En vue d'unir leurs efforts pour stimuler le commerce et l'investissement intra-régional, 26 pays africains se sont récemment convenus d'établir une zone de libre-échange tripartite (TFTA) d'ici Janvier 2016.
Ces accords comprennent la Communauté de l'Afrique de l'Est (East African Community), le Marché commun pour l'Afrique de l'Est et Australe (COMESA) et la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). Avec une population totale de 638 millions de personnes et un produit intérieur brut (PIB) total de 1,2 milliards USD, ces accords vont créer la plus grande zone de libre-échange de l'Afrique.
Dans l'un des articles précurseurs qui analysent les avantages potentiels de ces accords tripartites, les économistes de la CEA, M. Andrew Mold et M. Rodgers Mukwaya suggèrent que les accords de libre-échange pourraient stimuler le commerce intra-régional de 8,5 milliards de dollars. Particulièrement intéressant est le fait que les secteurs économiques les plus susceptibles d'en bénéficier sont les secteurs industriels - par exemple les usines de transformation alimentaires, l'industrie légère et l'industrie lourde, tout en fournissant un élan important à l'industrialisation régionale. Les auteurs supposent également que, si l'élimination des droits de douane est accompagnée de mesures visant à éliminer les obstacles non tarifaires et à pallier aux déficits d'infrastructure, les gains potentiels pourraient être beaucoup plus considérables.
Les accords de libre-échange pourront augmenter le bien-être régional par 2,4 milliards de dollars américains, avec les consommateurs sud-africains étant parmi les principaux bénéficiaires. Les autres bénéficiaires principaux sont l'Angola, RD Congo, la Tanzanie et l'Egypte.
La publication de Mold et Mukwaya évoque également la crainte liée à la production industrielle qui ne se concentrerait que dans les pays avec les plus hauts niveaux de productivité - à savoir, l'Egypte et l'Afrique du Sud.
Les résultats des simulations suggèrent que ces craintes sont exagérées, compte tenu du peu de preuves de la concentration des industries dans ces grands pays, et des changements marginaux dans la production industrielle des grands pays de la région - en Afrique du Sud et en Egypte la production augmente respectivement de 0,21 pour cent et 0,06 pour cent.
Pourquoi le changement de la production en moyenne est-il si modeste? Même après l'élimination des taxes de douane sur le commerce intra-régional, les résultats des simulations suggèrent que le niveau du commerce sera toujours relativement faible (à peine 12 pour cent du total des échanges). Et parce que, à l'exception des activités exportatrices de matières premières, la production dans de nombreux secteurs est toujours relativement faible. Cela implique que des modifications tarifaires sur le commerce intra-régional seul ont un potentiel relativement limité pour changer le modèle global de commerce. Cela en soi devrait apaiser les craintes d'une concentration spectaculaire de l'activité industrielle par le biais de l'élimination des taxes sur le commerce dans la zone de libre échange. Mais il met également en évidence le fait que l'on devra en faire davantage, au delà de la suppression des barrières tarifaires, en vue d'encourager à la fois l'industrialisation et le commerce intra-régional.
Cependant, il est important de noter que les résultats dépendent de la mise en œuvre complète de la zone de libre-échange, et découlent sur la résolution des questions en suspens telles que les règles régionales d'origine.
Les questions de ce type doivent être résolus si les accords de Libre-échange doivent atteindre leur plein potentiel. Néanmoins, les recherches de Mold et de Mukwaya montre que ces accords fournissent une excellente occasion pour les pays de la région afin d'accroître leur commerce intra-régional, et créer un marché plus attrayant à la fois pour les investissements étrangers et domestiques. Ceci est une occasion à ne pas laisser passer.
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