L'implication de la Communauté de Médina Baye du Sénégal, est vivement souhaitée dans la résolution de la crise contre Boko Haram.
Cette confrérie qui compte beaucoup de disciples au Nigéria est réputée dans son implication dans la recherche de la paix dans de nombreux conflits religieux voire ethniques en Afrique.
La confrérie de Médina Baye du Sénégal est présente dans tous les Etats du Nigéria où elle compte beaucoup de disciples. Un atout qu'imams, érudits, universitaires, intellectuels veulent utiliser comme levier dans la recherche de la paix dans les zones menacées par la secte terroriste Boko Haram. Un appel qui fait suite à ses nombreuses interventions dans la recherche de paix dans des zones de conflit comme le Soudan, la Côte d'Ivoire, le Mali et partout en Afrique de l'Ouest, entre autres.
Lors du panel sur « Les menaces contre la paix : extrémisme et terrorisme » tenu le mercredi 29 juillet, dans le cadre de la Conférence internationale sur « Paix et Islam », les participants ont vivement souhaité l'implication de la Communauté de Médina Baye dans la recherche de solutions. Une démarche qui passerait par la sensibilisation, la conscientisation et le renforcement de l'éducation auprès de leurs disciples sur les enseignements du fondateur de Médina Baye (à Kaolack, Sénégal) qui a prôné la paix durant tout son parcours. Au Nigéria, la famille Niassène est l'une des rares privilégiés à échanger avec le Mufti, qui est une personnalité religieuse, ainsi que l'Emir de Kano.
Cette démarche devrait s'étendre au Cameroun où, selon un étudiant ayant pris part à la conférence de Dakar, Boko Haram a pu, en une semaine, recruter près de 500 jeunes à raison d'une rémunération de 100 mille francs Cfa par jour. De futurs candidats au terrorisme qui, à l'en croire, avec leur motocyclette n'avaient qu'un revenu de 2000 F Cfa par jour. Ce qui met sur la table la question de la pauvreté.
La pauvreté comme racine du mal
Lutter contre le terrorisme revient, selon les participants de la conférence « Paix et Sécurité », à attaquer le problème par la racine. Ils recommandent d'abord de prendre le taureau de la pauvreté par les cornes en réorientant l'aide au développement surtout venant des pays arabes. Analysant cet aspect de l'aide destinée aux pays africains, ils estiment que les pays du Golfe ont pendant longtemps fait fausse route en versant de l'argent à des gens qui ont toujours prôné l'extrémisme.
A leur avis, pour éradiquer le terrorisme, il faut lutter contre l'exclusion, la marginalisation et que les gouvernements veillent à la redistribution équitable des ressources.
L'islam l'antidote contre le terrorisme et l'extrémisme
Comment combattre le terrorisme qui a sali l'image de l'islam ? C'est en répondant à ces questions que les panélistes de la conférence « Paix et Islam » ont montré que la lutte contre le terrorisme n'est pas seulement l'apanage de l'Etat.
Face à l'ampleur du phénomène, le Docteur Cheikh Kamal Mouhamed Ali du Nigéria estime que les dirigeants musulmans doivent faire une autocritique sur leur démarche. D'après lui, les savants doivent se rencontrer régulièrement pour plancher sur la question et éviter des solutions à pied levé. «Il y a la mission de montrer que l'islam reconnait toutes les religions et qu'il peut exister une coexistence entre musulmans et non musulmans ».
Mouhammed Salifou Soufi, Directeur Général de l'Institut Culturel Afro-Arabe de Bamako, Mali, pour sa part, juge qu'il faut donner le « vrai visage » de l'islam. « On doit montrer aux jeunes qu'il n'y a qu'une seule et unique islam. Il faut également une évaluation sur le rôle joué par l'Afrique et le monde occidental arabe sur la construction du pont pour la paix ».
La conférence juge malheureux le fait que le terrorisme, tel que défini actuellement dans le monde, a beaucoup de connotations avec l'islam qui rejette la violence et prône la tolérance. Devant cet état de fait, le Dr Busoery Alaji Muritala de l'université de Lagos, Nigéria pense le monde interpelle la oumma islamique à travailler en synergie « pour retourner vers Allah afin de faire face à ces défis ».
Sur cette lancée, un appel a été lancé, surtout aux médias occidentaux, pour qu'ils fassent attention à l'utilisation de termes comme le djihad qui, contrairement au terrorisme, consiste à « élever la voix de Dieu et permettre aux musulmans de pratiquer leur religion. Il était ordonné en cas de légitime défense ». Pour lui, « porter des armes pour renverser un Etat ou un régime politique est considéré comme de la désobéissance et c'est contraire aux recommandations de l'islam ».