simplement à mettre tous nos collègues à l’aise.

5- Quelle lecture faites-vous de l’évolution du marché des télécommunications, et particulièrement le segment satellite en Afrique?

Le marché des télécommunications pour ce qui est du Transport des Données, aujourd’hui, se résume à la fibre optique. Il y a plusieurs câbles sous-marins. Néanmoins, les liaisons satellitaires ont encore de beaux jours devant eux. Il existe encore des zones dont l’accès à Internet et la transmission des données restent difficiles. Dans certains pays, même si la fibre optique y arrive, le coût du mégabit reste encore un peu élevé. Les liaisons satellitaires permettront aujourd’hui et les années à venir de faire des interconnexions de réseaux bancaires. Nous en avons déployé dans un certain nombre de pays notamment au Burkina Faso, au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Niger. Les liaisons satellitaires resteront pour longtemps un support de communication, un support de transmission d’informations fiable, et stable.

6- Quels sont les investissements que vous comptez réaliser pour retrouver cette place de leader dans le marché africain ?

En marge du Forum Connecting West Africa Dakar 2015, nous avons signé un contrat extrêmement important (le mardi 9 juin 2015, ndlr) avec une compagnie leader dans le monde en termes d’interconnexion fibre optique, en termes de wholesale. Ce partenariat est noué pour le renforcement de notre réseau MPLS. Il existe déjà mais il ne faut pas dormir sur ses lauriers. Ce type de partenariat avec à la clé la formation et le transfert de compétences nous permettra de retrouver cette position de leader dont nous avons parlé au début de notre entretien. Cette vision ne se limite pas à un slogan mais en réalité il y a un contenu. Je ne peux pas dévoiler le montant du contrat mais globalement avec ce type de partenariat stratégique, nous pouvons légitimement dire que nous allons à la reconquête de cette première place. Nous sommes réalistes et en même temps très ambitieux.

7- Quels sont les segments sur lesquels, vous rencontrez beaucoup d’obstacles ?

Avec notre capitale expérience, on ne parlerait pas de difficultés. Il y a quelques étapes à franchir mais cela fait partie du charme du métier. Il faut suggérer à l’endroit des autorités de régulation qu’elles se penchent sur certaines législations. Une démarche qui permettrait de délivrer davantage le service internet aux populations. Pour cela, je veux évoquer la problématique de la licence d’infrastructure fibre optique. Les licences de cette catégorie délivrées aujourd’hui à des opérateurs est une excellente chose. Mais ce serait également bien de regarder si le marché peut être ouvert pour que des entreprises comme la notre puissent avoir leurs infrastructures fibres optiques. C’est des investissements importants qui ne viennent pas en compétition avec l’existant, mais il vient renforcer les infrastructures déjà opérationnelles. Cela élargit les canaux de transmission d’information In fine c’est le client qui gagne. Ce sont nos parents en milieu rural, dans les exploitations agricoles qui en tireront profit. C’est le message que je lance à l’endroit des autorités de régulation pour qu’ils soient plus regardant sur ces aspects là. Il faut que ces licences-là soient attribuées. Nous, avons fait des démarches dans certains pays mais les dossiers n’ont pas été traités avec « célérité » comme on l’aurait souhaité. D’où ce clin d’œil à nos autorités de régulation. Ce qui participerait à démocratiser davantage l’usage des services abrités derrière l’IP.

8- Au terme des deux jours de Connecting West Africa, quel bilan tirer sur le plan des perspectives pour le secteur des télécommunications en Afrique ?

Ce type de rencontres est à multiplier. Elles permettent en deux ou trois jours de voir tous les acteurs, nouer des partenariats. On peut signer un contrat lors de ce Forum, au lieu de prendre un avion pour aller au Royaume-Uni, à Paris. Ce genre de Forum permet d’avancer plus rapidement sur des sujets évoqués, des situations qui se débloquent, des contrats signés, de nouveaux partenariats qui se nouent. D’où un message de félicitation à l’endroit des organisateurs pour leur dire de continuer ainsi. C’est de cette manière que le continent rattrapera son retard dans les TIC et accélérera son processus de développement humain.

9- Après les régulateurs et les opérateurs, quel est votre dernier mot à l’endroit des consommateurs africains ?

Je leur dirai que je suis très optimiste car nous avons fait les mêmes écoles que ceux des pays qui ont une certaine longueur d’avance. Grâce à ce type de Forum, grâce à la vision, au dynamisme et à la clairvoyance de certains de nos ainés, je pense que l’écart dans la fracture numérique sera réduit dans des proportions raisonnables. Je ne pourrais pas dire que cela va se faire dans une dizaine ou une quinzaine d’année mais en travaillant de la sorte, je pense qu’on va y arriver. Je suis très confiant en tout cas!

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