C'est sur des messages forts que s'est ouvert le colloque sur « Paix et Islam », ce mardi 28 juillet à Dakar.
Venu présider le début des travaux, le président de la République du Sénégal, Macky Sall, co-parrain de cet événement avec le Roi du Maroc, Mohamed VI, a servi un message de paix et de tolérance dans un ton ferme à l'endroit des acteurs du terrorisme.
« Il n'y a pas de dialogue possible avec les terroristes ». C'est le message de fermeté par lequel le président de la République du Sénégal, Macky Sall a ouvert le colloque international sur la Paix. Une manière d'avertir les « fous de Dieu » ou groupes armés qui véhiculent des messages troublant ainsi le sommeil des populations africaines.
Le chef de l'Etat sénégalais considère que la situation qui sévit actuellement au Nigéria et au Mali était inimaginable il y a quelques années. Ce qui, à son avis, « confirme que le danger est parmi nous et il faut une forte mobilisation et l'engagement de tous ».
Macky Sall s'offusque du fait que beaucoup d'instigateurs qui véhiculent une certaine forme d'islam ne sont mus que par des intérêts et profitent parfois de cette situation pour exercer des activités illicites comme le trafic de drogue. A son avis, certains veulent prendre la religion en otage.
Il appelle ainsi à revoir certaines pratiques religieuses notamment la formation et l'enseignement dans ce sens. Pour lui, « l'Afrique a besoin d'exercer son islam sans pression aucune ».
Dans des habits d'érudit, le président de la République convoque certains versets du coran pour appeler à la mobilisation et la promotion de la paix, comme le stipule la religion musulmane.
Il faut rappeler que cette conférence est à l'actif de l'Initiative de Médina Baye pour la Paix. Cette première édition est co-parrainée par le Roi Mohamed VI du Maroc et le président Macky Sall du Sénégal qui se sont vus décerner des prix Cheikh Ibrahima Niass pour la Paix.
Le président du Nigéria, Muhamed Bouhari a également été représenté à cette rencontre ainsi que l'église. Ce qui, selon le président Sall, confère une véritable dimension à cette rencontre et renvoie à la vitalité du dialogue islamo-chrétien au Sénégal.
Des prix spéciaux pour la paix ont été remis à des personnalités religieuses pour magnifier leur engagement dans la consolidation de la paix au Sénégal et dans le monde islamique.
Des résolutions et recommandations fortes attendues du colloque de Dakar
Analysant la situation géopolitique actuelle à travers sa communication sur « Islam, tolérance et démocratie : réflexions sur le parcours du Sénégal », le professeur titulaire de la Chaire Islam et Sociétés musulmanes contemporaines de l'Université d'Harvard, M. Ousmane Kane, interpelle : l'islam est-elle compatible avec la violence ? Non s'est-il exclamé ! Il traduit l'encrage de la violence dans beaucoup de pays africains par la sédentarisation de milliers de musulmans dans le Sahel ainsi qu'une sorte d'exclusion dont ils sont victimes.
Une situation qui va conduire à la militarisation de groupes comme Boko Haram au Nigeria, le Mouvement Azawad ainsi que les Touaregs au Mali…plongeant ainsi l'Afrique de l'Ouest dans une insécurité totale.
Dans cette dynamique, le Sénégal est cité comme un cas d'école avec son vécu démocratique et stabilité sociale.
Le colloque sur « Paix et sécurité » qui prend fin ce mercredi 29 juillet à Dakar ne compte pas être une rencontre de plus. Selon le président de la Jamhiyatu Ansaarud-Dîn du Sénégal (JAD), Cheikh Mouhamed Khouraichi Ibrahim Niass, des résolutions fortes sont attendues à l'issue de ces deux jours de rencontre pour « apaiser les tentions qui secouent le monde et l'Afrique, en particulier ».