Le Sénégal est le premier pays d’Afrique de l’Ouest à adopter et promulguer une loi globale sur le Waqf qui est un instrument de solidarité islamique. Compte tenu des résultats enregistrés dans le monde, cet outil est perçu comme un moyen de lutte contre la pauvreté par la redistribution des richesses.
Le 06 mai 2015, le chef de l’Etat sénégalais a promulgué la loi portant sur le Waqf que l’Assemblée nationale avait adoptée en sa séance du vendredi 24 avril 2015. Une ère s’ouvre dans le pays qui s’offre également un nouvel outil de lutte contre la pauvreté et de développement économique.
Instrument de solidarité islamique, le Waqf est défini comme étant une donation faite à perpétuité par un particulier à une œuvre d’utilité publique, pieuse ou charitable. Le droit musulman renseigne que « le Waqf est tout bien dont la nue-propriété est immobilisée à perpétuité ou à temps et dont la jouissance est affectée à une œuvre de charité et de bienfaisance publique ou privée ».
L’ONG Secours Islamique France, pour sa part, souligne que le Waqf est un don à long terme, une aumône continue dont les bienfaits perdurent, même au-delà de la vie du donateur. Pour cette organisation, c’est une lueur d’espoir pour les plus démunis qui aspirent à un avenir meilleur.
Important pour que le Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan du Sénégal (MEFP) organise, le mardi 14 juillet 2015 à Dakar, à l’intention du Collectif des journalistes économiques du Sénégal (COJES), une matinée d’information sur cet outil. Une activité qui débute la mise en œuvre d’un plan de communication national sur le Waqf.
A l’occasion, le directeur de cabinet dudit ministère, M. Al Ousseynou Diallo soulignait que l’atelier avait pour objectif de sensibiliser les journalistes sur le Waqf, son importance, son intérêt dans le développement socio-économique et le cadre légal qui le régit dans le pays.
Le produit a fait ses preuves dans le monde. En Iran, l’actif du Waqf était estimé à huit millions de dollars en 1999. La même tendance est observée dans des pays comme la Malaisie, le Maroc.
La Guinée a marqué son intérêt par rapport à l’outil avec un projet de bulding réalisé sous forme de Waqf à hauteur de 2,976 millions de dollars.
Entre autres pays africains cités en exemple, figurent le Soudan et l’Ile Maurice qui ont adopté une loi sur cet instrument de la finance islamique.
Le Sénégal a embouché la même trompète en étant le premier de l’Afrique de l’Ouest à adopter et promulguer, le 06 Mai 2015, une loi sur le Waqf. Le directeur de la monnaie et du crédit du MEFP, Mme Oulimata Diop, renseigne que cette loi remonte en 2011 suite à un partenariat signé entre l’Etat du Sénégal et la BID pour la modernisation des daaras ou écoles coraniques du Sénégal, d’un coût global de 10 millions de dollars avec une contribution de 80% de la Banque Islamique de Développement (BID).
Le pays s’est beaucoup inspiré du modèle marocain mais adapté à son contexte national.
Selon le docteur en finance islamique, M. Abdou Karim Diaw, « le Waqf est un puissant outil de lutte contre la pauvreté et offre d’énormes opportunités pour le Sénégal». Du moment que les mosquées, des écoles, hôpitaux et beaucoup d’investissements ont été réalisés sur la base du Waqf mais à l’absence d’un cadre juridique réglementé.
C’est ainsi que la Haute Autorité du Waqf qui sera prochainement mise en place se chargera de contrôler les trois types de Waqf régis par la loi sénégalaise que sont le privé, le public et mixte.
Relevant la dimension économique de l’outil, M. Diaw de préciser que le financement peut se faire à partir des institutions islamiques, les marchés financiers, les particuliers et les entreprises.
Le directeur de la monnaie et du crédit du MEFP, Mme Oulimata Diop de rassurer que le Sénégal a pris toutes les dispositions nécessaires notamment sur le plan fiscal, réglementaire, entre autres, pour que le Waqf puisse éclore dans le pays.