Mali: Une réconciliation qui passe par la justice rendue aux victimes

La réhabilitation du patrimoine culturel de Tombouctou est crucial pour le peuple du Mali , pour les résidents de la ville et pour le monde .
22 Juillet 2015
interview

Présent au Sénégal à la conférence internationale commémorant la journée de la justice pénale internationale, organisée par La Cour Pénale Internationale, le président de la Coalition Malienne des Défenseurs des Droits de l’Homme (COMADDH) Mohamed El Moctar Mahamar s’est exprimé dans une interview à Allafrica sur les droits de l’homme au lendemain de la crise malienne.

Le Mali a connu une crise qui connait son épilogue. Quelles ont été les violations commises en matière des droits de l’homme durant cette période?

Il y a eu des violations dans les domaines : sociopolitique, socioculturel et autres. Tous les droits ont été bafoués avec la crise que le pays a connue. Pour nous ce qui est important en matière de droits humains est que les victimes obtiennent réparation. Un processus qu’il faut dissocier des réalisations culturelles.

En parlant de culture, les mausolées de Tombouctou viennent d’être restaurés par l’Unesco. Qu’est ce que cela vous fait ?
Cette action est louable et nous ne pouvons que saluer cette initiative. Cela montre la solidarité de la communauté internationale à accompagner le Mali. Nous sommes satisfaits des travaux qui ont été faits. Mais nous pensons que cela doit se faire sur l’ensemble du territoire, parce que ce n’est pas seulement à Tombouctou que les dégâts ont été commis.

Comment vous organisez-vous en tant que président du COMADDH pour permettre aux victimes de la crise d’obtenir réparation des dommages subis ?

A ce niveau nous faisons un travail remarquable, en premier lieu le monitoring de l’ensemble des violations commises, le lapping des organisations des victimes et nous avons engagé une action de plaidoyer en remettant un document sur les violations, que nous avons remis au premier ministre de l’époque et souhaitons que cela soit versé dans les dossiers quand le processus vérité, justice et réconciliation va débuter ses travaux de façon effective.

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Nous travaillons en sorte que les textes qui existent sur les indemnisations puissent couvrir l’ensemble du territoire national, nous travaillons à sécuriser davantage les défenseurs des droits de l’homme par rapport au travail qu’ils réalisent sur terrain. Nous nous activons à rédiger des textes pour la protection des témoins, qui souvent sont retissant à témoigner faute de protection. Au niveau de la justice, nos œuvrons afin que les tribunaux se saisissent des actes qui ont été commis, dont près de quatre vingt dossiers de victimes sont devant la justice.

En faveur de l’accord de paix et de réconciliation, nous travaillons de manière à ce que les crimes commis restent imprescriptibles, que les auteurs puissent répondre. Nous travaillons au niveau des trois entités judiciaires notamment la justice, institutionnelle, pénale internationale et transitionnelle afin qu’elles puissent opérer ensemble et toucher l’ensemble des violations de manière à ce que la réconciliation se fasse dans une approche de respect des droits des victimes de l’ensemble de la population. En bref nous travaillons lentement mais surement.

En matière des droits de l’homme, quelles sont les leçons que vous avez tirées de la crise ?

Lorsqu’il y a conflit il y a de nombreuses violations : les viols, des enfants forcés à prendre les armes et autres. Les leçons que nous avons tirées sont assez nombreuses : Les faiblesses de la justice nationale à faire face aux violations massive et grave, le besoin des acteurs de la chaine pénale à faire face aux enjeux et défis, La formation de la police judiciaires afin d’enquêter de façon massive et efficace, un besoin de coopération entre la justice et la société civile.

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